Lutte contre la prolifération des bidonvilles à Aïn Sebaâ
Une forte concentration des bidonvilles est enregistrée au niveau de la préfecture de Aïn Sebâa-Hay Mohammadi. Elle représente 41,1 % des habitations de fortune que connaît la wilaya du Grand Casablanca. Des programmes sont en cours d'étude préliminaire p
LE MATIN
25 Novembre 2003
À 21:41
Petite cité de quelques milliers d'habitants au début du siècle précédent, Casablanca est devenue en quelques décennies une grande ville de cinq millions d'habitants et de plus de 14.000 ha urbanisés. Capitale économique du pays, elle représente un centre d'activités extrêmement diversifiées, assurant un réseau d'échanges remarquablement dense à l'échelle de tout le Maroc. Mais, Casablanca, c'est aussi une ville qui est en train de perdre son identité urbanistique. Et pour cause. La région du Grand Casablanca, exceptées les communes rurales avoisinantes compte 370 groupements des bidonvilles abritant 53.915 logements, soit 7,7 % du parc total des logements urbains de la capitale économique du Royaume. Selon une enquête récente réalisée par le service de la statistique à la Direction régionale du département de la Prévision économique et du Plan à Casablanca, ces bidonvilles logent 57.463 ménages et près de 300.000 habitants, soit respectivement 8,8 % du nombre total des ménages urbains et 8,6 % de la population urbaine de la région. Une forte concentration de ces habitations de fortune est enregistrée au niveau des préfectures de Aïn Sebâa-Hay Mohammadi (41,1 %), de Mohammedia (17,1 %), de Sidi Bernoussi (13,3 %), de Aïn Chok-Hay Hassani (9,8 %), de Casablanca-Anfa (9,2 %) et de Ben M'sik-Médiouna (8 %). Pratiquement, chaque arrondissement ou municipalité a ses propres bidonvilles. Selon plusieurs sources qui ont traité de l'extension urbaine de la ville, " l'existence des bidonvilles à Casablanca date du début du vingtième siècle. C'est dans les années 20, à proximité de la centrale thermique des Roches Noires, qu'ont apparu les premières baraques construites à partir de matériaux des plus hétéroclites. Des ouvriers du chantier de construction de la centrale thermique ont choisi la proximité d'une carrière pour implanter leurs logements sommaires. En fait, le mot Karyane (déformation de carrière) sera, à partir de cette date, généralisé au Maroc pour désigner cette forme particulière de quartier installé à proximité de carrières. Les fondateurs des bidonvilles de Casablanca des années 20 et 30 sont d'anciens ruraux et des ouvriers. Ces bidonvilles bien installés, ils accueillaient de plus en plus les populations migrantes. Depuis le protectorat, ils se sont concentrés dans le territoire de la préfecture d'Aïn Sebaâ-Hay Mohammadi en raison de sa réputation en tant que pôle industriel. Une main-d'œuvre abondante y affluait de toutes les régions du Royaume et en particulier des régions à proximité de la ville. L'absence des documents d'urbanisme régissant l'organisation des banlieues où la masse ouvrière a été amenée à s'installer a causé l'apparition des quartiers anarchiques et bidonvilles. En outre, le réseau ferroviaire, qui était à l'époque du protectorat un grand chantier ayant nécessité une main-d'œuvre importante, a favorisé la prolifération des bidonvilles à Aïn Sebaâ. Ce qui explique l'existence des baraques de chantier éparpillées aux abords du réseau ferroviaire ". La crise de l'habitat dans cette préfecture est donc de taille. Selon ses responsables, le nombre officiel des ménages qui vivent dans un habitat insalubre est de 26.641 soit 150.705 personnes à raison de cinq personnes par famille. La situation est devenue, donc, très préoccupante puisque des milliers de personnes vivent encore dans des lieux qui ne disposent d'aucune infrastructure nécessaire. C'est pourquoi plusieurs projets sont, actuellement, au stade final d'étude et sont destinés à reloger des milliers de familles. Des programmes envisagés sont, aussi, en cours d'étude préliminaire pour résorber d'autres bidonvilles dans le cadre des projets de Douar Bouih, de Douar Thomas et Rhamma à Sidi Moumen et de douars se trouvant aux abords du réseau ferroviaire. Les promoteurs immobiliers participent, pour leur part, au relogement des bidonvillois moyennant quelques avantages sans pour autant porter atteinte à la réglementation en vigueur. Leur participation a atteint plusieurs centaines d'unités. Par ailleurs, l'un des grands projets en cours au niveau de cette préfecture est le projet Hassan II des carrières centrales s'étendant sur 44 ha et qui entre dans le cadre du programme national de construction de 200.000 logements. Les responsables de la préfecture y participent aussi en renforçant les mesures de contrôle et de lutte contre toute extension des bidonvilles. Selon un officiel de la préfecture qui a voulu garder l'anonymat a tenu à préciser : «Afin de mettre fin à tout genre d'extension, des limites du groupement des baraques ont été matérialisées par des bordures de trottoirs, des voies, des bornes et des repères divers. Nous avons, également, encouragé bon nombre de personnes à construire des habitations sur des terrains nus privés se trouvant à proximité des quartiers de bidonvilles ».