Raja-RSS : un forfait mal venu
La Renaissance sportive de Settat a mis à exécution sa menace de forfait qui planait depuis le début de la semaine. Les joueurs, juniors et seniors, et le staff technique des deux catégories ne sont pas venus à Casablanca pour y jouer le Raja. L'histoire
LE MATIN
27 Octobre 2003
À 17:58
Il est 14 h 30 environ lorsque le président Rachid Azmi franchit le lourd portail menant au parking du complexe Mohammed V. L'air grave, l'homme n'en garde pas moins une certaine lucidité pour lâcher : "Ils ne viendront pas. C'est une situation qui nous dépasse”. Un aveu lourd de conséquences pour le club, pour la ville de Settat et surtout pour le football national. Dans le couloir menant aux différents vestiaires, Rachid Azmi, après avoir salué Henri Michel, affronte les représentants des médias qui le pressent de questions. Comment la RSS en est arrivée là ? "Depuis deux saisons, le comité essaye tant bien que mal de gérer la situation, déclare-t-il. Lorsque nous étions sponsorisés, tout allait bien ; mais après le 11 septembre 2001, les difficultés ont commencé, le transporteur national ne pouvant plus assurer le partenariat.
C'est une importante subvention que nous avions perdue soit près de 1.400.000 dirhams. Dès lors, la crise s'est installée.
Les joueurs et les entraîneurs n'ont plus reçu leurs primes et salaires. Nous avons frappé à toutes les portes mais nous n'avons reçu que des promesses. Nous avons terminé la précédente saison grâce à l'apport des membres du comité. A l'orée de l'actuelle saison, le groupement et la Fédération nous ont apporté leur soutien, au même titre que la wilaya, mais cela reste toujours insuffisant par rapport à nos besoins. Nous ne pouvions plus continuer avec des promesses. Il faut comprendre que les joueurs ont des droits qui n'ont plus été honorés depuis l'an dernier...”.
Le message de Rachid Azmi était donc clair. La situation était devenu insoutenable. Le président qui a démissionné au même titre que tout le comité, regrette le désintéressement du conseil municipal.
"Nous n'avons reçu aucun soutien de la part des élus de la ville, avoue-t-il. Et pourtant le club représente toute une région. Il fait partie de l'élite depuis des décennies et a une riche histoire. Nous regrettons évidemment cette situation qui nous dépasse et que nous ne voulions pas...”. Le président est rejoint par Mustapha Bidani, le vice-président qui enchaîne : "Cette situation dure depuis deux ans. Si demain (NDLR : lundi) rien n'est fait, c'est le club qui en pâtira.
Il y a environ 250 jeunes à la RSS qui risquent de ne plus pratiquer leur sport favori. Nous voulons mettre chacun devant ses responsabilités. Il faut que l'opinion publique soit au courant de nos problèmes et des réactions des responsables...”.
Mise à niveau
Voilà en gros les réactions des dirigeants settatis qui ont tout de même pris l'initiative de se déplacer à Casablanca. Il est vrai que le problème de la RSS n'est pas un cas isolé. Bon nombre de clubs vivent la même situation, et à ce rythme, on risque de connaître d'autres forfaits. L'on se rappelle du SCCM et du Raja de Béni Mellal qui avaient agi de la même manière.
Quelle est donc la solution ? "L'an dernier, tous les présidents des clubs, à travers le GNF, la Fédération, voire le comité olympique, avaient déposé un dossier de mise à niveau pour notre football, ajoute Abdeslam Houat, le président du Raja. Il est clair que sans une réelle volonté politique, les clubs ne peuvent entamer une ère de professionnalisme. Le groupement ou la Fédération malgré tous leurs efforts, ne peuvent à eux seuls subvenir aux besoins des clubs...”. Pour l'heure rien n'a été entrepris pour cette mise à niveau dont a si besoin notre football. Surtout à un moment où le Maroc mène sa campagne pour l'organisation de la Coupe du monde 2010.