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Les grottes : les perspectives de développement du tourisme de montagne et des profondeurs

Riche en montagnes, gouffres et grottes splendides, la province de Taza jouit d’un précieux produit naturel exploitable pour développer le tourisme rural, écologique et d’aventures et contribuer à la concrétisation de l’objectif ambitieu

18 Mai 2003 À 14:46

Les spécialistes en spéléologie estiment qu’il n’existe pas en Afrique et même sur toute la planète terre, un lieu de la taille de la province de Taza qui recèle un aussi grand nombre de cavités souterraines.
La province compte, en effet, 125 cavités souterraines connues dont les plus importantes sont la grotte Chiguer avec ses 146 m de profondeur et ses 3.765 m de longueur, le gouffre Friouato avec ses 271 m de profondeur et 2.178 m de longueur et la rivière Chaâra avec ses 7.650 m de progression sous terre, la 4e d’Afrique.
Selon Mamoune Amrani, professeur universitaire et président fondateur de l’Association marocaine de spéléologie, la province de Taza avec ses multiples cavernes souterraines «peut devenir un lieu de rassemblement des spéléologues et des amateurs des curiosités karstiques du globe».
«A chaque fois que j’explore la région de Taza, je découvre de nouvelles grottes», nous a-t-il affirmé en marge d’un stage national de sauvetage en spéléologie qu’il a encadré du 25 avril au 4 mai courant à Bab Boudir, situé à une trentaine de kms de Taza.
S’agissant des possibilités de promotion du tourisme de montagne et des profondeurs , M. Amrani a assuré que la protection civile s’est employée à former des secouristes et sauveteurs dans les milieux difficiles, tels les sommets de montage et les gouffres spé-
léologiques dan la perspective d’accompagner le programme national de développement de tourisme écologique.
Le récent stage de secourisme en spéléologie dont une session théorique s’est déroulée à l’Ecole de la protection civile de Ben Msik Chouhada et deux sessions pratiques à Oued Cherrat à Benslimane et aux gouffres de Taza a profité, dit-il, à une trentaine de sauveteurs qui viennent renforcer les unités mobiles de sauvetage déjà formées et basées à Oujda, Salé, Casablanca, Beni Mellal, Azilal, Marrakech, Agadir et bien sûr à Taza.
De ce fait, le Maroc dispose d’une équipe opérationnelle pour le sauvetage dans les milieux difficiles, «la première du genre du monde arabe et du tiers-monde», a-t-il affirmé regrettant que le Maroc, pays de spéléologie par excellence, avec un millier de cavernes souterraines recensées dont 543 cavités inventoriées, ne compte que de rares spéléologues marocains. Les amateurs de sport d’aventure et de montagne d’Europe ou d’Amérique cherchent d’abord à savoir les capacités du Maroc en matière de sauvetage en cas d’accidents car la découverte spéléologique est un sport à hauts risques, a-t-il signalé se félicitant que cette sécurité est actuellement assurée grâce notamment à la formation de l’équipe de sauveteurs de Taza qui s’est déjà distinguée en parvenant à évacuer du gouffre Friouato une trentaine de touristes européens en difficulté.
En plus de la sécurisation pour le tourisme international, dit-il, les Marocains doivent s’adonner ce sport d’aventure exaltant et «apprivoiser» la montagne, relevant , avec amertume, que le pays ne compte qu’un groupe de spéléologues scientifiques à Casablanca et un groupe d’amateurs de curiosités karstiques à Agadir qui s’éclate dans les grottes de la région.
Concernant les guides en spéléologie, M. Amrani a assuré qu’en tant que professeur universitaire, il entretient des contacts avec le ministère du Tourisme pour former des guides de montagnes (option spéléologie) à la faculté des lettres et sciences humaines d’Aïn Chok escomptant qu’une vingtaine de guides seront formés cette année.
Il a émis l’espoir pour que les responsables prennent en considération ce nouveau produit touristique pour ses retombées bénéfiques sur la vie socio-économique de la population, estimant qu’à l’image de ce qui se fait en Europe, le Maroc peut aménager des grottes pour le grand public, à l’exemple du gouffre Friouato, aménagé d’une façon «primaire», quoique ses 700 marches d’escaliers ne sont accessibles qu’aux personnes sportives qui ont du souffle. Le pays peut aussi aménager des grottes pour le troisième âge qui peut s’aventurer à battre un record mondial en descendant jusqu’à 300 m de profondeur, chose qui servira de promotion pour le Maroc.
M. Amrani insiste pour que le patrimoine spéléologique soit sauvegardé et protégé par une loi ou une structure , car les cavités souterraines faciles d’accès et bien concrétionnées (stalactites et stalagmites), comme le Friouato, subissent un pillage de la part de visiteurs «inconscients, égoïstes, qui ne cherchent que leurs intérêts ».
Il a assuré que l’Association marocaine de spéléologie (AMS) créée depuis 1989, par un groupe d’enseignants chercheurs a déjà organisé deux expéditions internationales en spéléologie à Beni Mellal et à Chefchaouène, mais par manque de moyens financiers, elle se trouve dans l’incapacité de s’ouvrir aux étudiants en géologie et de permettre aux Marocains «d’apprivoiser » la montagne et d’intéresser les touristes étrangers.
Quoi qu’il en soit, les autorités de la province de Taza, conscientes des potentialités naturelles existantes et de la nécessité de développer une activité touristique rurale durable , déploient des actions de sensibilisation pour l’organisation de festivals folkloriques dans les montagnes à l’image du festival annuel de Bab Boudir, l’installation d’une infrastructure de base au Jbel Bou Iblane dont l’enseignement dure six mois par an, l’amélioration des aménagements du gouffre de Friouato, l’encouragement des promoteurs à investir dans le tourisme de montagne avec la construction et l’exploitation de gîtes d’étape et l’encouragement des communes rurales à conclure des pactes de jumelage et de coopération avec d’autres communes notamment d’Europe.
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