Les étudiants du Conservatoire jouent les grands classiques
A l'issue du stage du chant classique qui a été assuré depuis le 11 janvier par la cantatrice française Caroline Dumas en faveur d'un groupe d'étudiants au Conservatoire National de Musique et de Danse à Rabat, une audition a été donnée, lundi dernier, à
LE MATIN
21 Janvier 2003
À 21:23
Depuis son arrivée à Rabat, le 10 janvier dernier, Caroline Dumas, professeur à l'Ecole Normale de Musique de Paris, passait le clair de son temps à encadrer des jeunes étudiants au Conservatoire National de Musique et de Danse de Rabat.
Née à Casablanca et ayant vécu quelques années au Maroc, la cantatrice française se dit «redevable» au gouvernement marocain qui a financé, pendant 5 ans ses études musicales en France : «C'est parce que je me sens tout à fait redevable vis-à-vis de mon pays d'origine que je suis à Rabat. Je voudrais aider les jeunes talents marocains, les guider pour pouvoir se forger une carrière dans le monde du chant.
Grâce à cette master classe que j'ai assurée au conservatoire, j'ai pu rencontrer de très jolies voix, des jeunes chanteurs qui ne demandent qu'à travailler et qui n'ont pas, hélas, assez de débouchés sur Rabat. Je me propose donc de leur donner un coup de pouce par le biais des services culturels français et marocains pour qu'ils puissent continuer leur combat lorsqu'ils auront terminé leurs études.
Le stage n'est bien entendu, qu'un début : on n'apprend pas à chanter en 12 jours. Faire un chanteur est un travail de longue haleine puisqu'il s'agit de travailler sur l'instrument le plus difficile et le plus fragile à la fois : la voix», explique l'élève de Charles Panzera d'une voix émouvante.
Par ailleurs, ce n'est pas la première fois que «la femme à voix d'or» visite la capitale pour aider les jeunes talents. En 2000, lors de son séjour à Rabat où elle avait donné un concert au Théâtre National Mohammed V, Caroline Dumas a fait connaissance de deux jeunes cantatrices marocaines : Hiba Amenna et Assiya Alaoui qui l'avaient émerveillée par leurs voix «fraîches et séduisantes».
Soutenues par le ministère de la Culture au Maroc et les services culturels français, les deux demoiselles ont pu intégré l'Ecole Normale de Musique de Paris où elles continuent actuellement une sorte de perfectionnement.
Caroline Dumas souhaite que ses stagiaires puissent bénéficier du même soutien.
Soumia Fakher est l'une des étudiants qui ont bénéficié de ce stage. Pendant l'audition, où elle a interprété «Quella Fianna che M'accende» de Benedetto Marcello, elle a impressionné le public par son timbre pur et harmonieux, son legato et sa tenue de souffle : «On doit beaucoup à Caroline Dumas. Durant cette formation, elle a tout revu avec nous : la technique vocale, la diction, la respiration…On aimerait bien participer à d'autres masters classes avec elle».
Majid Benchellal est un étudiant architecte qui a pris part à cette audition. L'expérience est pour lui «très enrichissante» et il espère que d'autres initiatives de ce genre auront lieu dans le futur surtout avec Caroline Dumas dont il admire la méthode de travail : «ce qui est impressionnant chez cette professionnelle du chant est qu'elle va droit au but. Rien qu'en l'espace de 12 jours, on a beaucoup évolué. Elle a montré à chacun ses points faibles, ce qui est très instructif. Bref, c'est une expérience réussie».
Voyage musical
Caroline Dumas travaille actuellement sur le projet du spectacle «Ibn Batouta» dont la conception est l'œuvre de son mari César Velev et qui aurait lieu juillet prochain à Tanger, ville natale de l'explorateur et géographe marocain.
Il s'agit d'un voyage musical qui intervient à l'occasion du 700e anniversaire de la disparition d'Ibn Batouta et se propose d'abord de créer «une dynamique positive d'amitié, d'échange culturel et de fraternité» dans la ville. Ainsi, durant les 15 jours précédant la représentation, ateliers d'art plastique, de musique traditionnelle et de rock, des mini-spectacles de poésie avec des animations «portes ouverte» feront l'ambiance.
Cette grande opéra de sons et lumières sera faite de 4 actes dont chacun marquera une étape dans la série de périples entrepris par l'éminent voyageur.
Ainsi des extraits des opéras : «Carmen» de Bizet, «Turandot» de Puccin, «Aïda» de Verdi et «Le Désert» de Félicien, illustreront les voyages d'Ibn Batouta respectivement en France, en Chine, en Egypte et au Maroc.
Les 4 tableaux musicaux seront reliés par un conteur qui expliquera les différents déplacements d'Ibn Batouta.
Pour Caroline Dumas, l'intérêt de cette manifestation artistique, qui est parrainée par M. Hasssan Abou Ayoub, l'ambassadeur du Maroc à Paris, tient au fait qu'elle sera une production «purement marocaine : le point fort de ce projet est que nous avons fait de sorte de ne faire participer que des Marocains que ça soit au niveau des chanteurs, des danseurs, des musiciens, des solistes, des techniciens ou encore des figurants».
Enfin, une grande fantasia marocaine marquera la clôture de ce grand rendez-vous musical.