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Les Etats-Unis appellent à l’aide… de l’ONU en Irak

L’Administration de George W. Bush a opéré un revirement en décidant de demander une nouvelle résolution donnant un plus grand rôle à l’Onu en Irak. Le Conseil de sécurité a, en effet, commencé hier ses consultations sur le projet de résolutio

La résolution américaine devrait permettre à davantage de pays de contribuer à l’effort de pacification en Irak

05 Septembre 2003 À 21:14

. De plus en plus confrontés à des difficultés croissantes en Irak, les Etats-Unis ont demandé, mercredi, à l’ONU la création d’une force multinationale.
Selon le projet de résolution, présenté aux pays membres du Conseil de sécurité, cette force multinationale, placée «sous commandement unifié», sera autorisée «à prendre toutes les mesures nécessaires pour contribuer au maintien de la sécurité et de la stabilité en Irak». Une telle démarche, à laquelle le Président George W. Bush a donné son aval, constitue un tournant pour Washington, jusqu’à présent très réticent à revenir devant le Conseil de sécurité pour demander de l’aide et reprendre des négociations avec des pays opposés à la guerre comme la France, l’Allemagne et la Russie. Le projet contient également des dispositions visant à inciter la communauté internationale à se montrer généreuse pour la reconstruction de l’Irak, dont le fardeau budgétaire commence à alarmer l’opposition démocrate et de nombreux membres du Congrès américain.

Cette résolution, si elle est adoptée, devrait permettre à davantage de pays de contribuer en troupes à l’effort de stabilisation, en plus des quelque 140.000 soldats américains et 20.000 hommes d’autres nationalités déjà présents. D’autre part, Washington voudrait également que l’ONU presse le Conseil de gouvernement irakien, mis en place sous la houlette américaine, d’élaborer un calendrier politique en vue d’une nouvelle constitution et de la tenue d’élections libres, afin de jalonner le retour du pays à une souveraineté normale.

Pour le Président français Jacques Chirac « ce projet américain est “assez loin de l’objectif prioritaire” de la France, à savoir “le transfert de l’autorité à un gouvernement irakien”.
Aux yeux du chancelier allemand Gerhard Schroeder aussi, ce projet n’est “pas suffisant” et ne va “pas assez loin”. Le chef de l’Etat français a indiqué que le projet de résolution allait “faire l’objet de discussions” et que la France en relation avec l’Allemagne “aurait l’occasion de présenter des amendements”. Compte tenu du sort qui sera réservé à ces amendements, la France arrêtera sa position au Conseil de sécurité.

Le texte américain ne paraît pas marquer un changement d’approche suffisant pour faire face à la situation de crise extrême en Irak. Paris estime qu’il est trop essentiellement axé sur la dimension sécuritaire et qu’il ne prend pas en compte les nécessités politiques de l’Irak. Selon la France, la remise rapide du pouvoir aux Irakiens est une condition fondamentale pour la réussite de la stabilisation de l’Irak, et le projet ne donne pas aux Nations unies le rôle qui devrait leur incomber dans ce processus.
En fait de rôle vital, les Nations unies doivent pour l’instant se contenter du cadre étroit offert par la résolution 1483. Celle-ci, votée le 22 mai dernier par le Conseil de sécurité, prend acte du rôle de la coalition réunie par les Etats-Unis pour intervenir en Irak comme «puissance occupante » et cantonne les Nations unies dans un rôle de coordination humanitaire et de conseil politique.
Selon les Américains, le nouveau texte soumis par les Etats-Unis et leurs alliés en Irak «viendra en complément et développera la résolution 1483 et permettra une participation internationale maximale ».

Encore menacées par le Président américain George W. Bush il y a quelques mois de devenir « inutiles » si elles refusaient de soutenir une intervention militaire en Irak, les Nations unies se retrouvent placées sur le devant de la scène.
Les difficultés rencontrées pour rétablir l’ordre depuis la chute de Saddam Hussein et le coût de la reconstruction du pays, meurtri par la guerre et plus d’une décennie de sanctions de l’Onu, ont amené l’Administration Bush à adopter un ton plus conciliant.

Pour l’instant, les quelque 140.000 soldats américains déployés en Irak ne recoivent le soutien que de militaires britanniques, polonais, espagnols et, à une moindre échelle, d’une dizaine d’autres pays.
Une nouvelle résolution permettrait d’élargir la participation internationale et de partager le fardeau financier de la reconstruction.
Jusqu’à aujourd’hui, Washington n’envisage pas pour autant une force internationale aux couleurs de l’Onu qui remplacerait les soldats américains en Irak.
Mais en décidant de demander une aide plus importante aux Nations unies en Irak, le Président Bush est parvenu à la conclusion que des Casques Bleus valaient mieux qu’un œil au beurre noir.

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