Spécial Marche verte

Le phare de Sidi Bouafi redevenu sanctuaire à El Jadida

C'est la lumière du phare d'El Jadida qui figure sur toutes les cartes marines sous le nom de Sidi Bouafi.

31 Juillet 2003 À 18:38

Au dire des bourlingueurs, en quittant l'archipel des Açores vers les côtes atlantiques marocaines ou d'Europe méridionale, trois points de repères nous guident pour arriver à bon port : le phare du cap Saint-Vincent au Portugal, celui du Trafalgar en Espagne et, enfin, le phare de Sidi Bouafi au Maroc.

Ces trois phares forment un triangle - tout le contraire de celui des Bermudes - permettent aux bateaux de se positionner et de s'assurer du bon cap. On avait tenté l'appeler “triangle des hespérides” .

Selon la légende, les “Nymphes du Couchant" au nombre de trois qui gardaient les jardins des dieux, que la légende, situe dans la vallée du Loukkos. Situé à la pointe sud du triangle, le phare de Sidi Bouafi, qui a été construit de 1914 à 1916 par des prisonniers allemands sur le site le plus élevé du cap d'El Jadida à une hauteur au-dessus du niveau moyen de la mer, de 67,20 mètres, la hauteur de la tour est de 46 mètres et sa portée, par temps moyen, est de 30 miles marins d'une puissance d'éclairage équivalent à 250.000 bougies.

La révélation

Le tombeau de Sidi Bouafi, d'où le nom du phare en question, se trouve au centre d'un quartier de la ville, avant la sortie vers le port de Jorf-Lasfar.

La tour du phare se dresse à quelque dizaines de mètres du marabout Sidi Bouafi.
Elle est de section ronde qui diminue légèrement de la base au sommet. Sans vouloir remonter plus haut que les annales d'El Jadida, on peut dire que c'est une compagnie européenne (la Compagnie “Paquet" qui révéla, au siècle dernier, à l'attention du monde commercial européen et outre atlantique, le port d'El Jadida lorsqu'elle établit la première ligne de cargos sur les côtes atlantiques marocaines.

Une rade sûre

El Jadida, fermée par ordre des autorités marocaines à l'époque, après le départ des Portugais en 1769, avait pu rouvrir ses portes à une colonie juive d'Azemmour, venue s'installer en 1881.

Les premiers Européens ne vinrent s'établir dans la ville que quelques années plus tard. La ville fut l'un des premiers ports desservis par les compagnies européennes, en raison de la sûreté de sa rade qui n'était pas, comme les autres ports de la côte, gênée par les inconvénients de la barre. El Jadida ne tardera pas à devenir le centre d'un trafic important entre Marrakech et le sud d'une part, Marseille, Bordeaux et d'autres ports européens, d'autre part.

Tandis que ces deux villes importaient le sucre et la bougie par les bateaux de retour, elles exportent les céréales des Doukkala et de Marrakech. El Jadida fut, dans le temps, le véritable et l'unique port de la côte atlantique pour le transit avec l'intérieur. C'est là un fait historique rapporté par toutes les annales. Alors que les bateaux étaient réduits à faire le bouchon devant Casablanca pendant des jours et des semaines, le débarquement s'avérait à El Jadida en eau calme et dans des conditions de sécurité parfaite.

Cette situation est bien connue des vieux marins. Il se créa donc un courant commercial et maritime des plus actifs grâce aux circonstances favorables et à la richesse des Doukkala.

De nos jours, outre le rôle naturel qui lui revient, le phare de Sidi Bouafi remplit une fonction thérapeutique. En effet, parmi ses visiteurs, on compte nombre de femmes accompagnant leurs enfants au sommet du phare pour les guérir de la “coqueluche” en montant et descendant les 248 marches de la tour, et les vertus du marabout Sidi Bouafi aidant…
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