Fête du Trône 2006

Pique-notes : dinosaures et éléphants

« Quand nos jeunes arrivent au pouvoir, ils sont déjà vieux et fatigués », avait coutume de dire un sociologue pour décrire ces partis devenus immenses salles d’attente pour les quadras. La politique est suffisamment importante pour qu’elle n

22 Avril 2003 À 20:10

Alors, dans un élan de lucidité, le bon sens populaire a détourné des mots pour mieux coller à une réalité bien de chez nous et d’ailleurs. Depuis des années déjà, le dinosaure ne désigne plus seulement cet animal préhistorique désormais disparu dans le déluge de l’évolution de l’espèce mais il qualifie ces dirigeants de partis, bien avancés dans l’âge, mais refusant toute retraite.
Bref, les dinosaures, en France on dit d’eux que ce sont des éléphants et de toute manière c’est de la même espèce que l’on parle, ce sont ces politiques qui refusent de voir leurs rides, le temps qui passe et, surtout, leur fauteuil occupé par un autre, forcément moins âgé mais, comme disait le sociologue d’en haut, plus très jeunes du tout.
Dans les cénacles partisans et autres salons où l’on cause politique, on se répand, l’air chagrin, sur « le culte du Zaïm ». L’expression est tendance. On s’en offusque, on monte des rébellions derrière les volutes de cigare, des mutineries entre deux verres de thé mais on ne s’engage pas en politique. L’excuse est toute trouvée : « Les dinosaures font de la résistance ». Variante : « Les politiques n’aiment pas les jeunes. Il y a de l’anti-jeunisme dans les partis ». Les dinosaures (ou éléphants, c’est selon) ont trouvé la réplique. A la télévision, dans les journaux et un peu partout dans les meetings, ils dénoncent leurs pairs –pourtant exactement du même âge- qui « tournent- le -dos aux- jeunes-à-leurs-attentes-et-ne-font-rien pour-cette-jeunesse ». « L’avenir, ce sont eux, les jeunes », assurent-ils la main sur le cœur et l’œil rivé sur le siège presque jamais éjectable de zaïm.
Et si les jeunes étaient aussi des planqués de la politique, raillant ces leaders vieillissants mais boudant aussi l’inscription sur les listes électorales ? Des jeunes ne faisant plus de rêves à la Luther King, ne rêvant plus à l’impossible ni à un « avenir radieux » et finalement à l’ombre de ces dinosaures …
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