Fête du Trône 2006

Mercredi à Casablanca : cinq membres de la «Salafiya Jihadiya» condamnés

Il est maintenant tout à fait clair que la Salafiya Jihadya n’est pas uniquement un courant idéologique extrémiste prônant le «retour aux sources», mais une organisation criminelle et subversive bien structurée avec des cellules spécialisées implant

17 Juillet 2003 À 20:50

Au fil des procès, l’idée que l’on se faisait des petits groupuscules de «barbus» imbus d’une certaine conception de la vie qui montaient notamment des opérations ponctuelles pour «recommander le bien et redresser les torts», cède la place à une réalité beaucoup plus élaborée, beaucoup plus meurtrière. Mercredi dernier, la Chambre criminelle près la Cour d’appel de Casablanca examinait deux nouveaux dossiers de membres de la Salafiya Jihadiya en rapport avec le groupe de Youssef Fikri. L’audience de mercredi a été caractérisée par la présence de M. Olivier Guérin, avocat général de la Cour de cassation de Paris qui assistait à ce procès en tant que représentant de la Fédération internationale des droits de l’Homme.

La Cour a rendu son verdict mercredi soir, dans le premier dossier, en acquittant Saïd Salih au bénéfice du doute et en condamnant Younès Hazzat, Yacine Lemless, Mounir Laouzi et Driss Boussaïd à 10 ans de prison ferme, jeudi matin, la Cour a condamné Omar Allam qui a été appelé la veille à la barre à 10 ans de prison ferme.
Par ailleurs, l’audition de Miloudi Zakaria a été reportée au 28 juillet 2003 et quatre autres inculpés, Ahmed Rifqui, alias Abou Houdaïfa, l’une des principales figures du mouvement de la Salafiya Jihadiya, Mostafa Amrine, Mohamed Mejjaoui et Abderrahim Benaïssa comparaitront aujourd’hui devant la Cour.
La séance de jeudi a également été caractérisée par la comparution devant la Chambre criminelle près la Cour d’appel de Casablanca de Bakhich Omar qui a été condamné à 10 ans de réclusion.

Tous les prévenus qui ont comparu mercredi et jeudi sont poursuivis pour association de malfaiteurs et, à divers degrés, pour complicité et participation à un homicide volontaire avec préméditation, non-dénonciation d’un acte criminel, faux et usage de faux, complicité pour émigration illégale, recel de personne recherchée pour acte criminel et tentative de destruction de lieux et d’édifices à l’aide d’explosifs.
Ce qui attire le plus l’attention dans ces procès de membres de la Salafiya Jihadiya c’est une attitude et un comportement communs à tous les prévenus, comme si un mot d’ordre leur a été donné.

Ils sont devenus amnésiques. Ils ne se rappellent plus de rien, ni des noms des gens qu’ils fréquentent ni des faits qui leur sont reprochés ni des déplacements qu’ils ont effectués, ils nient même l’existence du mouvement auquel ils font partie.
Quand le président de la Cour leur demande des précisions sur les procès verbaux de la police judiciaire, on entend toujours la même réponse : «Je ne sais pas». Quand ils sont interrogés sur les déclarations faites devant le juge d’instruction, ils répondent : «Je ne me rappelle pas». Ce petit jeu est en totale contradiction avec l’attitude qu’adoptent les hommes qui ont le courage de leur opinions dans de telles circonstances.

Il faut avoir le courage de ses idées. Il faut assumer ses actes. Mais lorsqu’on agresse, lorsqu’on tue lâchement des innocents, il est évident que l’on se dégonfle à la première alerte. Cependant, l’opinion publique a le droit de savoir, de comprendre ce qui se passe. Lundi s’ouvre à Casablanca le procès d’une cinquantaine de personnes impliquées dans les odieux attentats du 16 mai.
Elles sont toutes membres de la Salafiya Jihadiya et d’autres groupuscules terroristes du même courant. Espérons qu’elles seront plus prolixes.

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