Les « petites histoires » de Carlos Sorin : un hymne à la vie simple
«Petites histoires», un titre évocateur que le cinéaste argentin, Carlos Sorin a choisi pour son film présenté au Maroc dans le cadre de la semaine du cinéma en espagnol qui s’est tenue du 1er au 6 octobre. L’initiative de l’Institut Cer
LE MATIN
07 Octobre 2003
À 20:15
L’histoire de Carlos Sorin est à ce propos particulière. «Historias minimas», ou petites histoires fait croiser les rêves, les illusions et les émotions de trois personnages choisis au hasard dans les vastes étendues de la Patagonie, dans un village au sud de Buenos Aires. Un homme d’abord, de 80 ans, Don justo, qui échappe à la vigilance de son fils et s’engage dans les routes désertes au prétexte de chercher son chien. Un homme qui, en fait, part à la rencontre de sa propre mort dans une quête de la paix de son âme.
Ensuite, Roberto, un commercial de 40 ans qui recherche les faveurs d’une jeune femme à qui il se préparait à faire la surprise d’apporter un gâteau d’anniversaire pour son fils. Un autre alibi pour cet homme ordinaire qui cultive l’ambition secrète de partager la vie de la jeune femme. Il traverse les kilomètres, à bord de «sa petite auto», en attendant de déclarer sa flamme et emporter le cœur de sa dulcinée.
Enfin, Maria Flores, une jeune femme de 25 ans qui gagne au tirage au sort d’une émission télévisée. Elle emprunte le bus, seul moyen de transport accessible à son pauvre budget, pour aller à la découverte du monde lointain et fascinant de la télévision.
Ces destins croisés sont racontés avec art par ce réalisateur de films publicitaires dans le civil. Carlos Sorin a choisi pour en rendre compte de faire jouer de vraies gens. L’improvisation, les gestes spontanés et simples des habitants de la Pantagonie, qui semblent raconter leur propre histoire rend l’œuvre émouvante. « Lorsqu’on s’arrête de filmer, les acteurs ne s’arrêtent pas car ils jouent en fait leur propre rôle dans la vie », aime à répéter le réalisateur.
«Historias minimas que le public découvrait en 2002, est le troisième film de Carlos Sorin. Auparavant, il avait réalisé «a pélicula del Rey» (Le film du Roi), sorti en 1986, puis «Eternas sonrisa de New Jersey» (Sourires éternels de New Jeresey) en 1989. Il attendra donc 12 années pleines avant de sortir sa dernière œuvre qu’il financera avec des fonds personnels. «J’avais une dette envers le cinéma», nous dit M. Sorin. Son travail dans le monde de la publicité accapare son temps mais lui offre, confie-t-il, le luxe de réaliser ses envies au cinéma. «C’est un film que j’ai fait pour moi-même. Je ne pensais pas qu’il sortirait du petit circuit de Buenos Aires», raconte le réalisateur.
Le film fit un tabac en Europe et remporta de nombreux prix, dont celui spécial du jury dans le prestigieux festival de San Sébastien en 2002. L’accueil du public pour ses œuvres, depuis le premier film qui fut un grand succès commercial et remporta le Lion d’argent au festival international du Cinéma de Venise, jusqu’à sa dernière création, donnent au réalisateur l’envie de continuer.
Carlos Sorin prépare aujourd’hui deux projets : «Le Chien», un film singulier qui se jouera presque sans acteurs et qui allie la magie de l’image au mystère d’une histoire peu conventionnelle, comme du reste l’ensemble de l’œuvre de Sorin. Une œuvre profonde qui rend compte de la vie complexe et riche des argentins. Une œuvre qui trouve dans «la crise que vit le pays un terrain à la fois fertile et stimulant».
Le deuxième projet raconte l’histoire d’un traducteur de poésie en Argentine. La crise d’identité, les frustrations de la vie des Argentins, les difficultés du quotidien sont les sujets favoris de l’œuvre de Sorin.
Des thèmes dramatiques qu’il film et raconte avec une approche qui allie humour et dérision. Les comédies de cet homme, qui dit se libérer de sa cage dorée dans le monde publicitaire lorsqu’il entreprend de faire des longs métrages pour le grand public, sont d’un type spécial. «La crise est grave et stimulante. De fait, on ne peut pas faire du cinéma conventionnel ou de commodité en Argentine», souligne-t-il.