Le prix du kw/h passe de 0,80 à 1,43 DH : les commerçants brandissent la menace de grève contre les nouveaux tarifs d'électricité
La Lydec est dans le collimateur des commerçants et artisans de la métropole depuis l'annonce par l'entreprise de l'application du régime de tarif patenté pour tous les commerçants qui bénéficient du tarif domestique. Depuis, les associations et syndicats
LE MATIN
04 Novembre 2003
À 21:44
La décision de la Lydec d'appliquer un nouveau régime de tarif d'électricité, dit régime d'éclairage patenté, ne plaît pas aux commerçants et artisans de la ville. Ce nouveau régime fait passer le prix du kilowatt de 0,80 DH à 1,43 DH. Cette hausse substantielle est jugée aberrante et injustifiée par les commerçants d'autant plus que ces derniers avaient la coutume et ce depuis l'indépendance, de payer le même tarif que les ménages. Selon El Haj si Baha, président de l'Association professionnelle des commerçants, aucun texte de loi n'autorise à la Lydec de procéder à des hausses sans l'aval du gouvernement. Cette décision unilatérale reflète, dit-il, la volonté de Lydec, arrivée en 1997, de passer au-dessus de la loi appliquée depuis près de cinquante ans.
Devant ce fait, les commerçants brandissent la menace d'observer un mouvement de grève générale pour attirer l'attention des pouvoirs publics sur ce qu'ils appellent les dérives de la Lydec.
Ils estiment que l'application de ce nouveau régime risque de provoquer la mort subite du commerce intérieur sujet à plusieurs problèmes dont la concurrence déloyale du secteur informel.
Dès l'annonce de cette décision, plusieurs associations et syndicats de commerçants se sont réunis à plusieurs reprises à la Chambre de commerce pour adopter une stratégie en vue de défendre leurs intérêts. A l'issu de cette réunion, ils ont décidé d'observer un sit-in devant le siège de la Lydec. Cette décision a été remportée à une date ultérieure suite à l'intervention du wali du Grand Casablanca et des gouverneurs des provinces qui tentent une médiation entre les deux parties.
A ce propos, une réunion entre l'Association professionnelle des commerçants et le wali du Grand Casablanca est prévue le jeudi 6 novembre pour tenter de désamorcer cette crise qui risque de prendre des allures disproportionnées. L'affrontement entre les deux parties s'annonce déjà virulent puisque les commerçants sont déterminés à aller jusqu'au bout pour faire valoir leur droit. Ils menacent également de ne plus utiliser les frégirateurs pour conserver les produits périssables à des températures élevées. Conséquence, le consommateur risque de payer les frais de ce bras de fer en consommant des produits non conservés à des températures basses.
Contactée à ce sujet, la Lydec rejette catégoriquement l'idée de l'augmentation du coût de l'électricité. Il parle d'une opération de rectification du régime des tarifs en appliquant le régime d'éclairage patenté aux commerçants et artisans au lieu du tarif domestique. Cette décision, apprend-on, auprès de l'entreprise suite à une étude réalisée l'an passé qui fait ressortir que plusieurs commerçants bénéficient à tort du tarif domestique. Pour remédier à ces anomalies, elle leur a effectivement demandé de souscrire un nouveau contrat pour être en règle. Selon Mme Bouchera Ghiyati, responsable communication de l'entreprise, les commerçants ont fait une mauvaise interprétation de cette opération de rectification qui n'est pas en aucun une augmentation du coût d'électricité.
S'agit-il réellement d'une rectification ou d'une augmentation déguisée ? En tout cas l'affrontement entre les deux parties est encore à ses débuts et le risque d'une grève générale sont à l'ordre du jour sauf si la médiation des pouvoirs publics apporte ses fruits.