Le parc de la Ligue Arabe : un monument en déperdition
La désolation. C’est certainement le mot qui vient à l’esprit en se promenant dans le parc de la Ligue Arabe à Casablanca, le seul grand jardin de la métropole et son poumon.
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LE MATIN
23 Août 2003
À 16:47
Il faudrait un jour que les élus locaux qui se sont succédé depuis le milieu des années 70 jusqu’à présent, aux affaires communales, expliquent aux Casablancais, comment cet espace de détente et de promenade, situé au cœur de la commune la plus riche de la ville, et à proximité de la résidence de la Communauté urbaine et de la wilaya, s’est transformé peu à peu , au fil des ans, en un lieu de dépérissement, une sorte de terrain vague de plus en plus envahi par les mauvaises herbes et les ronces, où des sans-abris viennent trouver refuge.
Dans les années 80, on a évoqué le conflit de compétence et de paternité entre la Communauté urbaine et la commune de Sidi Belyout, pour expliquer l’incapacité des uns et des autres à agir en vue de sauver la situation.
Depuis, le conflit a été résolu en faveur de la Communauté urbaine. Etait-ce la fin des malheurs du Parc? Non. De lieu d’abandon, il est devenu égalemet un dépotoir à tout venant, à commencer par les cafés qui s’alignent sur ses bords et qui ont fini d’obstruer la vue.
Il y eut des changements au cours de ces deux dernières années cependant. L’effet Benhima, alors wali de la ville ou efforts conjugués des differents intervenans? On voudrait bien espérer que ce soit l’un et l’autre. En tout état de cause, des mesures ont été prises depuis: la vue de la Casablancaise a été dégagée, l’Eglise Sacré-Cœur réstaurée, et une clôture ceinture aujourd’hui cette partie du parc, en attendant le reste. Depuis on attend.
Or, le maintien d’un parc, et de surcroît, de celui de la dimension de la Ligue Arabe qui s’étend sur plusieurs hectares, est une véritable entreprise de tous les jours.
D’après un responsable technique, interviewé, il y a quelques années, sur le sujet, il faudrait au moins une dizaine de jardiniers qualifiés pour entretenir ce parc sans compter le personnel de gardiannage, de l’encadrement de paysagistes et de la logistique nécessaire. Ce qui suppose un budget consistant et régulier de la part des autorités de la ville. La réalité est tout autre, affirme ce responsable, on dispose de peu de moyens et de personnel. Lui-même paysagiste, ce responsable tenait son bureau dans une dépendance où gisaient quelques brouettes et de bêches en guise d’outillage. La situation a -t-elle changé depuis? Y a-t-il eu un sursaut de conscience de la part des autorités compétentes pour sauver ce monument qui, jadis faisait la fièrté de notre ville?
Nous voudrions bien le croire.
Nous voudrions surtout espérer que la sauvegarde du Parc de la Ligue Arabe soit l’un des thèmes centraux du débat qui s’ouvre bientôt à l’occasion des élections communales de septembre.