Fête du Trône 2006

Pique-notes: examen de conscience

Ainsi donc les apprentis sorciers, les pyromanes, tous ceux qui n’en finissaient pas de jouer avec le feu, feignant très hypocritement d’être des fous de démocratie et de liberté, font aujourd’hui commerce, toute honte bue, des photos de

18 Mai 2003 À 20:51

Des veuves, des orphelins n’oublieront probablement jamais que ce sont eux qui ont servi la soupe aux extrémistes, érigé en héros ceux qui attentent au droit à la vie. Comment oublier aussi que ce sont eux qui ont fait leur une sur ces membres de la Salafya Jihadya « kidnappés, enlevés, torturés », cette cellule dormante d’Al Qaïda au Maroc « imaginée par les sécuritaires », avec des journalistes « spécialisés » infiltrés jusqu’en prison et des interviews magnifiant l’appel au meurtre . Ce sont encore eux qui ont préféré s’indigner du projet de loi de lutte contre le terrorisme. Parce que le droit à la vie n’est pas vendeur, pas accrocheur, il n’est tout simplement pas « Makhzen sécuritaire ». Maintenant que le drame est survenu, le feu allumé, la mort dans nos murs, tous ceux-là, tous ceux qui nous ont vendu l’extrémisme à coup d’interviews, de portraits, voire-même d’alternative aux démocrates, vont-ils enfin, à défaut de procéder à un examen de conscience, se terrer et se taire ? Non. La provocation continue. Et en ce vendredi noir et sanglant, la provocation a montré qu’elle conduisait au meurtre, à l’assassinat. Faut-il se taire face au journal qui reproche au ministre de l’Intérieur d’avoir tenu une conférence de presse quelques heures après les 5 attentats qui ont frappé Casablanca ? Faut-il s’incliner quand ce même Journal décide à l’unanimité de la voix de son journaliste que le ministre de l’Intérieur qui n’a pas le nombre exact de morts à 1 heure du matin, soit 3 heures après les attentats, et que le timing choisi coincide avec un tas de choses dont, pêle-mêle, l’anniversaire de la police, de l’armée ? Ben voyons. Avec un Laânigri que Journal n’avait de cesse de présenter comme un « tout-sécuritaire » quadrillant la ville et son échec (il aurait dû prévoir les attentats, et la DST pourquoi elle ne fait pas son boulot de renseignement, filant les uns, écoutant les autres, bref, Journal reproche aujourd’hui aux sécuritaires ne pas avoir été suffisamment sécuritaires !), la boucle est bouclée et le produit vendu, car de toutes les manières « nous ne sommes pas à une contradiction près » et peut-être que le lecteur n’a pas de mémoire. Pas un mot, pas un début de remords, pas une excuse. Rien; tout juste une compassion feinte face à l’horreur. On fait semblant de n’avoir rien écrit sur ces « innocents extrémistes dont les droits ont été bafoués ». Ce qui s’est passé vendredi soir au cœur de Casablanca est notre « 11 septembre à nous ». Osons les mots qui leur paraissent, eux, éculés, rétrogrades et réactionnaires : c’est bien notre pays qui a été frappé, ce sont bien des concitoyens à qui la vie a été ôtée; alors le patriotisme n’est ni une vue de l’esprit ni un terme makhzénien. Il est aujourd’hui plus que jamais une urgence. Pour que le projet de démocratie qui est le nôtre, tous ensemble et sûrement pas les uns contre les autres, l’emporte sur tout le reste. Les morts du 16 mai le méritent.
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