Mardi à Casa-Port : un jour pas comme les autres
Mardi à 16 heures, l’ambiance à la gare Casa-Port était spéciale. Des dizaines de voyageurs se sont rassemblés, l’air furieux, attendant le train à destination de Mohammédia, Rabat et Kénitra. Personne d’entre-eux ne se doutait, au début
LE MATIN
19 Juin 2003
À 19:12
Les voyageurs ont beau patienter, en vain. Ils étaient une cinquantaine, tous, entassés dans le petit espace de la gare de Casa-Port. A chaque fois, on leur annonçait que le train à destination de Mohammédia, Rabat et Kénitra aura un retard. « Quelle est la cause ? », ne cessait-on de se demander de part et d’autres. Ils n’avaient reçu aucune réponse satisfaisante à leur interrogation. Les employés de la gare se contentaient d’affirmer qu’il faut patienter et que tout rentrera dans l’ordre. Or, la patience a des limites. Il fallait aviser les gens à l’avance. Certains avaient des rendez-vous importants. D’autres n’espéraient que rentrer chez eux après une longue journée de travail en métropole. Il fallait attendre à Casa-Port de 16 heures à 17 heures 15 mn pour que le train démarre. La joie était à son comble puisque certains voyageurs, trop fatigués, étaient assis à même le sol. Malheureusement, le calvaire était loin d’être fini. A l’arrivée à Aïn Sebaâ, on leur avait demandé de descendre. Quelle est la raison ? Même les employés de l’ONCF semblaient ignorer ce qui se passait ou ne voulaient pas donner des explications. Le train qui accueillait les voyageurs a fait demi-tour vers Casa-Port. « C’est illogique ce qu’ils ont fait. Pourquoi nous conduire ici à Aïn Sebaâ et nous laisser. Ce n’est pas une bonne conduite de la part de l’ONCF alors que là, nous n’avons même pas où nous asseoir. Il faut bien traiter les clients », s’était exclamée une jeune fille qui fait la navette entre Rabat et Casablanca. Trop éreintée par le trajet qu’elle parcourt au quotidien, elle ne pouvait supporter ni tolérer un quelconque retard. Son temps est précieux et chaque minute de repos compte énormément pour elle. Quant aux personnes âgées, elles ne pouvaient plus se tenir debout. Ils avaient préféré s’asseoir au sol même s’ils devaient salir leurs vêtements. « Je ne prendrai plus jamais le train. J’ai l’habitude de voyager dans l’autocar. Mais c’est mon fils qui a insisté pour que je prenne ce maudit train pour garantir mon confort. Où est-il ce confort ? », s’était lamenté un quadragénaire. Au fur et à mesure que le temps passait, les cris d’indignation s’élevaient. Les voyageurs commençaient à se parler et à se raconter des anecdotes en vue d’égayer l’atmosphère. De temps en temps, ils prêtaient une vive attention au haut-parleur qui annonçait l’arrivée des trains vers l’autre destination. « Allons-nous passer la nuit ici ? J’ai mes enfants qui m’attendent à la maison. A l’arrivée à Rabat, j’ai un bus à prendre vers Témara. C’est inconcevable ce qu’ils nous font », avait déclaré une femme, l’air abattue. Enfin vers 18h10, un train en provenance de Marrakech était arrivé. Mais, il n’avait pas pu contenir tous les voyageurs. Ceux qui s’étaient pressés de le prendre ont dû continuer leur voyage debout dans les couloirs. Ils ne se lamentaient pas pour autant. Pourvu qu’ils arrivent chez eux, se répétaient-ils. Cependant, ils avaient dû s’arrêter une troisième fois à Zénata. Cette fois-ci, on avait expliqué la cause : libération de la voie.
Excuses de l’ONCF
Bref, mardi dernier était un jour noir dans la vie de plusieurs personnes qui voulaient voyager confortablement en prenant le train. Mais leur espoir s’était transformé en un cauchemar.
Par ailleurs, il est à souligner que ce genre de choses peut toujours survenir. L’ONCF a publié un communiqué s’excusant auprès de sa clientèle pour les désagréments subis, expliquant l’origine du problème : « Le 17 juin 2003, vers 15 h30, une avarie caténaire a été à l’origine d’une perturbation du trafic ferroviaire sur la ligne Casablanca-Rabat.
La mobilisation des moyens humains et matériels de l’ONCF a permis de rétablir provisoirement la situation vers 17h00. La circulation normale des trains a repris vers 18h30 ».