Question en débat chez les spécialistes : le divorce, un traumatisme surmontable pour l'enfant
Quelles sont les conséquences à long terme du divorce sur les enfants ? Cette question a suscité bien des débats chez les pédo-psychiatre! Si de nombreuses études ont cherché à mettre en évidence les conséquences psychologiques, physiques ou socioéconomi
En Afrique comme partout ailleurs, le divorce a des conséquences douloureuses voire désastreuses sur les membres du couple qui vole en éclats; mais aussi et surtout sur la vie de celui (ou de ceux) qui en est (sont) issu(s). Dans leur ouvrage, les auteurs se placent du point de vue de l'enfant, pour analyser ces conséquences.
«Pour un enfant, divorce rime forcément avec souffrance; pas seulement parce qu'il doit renoncer à sa vie d'avant - par exemple, il ne verra plus ses parents ensemble, ils ne seront plus tous réunis le soir autour de la table - mais aussi parce qu'il est remis en cause dans ses origines mêmes», écrivent les deux auteurs. Selon ces derniers, la disparition du couple parental fait en effet perdre à l'enfant une partie de son identité. «Car on n'est pas seulement l'enfant de son père ou de sa mère, mais on est le fruit d'une alliance entre deux êtres», explique-ils.
A la souffrance que lui imposent ses parents du fait de leur séparation, l'enfant peut réagir de diverses manières. «En règle générale, il passe par une période de grande nostalgie où il regrette sa vie d'avant, soulignent les auteurs.
Il arrive aussi que l'enfant bascule de la nostalgie dans le déni, un cas de figure assez grave». Le rejeton est écarté entre deux raisonnements diamétralement opposés. L'un est fondé sur la réalité :ses parents sont divorcés; l'autre sur ce que les auteurs appellent «une utopie» : ses géniteurs vont se réconcilier. L'esprit de l'enfant est en quelque sorte coupé en deux parties, qui n'entretiennent plus aucun lien. Conséquence de ce clivage : «L'enfant se dévitalise littéralement».
Il consacre désormais son temps, son énergie et ses ressources à l'invention de stratagèmes pour que ses parents revivent ensemble. Enfermé dans cette logique, l'enfant ne peut plus «investir sa pensée dans d'autres plaisirs», comme, par exemple, le jeu créatif et imaginatif. Pire, le bambin ne peut plus apprendre, car il mobilise désormais toute son énergie pour lutter contre la réalité, contre la séparation de ses parents. «Après un divorce, certains enfants peuvent apparaître craintifs, s'inquiétant de tout et pour tout le monde; comme s'ils vivaient dans la peur», indiquent les auteurs. Autres réactions possibles chez l'enfant : la colère au moment du divorce de ses parents, des accès passagers de tristesse durant quelques mois.
Les grands-parents, source de réconfort
Les deux auteurs estiment que les grands-parents ont un rôle central à jouer dans l'atténuation de la souffrance de l'enfant. «Parce qu'ils ne sont pas les premiers responsables de son éducation et qu'ils ont beaucoup d'amour à lui offrir, les grands-parents sont un élément indéniable d'équilibre pour un enfant; encore plus quand ce dernier vit des événements douloureux et bouleversants, indiquent-ils. Bien sûr, il faut qu'ils soient capables de ne pas prendre parti devant lui dans le divorce de leur propre enfant».
Les auteurs expliquent clairement que les grands-parents disposent de nombreux atouts pour offrir au bambin, pris dans la tourmente du divorce de ses géniteurs, un cadre de sérénité, de tranquillité. Papy et mamie peuvent donc fourni à l'enfant un havre de paix, un lieu neutre et bienveillant où il pourrait venir se reposer.
Les parents séparés sont aussi interpellés. Pour les auteurs, ils doivent expliquer à l'enfant les raisons de leur séparation. «Les explications sont nécessaires :elles ont au moins le mérite de diminuer l'arbitraire, de permettre de répondre aux questions et aux angoisses; s'ils n'aident pas l'enfant à mieux accepter la situation, les mots font de lui une personne respectée, considérée». Sans entrer dans les détails des causes de la séparation, les parents devraient être capables de dire à l'enfant qu'ils divorcent parce qu'ils ne s'aiment plus, ou parce qu'ils n'arrivent plus à vivre ensemble sans se disputer.
C'est une note d'optimisme que les auteurs concluent leurs réflexions. «Même si les enfants du divorce portent en eux des cicatrices qui les ont fait souffrir à un moment de leur vie, nous considérons qu'il n'y a là aucune fatalité, remarquent-ils. Pour certains enfants même, ceux qui ont réussi à surmonter l'événement du divorce, le fait d'avoir été contraints à mûrir plus vite que les autres se révélera peut-être un jour une force…».