Spécial Marche verte

Pollution atmosphérique : ces gaz qui s’échappent de nos voitures

Les fumées noires dégagées des véhicules, surtout lors des accélérations, sont le lot quotidien des citadins dans les grandes villes. Ils ont même fini par s’y habituer. Cette situation n’est pas sans danger, car ces gaz sont le fait de parti

26 Septembre 2003 À 18:54

«J’ai 50 ans et je respire mal. C’est à cause du camion chargé de ramasser les ordures et qui passe juste devant ma maison. Celui-ci dégage de la fumée asphyxiante ». Ce cri d’alarme émane de Malika qui est devenue au fil des ans ashmatique. Elle ne serait pas la seule. Les gaz d’échappement des véhicules sont tenus pour responsables puisqu’ils augmentent la pollution de l’air. La concentration de plomb dans l’air provenant essentiellement des automobilistes est dangereusement élevée.

Elle contribue même à une baisse du quotient intellectuel des enfants. Les conséquences d’une telle situation sur le cadre de vie urbain place le contrôle des pouvoirs publics au cœur de la problématique de la pollution atmosphérique urbaine. Une nouvelle campagne de surveillance de la qualité de l’air est donc largement souhaitée.

Celle-ci devrait comprendre la prise de mesures et des prélèvements par le laboratoire mobile et des contrôles à blanc de véhicules automobiles. Elle devrait également avoir pour objectif d’inciter les citoyens à effectuer, volontairement, des contrôles plus fréquents de l’état de leurs véhicules pour respecter les nouvelles normes. Car, la pollution atmosphérique dont souffrent les grandes villes est devenue chronique et son traitement nécessite aujourd’hui une mobilisation générale. La pollution urbaine qui s’est considérablement aggravée est surtout due à la circulation automobile d’un certain nombre de véhicules jugé dans un état mécanique défaillant. 85 % des véhicules ont plus de 10 ans d’âge. Ils polluent 5 à 10 fois plus que les véhicules neufs.

La pollution par les hydrocarbures présente un danger réel pour la santé des citadins et provoque la génération de plusieurs maladies notamment l’asthme et la bronchite chronique. Conscient du danger que représente une atmosphère polluée pour l’homme en particulier et pour l’environnement en général, le ministère du Transport avait procédé depuis l’été 2001 à l’application du contrôle des émissions de gaz d’échappement des véhicules. Un décret fixe les valeurs limites d’émission des gaz d’échappement à 4,5 % de monoxyde de carbone pour les véhicules à essence et à 70 % d’opacité de la fumée pour les véhicules à moteur Diesel.

Le contrôle devait en principe être opéré à tout moment sur route par les agents verbalisateurs. Celui de ces polluants est effectué à l’occasion de la visite technique des véhicules, de leur mise à la consommation et de leur réception à l’état neuf. Toute infraction aux dispositions réglementaires se rapportant au taux d’émission des gaz d’échappement expose les contrevenants aux sanctions répressives légales. Les contrevenants disposent d’un délai de trente jours pour effectuer les réparations nécessaires des véhicules défaillants. Un nouveau cahier de charges prévoit l’analyse par les centres de visite technique des rejets d’échappement : un opacimètre pour les véhicules de diesel et un analyseur de gaz pour les véhicules à essence. Or, que constatons-nous ? Il y a une impression générale que personne ne contrôle plus rien.

Il suffit de faire un tour dans les principales artères des grandes villes pour observer ces conducteurs qui laissent le moteur en marche à longueur de journée avec des tuyaux d’échappement troués.
Le moteur fonctionnant au super sans plomb produit une faible pollution par rapport aux autres carburants thermiques disponibles au Maroc sur le marché marocain. Une récente étude sur la «Caractérisation des émissions unitaires des véhicules légers» de Robert Joumard Inrets-Len, publiée dans la revue «Recherche Transports Sécurité», révèle que la pollution par monoxyde et dioxyde de carbone (CO et CO2), et par les hydrocarbures, (HC), est émise essentiellement à petite vitesse, donc en agglomération, à la fois pour les véhicules à essence et diesel. L’émission de CO du diesel est environ 30 fois plus faible à toutes les vitesses que celle de l’essence. Il en est de même de l’émission de HC qui est environ 10 fois plus faible dans le cas du diesel.
Pour remédier à cette situation alarmante, l’Etat devrait favoriser le recours aux moteurs au super sans plomb en baissant la taxation.

Les prochaines normes doivent inclure le plomb pour l’essence, le NOx et le SOx pour le diesel. De même, les responsables devraient introduire le pot catalytique pour l’essence et les pièges à particules pour le diesel.

Le citoyen doit aussi modifier son comportement en procédant fréquemment à un entretien régulier des véhicules, à l’installation de l’allumage électronique, l’utilisation des moyens de transport non polluant et des transports publics en commun, le covoiturage…Utopique ? Peut-être pas tant que ça. Il y va du capital le plus précieux de l’homme : sa santé.
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