Spécial Marche verte

Maladies cardiovasculaires : attention aux facteurs de risque

Le nombre des personnes à risque a été sous-estimé, notamment dans les pays en développement. Certaines interventions médicales ou sociales permettraient de juguler rapidement ces pathologies.
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04 Janvier 2003 À 16:21

Selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), plus de 50 % des morts et des incapacités résultant des maladies cardiovasculaires et des accidents cérébrovasculaires, responsables au total de 12 millions de décès par an dans le monde, pourraient être évités au moyen de mesures nationales simples, peu coûteuses et efficaces et d'actions individuelles pour réduire les principaux facteurs de risque, comme l'hypertension, l'hypercholestérolémie, l'obésité et le tabagisme.
La plupart des résultats de ces interventions associées peuvent être atteints dans les cinq années suivant leur instauration, l'évolution des maladies cardiovasculaires étant relativement facile à interrompre.
Si l'on ne prend pas de mesures pour améliorer la santé à ce niveau et si la tendance actuelle se poursuit, l'OMS estime que, à l'échelle mondiale, les maladies cardiovasculaires seront responsables de la perte de 25 % d'années de vie en bonne santé supplémentaires d'ici 2020. Les pays en développement supporteront le gros de cette augmentation.
Ces résultats découlent de la première analyse mondiale de la charge de morbidité imputable aux principaux risques de maladies cardiovasculaires : hypertension, hypercholestérolémie, tabagisme, obésité, sédentarité et consommation insuffisante de légumes et de fruits.
L'hypertension est à elle seule responsable de près de la moitié des maladies cardiovasculaires dans le monde, le cholestérol de près d'un tiers. Les modes de vie sédentaires, le tabagisme et la consommation insuffisante de fruits et légumes comptent pour 20 % chacun. (Le total de ces pourcentages dépasse 100 à cause du chevauchement de certains facteurs de risque : chez certains le cholestérol peut être le seul facteur de risque, tandis que chez d'autres, il peut s'accompagner d'hypertension par exemple).
On estime que l'hypertension et l'hypercholestérolémie provoquent environ neuf millions de décès et entraînent la perte de 75 millions d'années de vie en bonne santé par an.
Au total, 10 à 30 % des adultes dans presque tous les pays souffrent d'hypertension, mais 50 à 60 % supplémentaires seraient en meilleure santé avec une tension moins élevée. Même de petites diminutions de la tension artérielle dans cette « majorité silencieuse » permettraient de réduire le risque d'accident cardio-cérébrovasculaire.
«La charge mondiale de morbidité attribuable à l'hypertension est deux fois plus élevée qu'on ne le pensait, explique le docteur Gro Harlem Brundtland, Directeur général de l'OMS. On retrouve là le lien existant entre la tension artérielle et la maladie dans de nombreuses populations du monde et le fait que, pour un grand nombre, la tension n'est pas au niveau optimal. »
Les améliorations les plus rapides en matière de santé cardiovasculaire peuvent être obtenues en associant plusieurs médicaments : les statines pour faire diminuer le taux de cholestérol et de faibles doses d'antihypertenseurs courants et d'aspirine, à prendre quotidiennement par les personnes présentant un risque accru d'accident cardio-cérébrovasculaire. Ce traitement, très efficace, pourrait être beaucoup plus utilisé dans les pays industrialisés et devient de plus en plus abordable dans les pays en développement.
« Cette association médicamenteuse pourrait réduire de plus de la moitié le nombre des décès et des incapacités dus aux maladies cardiovasculaires chez les personnes à risque, affirme le docteur Christopher Murray, Directeur exécutif du groupe Bases factuelles et information à l'appui des politiques, à l'OMS. Un plus grand nombre de personnes à risque devrait prendre sans attendre ce traitement, avant d'avoir eu une attaque cardiaque ou cérébrale.»
Les pays sont tenus d'instaurer des politiques et des programmes favorables à des interventions généralisées à l'ensemble de leur population, comme de diminuer la teneur en sel dans les aliments transformés, les quantités de matières grasses dans l'alimentation, d'encourager l'activité physique, ainsi que la consommation de fruits et légumes, et de lutter contre le tabagisme.
Il est clair que les gouvernements, qui ont la possibilité d'agir à la racine du mal en prenant des mesures touchant l'ensemble de leurs populations, doivent tirer les conséquences du fait que la grande majorité des adultes dans le monde entier n'a ni une tension artérielle, ni un taux de cholestérol optimal. Ces efforts impliqueront également de favoriser l'accès aux traitements efficaces et peu coûteux pour ceux qui présentent un risque accru.
« La prévention est essentielle pour réduire la charge mondiale des accidents cardio-cérébrovasculaires, déclare le docteur Brundtland. Dans de nombreux pays, la stratégie idéale consiste à consacrer davantage de ressources à l'introduction de mesures générales bénéfiques à l'ensemble de la population et, parallèlement, à cibler le traitement sur ceux qui présentent un risque élevé ».
« Nos derniers travaux montrent que de nombreuses méthodes reconnues pour abaisser les facteurs de risques des maladies cardiovasculaires sont très peu chères, de sorte que même les pays ayant des budgets de santé limités peuvent les mettre en œuvre et réduire de 50 % la morbidité imputable à ces maladies, explique le docteur Derek Yach, Directeur exécutif du groupe Maladies non transmissibles et santé mentale. De plus, les traitements médicamenteux deviennent de plus en plus abordables dans les pays à revenus moyens ou faibles, les médicaments efficaces n'étant plus couverts par des brevets.»
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