Miriam Merzak fait d'un rêve d'enfant son métier : le premier détective privé au Maroc est une femme
Depuis treize ans Miriam Merzak s'est lancée dans un domaine spécial : elle est détective privée. Une première au Maroc et dans le monde arabe. Entre deux filatures, elle nous a expliqué la nature de son travail, une véritable passion qui ne lui fait pas
LE MATIN
12 Novembre 2003
À 16:41
Son père voulait qu'elle soit médecin pour prendre la relève. Petite, elle se voyait déjà portant l'uniforme d'un commissaire. Aujourd'hui, elle n'est pas loin de son rêve d'enfant. On ne peut pas dire qu'elle a choisi le métier le plus facile, ni le plus courant d'ailleurs. Premier détective privé au Maroc et dans le monde arabe, c'est plus qu'un travail, c'est un défi.
Le quotidien de Miriam Merzak est fait d'investigations, de recherches et d'enquêtes.:
Organiser des recherches et mener des investigations concernant des dossiers bien spécifiques en l'occurrence, la conduite de certaines personnes, certains comportements, une conduite déloyale ou une affaire qui n'est pas claire. C'est en gros le travail de Miriam.
«Un détective privé est chargé d'éclaircir tout ce qui est obscur tout en gardant le secret des personnes qui se confient à lui. On est gardé par le secret professionnel qui est primordial dans notre travail de tous les jours».
Sa présence à Paris et sa double nationalité lui ont permis de suivre une formation de détective privé. Elle passera sept ans dans un ministère français «le gros ministère» comme l'appelle Miriam « je suis tenue par le secret professionnel je ne peux pas citer de nom».
Après un passage dans les services dudit ministère et une expérience qui s'est forgée au fil du temps, elle s'envolera vers différents pays du monde pour renforcer ses acquis. Le Canada sera le terrain adéquat pour Miriam afin d'approfondir ses connaissances car c'est dans ce pays où elle apprendra les techniques de l'interrogatoire et étudiera la psychologie, chose très importante pour pouvoir résoudre une énigme « il faut savoir écouter son interlocuteur» explique cette dernière. Ceci étant, tous les dossiers qu'elle reçoit ne sont pas acceptés. Elle commence d'abord par écouter son client en lui consacrant le maximum de temps afin qu'il lui dévoile la raison de sa visite et ce qu'il recherche et après elle se charge d'étudier l'affaire et ce n'est qu'a ce moment là qu'elle peut accepter ou refuser de traiter le dossier. Certaines entreprises nous contactent pour vérifier certaines données, notamment les Curriculum Vitae. Les particuliers viennent nous voir pour des raisons diverses.
Dans son métier, Miriam Merzak doit aussi lutter contre certains clichés, car les gens ont tendance à croire qu'un détective est un agent secret, un espion ou quelqu'un, qui met son nez dans la vie privée des autres. En d'autres termes, un agent 007. D'ailleurs si 60% des gens assimilent ce concept, les autres se posent encore la question sur la nécessité d'un détective privé dans nos vies. Et selon Miriam, «il est grand temps pour que ça change. C'est grâce à mon sérieux et ma rigueur que je pourrais atteindre mon objectif».
Après treize ans passés dans un domaine de recherches et d'investigations, Miriam vit avec le même engouement et la même passion «J'ai réalisé beaucoup de choses, j'ai résolu beaucoup de problèmes mais il me reste encore beaucoup de choses à faire et d'expérience à acquérir car la spécificité de ce métier est qu'on ne tombe jamais dans la routine. Chaque affaire est différente de l'autre».
Avant d'arriver à dénouer un problème qu'on lui confie Miriam passe de longues heures à étudier les détails du sujet d'ailleurs elle n'a pas droit à l'erreur ce qui lui demande beaucoup d'attention et de rigueur.
En ce qui concerne sa vie de famille, elle mène une vie normale, paisible. «Certes, ma famille n'a pas bien accepté mon métier au début notamment mon père qui voulait que je prenne la relève mais après, tout s'est calmé , mon mari m'encourage et mes enfants sont fiers de moi».explique Miriam. D'ailleurs même mon entourage qui, au début trouvait mon métier bizarre l'accepte maintenant. Ceci étant, les gens se méfient de moi et ne disent pas toute la vérité mais la nature de ma formation m'apprend à être distante même vis-à-vis de mes clients qui n'ont pas droit aux détails. L'important est le résultat et c'est ce qui compte le plus car les détails peuvent des fois créer beaucoup de problèmes. Le secret professionnel incite Miriam à être vigilante même sur ses déplacements. «Il m'arrive de sortir deux ou trois jours sans laisser de traces pour des raisons concernant mon enquête, explique Miriam. Ma famille n'y voit aucun inconvénient car sachant que la nature de mon travail m'impose ce rythme».
Côté légal, une autorisation est délivrée par le ministère de l'Intérieur pour recherche et investigation. La première étape est la déposition de la demande auprès de la Wilaya, s'ensuit une enquête et la procédure normale avant l'obtention de l'accord des autorités compétentes. Et comme c'est une première au Maroc, «ma demande a suscité plusieurs réactions et a finalement abouti. C'est un grand pas en avant».
Concernant ses honoraires, elle travaille au forfait qui varie en fonction du dossier. «A l'étranger on travaille à l'heure, ce qui est impossible dans un pays où ce métier voit à peine le jour».
Son plus grand rêve est de travailler en collaboration avec la police marocaine, car selon Miriam «la police est l'une des polices les plus professionnelles du monde et je n'hésiterai pas à répondre présente à leur appel». Parole de pro.