Le général en retraite Khaled Nezzar : «l’armée algérienne ne bloque pas un règlement au Sahara»
Le général en retraite Khaled Nezzar et ancien ministre algérien de la Défense a souligné, hier, dans un journal algérien, que ce n’est pas l’armée algérienne qui bloque un «règlement politique» au Sahara. «Ici et là, on a dit et répété que c
«Les militaires algériens n’empêchent pas les politiques de trouver une solution de sortie honorable à l’impasse où les politiques ont fourvoyé leurs peuples», a-t-il poursuivi, en se demandant si, de toute manière une «solution pacifique est inéluctable», pourquoi ne vaut-il pas mieux la «trouver tout de suite ?». «Les politiques n’ont pas su trouver une solution depuis trente ans; qu’ils ne cherchent pas des boucs émissaires. Toute politique courageuse est toujours douloureuse», a-t-il dit. Comme le journaliste a estimé que la position du général Nezzar (qui avait déclaré, lundi dernier à «La Gazette du Maroc» que l’Algérie n’a pas besoin d’un nouvel Etat à ses frontières) est quand même un lourd pavé dans la mare, l’ancien ministre de la Défense a rétorqué: «Quelle mare ? la mare des eaux stagnantes où, parce que les politiques n’ont jamais voulu écoper, les peuples de la région se sont retrouvés englués dans la vase ?»
Le général Nezzar a estimé que le conflit du Sahara fait partie de cette «confrontation qu’une mauvaise décolonisation a rendue inévitable» et que «les arrière-pensées et les bas calculs ont érigé ce territoire en abcès de fixation pour «occuper» durablement des énergies et les empêcher de s’investir dans des domaines plus profitables aux peuples».
Il a ajouté que ce théâtre d’opérations, dont on a dit qu’il mettait aux prises l’Algérie et le Maroc par Sahraouis interposés, a pendant longtemps caché des querelles plus anciennes, plus vastes, plus stratégiques» et qui ressemble à ces sommets d’icebergs qui émergent au dessus de «masses immergées».
«Certains ont pu s’étonner des apparentes incohérences de la position algérienne» avec «sa vocation unitaire (qui) est de prendre paradoxalement le parti du morcellement et de la désunion», a-t-il poursuivi.
«L’Algérie, disaient ces bonnes âmes, forte d’une guerre de libération aboulie, d’une idéologie généreuse, ayant bénéficié de la solidarité de ses voisins, est devenue soudain oublieuse, ingrate, cynique et égoïste et se trouve en contradiction scandaleuse avec ce qu’elle appelait bien de ses voeux: l’Unité du Maghreb», puisque, a-t-il enchaîné, «l’aide qu’elle a apportée aux sahraouis étant -selon eux- la meilleure façon d’empêcher l’union maghrébine».
Il a rappelé que les «Algériens se souviennent d’Isly, des paix séparées sur leur dos, de l’avion des cinq, de la guerre des sables, d’Amgala, des
agents infiltrés dans la FIDH et qui ont soufflé leurs leçons à François Geze et à Habib Souaidia» mais «ils se souviennent aussi de la fraternité, de l’hospitalité et des sacrifices du grand peuple marocain pendant les années de braises, c’est cela l’important. le reste ! qu’importe tout le reste», a-t-il affirmé, faisant remarquer que «les autres en face sont décidés à ne plus faire dans le détail» et «nous forcent à nous retrouver dans le même bord, à être nous-mêmes. Ils ne voient pas de frontières qui nous séparent et qu’ils ont eux-mêmes tracées».
Le général Nezzar a suggéré qu’au moment où le Monde arabe est confronté à une crise dont nul ne sait encore ce qu’il en sortira et au moment où un séisme dévastateur est en train d’ébranler tous les socles et toutes les certitudes, «il est temps de se remettre en cause et d’appréhender autrement notre environnement».
«Alors, suggère-t-il, tirons nos propres conclusions et retrouvons-nous. Profitons que l’épée de Damoclès qui est au dessus de nos têtes ne soit pas encore tombée pour nous rapprocher et pour nous préparer à faire face».