Spécial Marche verte

Ramadan est à nos portes : la vie au rythme du mois sacré

Le ramadan est un mois sacré. C'est aussi une période de fête et un mois pendant lequel le mode de vie change radicalement au Maroc. Dans la journée, le rythme est ralenti dans la rue et au bureau. Le soir, les Marocains veillent tard. Une ambiance de fêt

24 Octobre 2003 À 21:01

Dans la vie pratique, les horaires de travail raccourcissent et l'on passe à la journée continue, de 8h à environ 15h. Certaines écoles se mettent à l'heure "ramadanesque" ainsi que les commerces, qui ouvrent généralement vers 10h, ferment 1⁄2 h avant le F'tour et rouvrent une heure après, jusqu'à 22h.

Les Marocains ont pris l’habitude de faire leurs provisions de certaines denrées alimentaires comme la viande, le lait ou le sucre à l'avance car soit leur prix tend à fortement augmenter, soit ces produits sont en rupture de stock ! Cependant, les pouvoirs publics n’ont pas cessé de clamer fort que cette année il n’y aura pas de problème d’approvisionnement en produits de grande consommation.
Ramadan est le mois où les femmes sont débordées, car les habitudes culinaires changent. Un repas de F'tour est riche et se compose de plusieurs mets. C’est aussi le mois où l’on visite le plus les membres de la famille et le F'tour est l'occasion de recevoir les invités et les amis dans une atmosphère de fête.

C'est le mois où l'on invite le plus à la maison. On reçoit généralement en tenue traditionnelle. Après la prière, on s'invite en famille ou entre amis pour déguster le plat principal en commun. Convaincus que le Ramadan est un mois de la Baraka, les citoyens n’épargnent aucun effort pour vivre une ambiance de fête en cette période bénie malgré les contraintes financières qu’elle suppose. Une demi-heure avant la rupture du jeûne, les rues se sont vidées très rapidement. Une des habitudes des soirées du Ramadan est le feuilleton de la télévision marocaine. Beaucoup de familles suivent ces histoires jour après jour. On écoute également beaucoup de Coran et des chansons religieuses.

Selon les goûts et les habitudes des familles, un petit-déjeuner ("shour") peut aussi être préparé vers 4h du matin et permettra d'affronter la journée qui s'annonce. Les nuits sont courtes et la fatigue se fait sentir dans les derniers jours. Tout au long de la journée, les marchés connaissent une affluence populaire qui dépasse les jours normaux. Les pâtisseries sont excessivement fréquentées. A partir de l’après -midi, les boulangeries regorgent de fils d'attente interminables. De nombreux magasins de restauration, habituellement complets à l’heure du déjeuner ferment leur porte et n'ouvrent qu'à partir de 17 heures. Il arrive souvent qu’à l’approche de l’heure de la rupture du jeûne, certains perdent leurs nerfs. Les conducteurs, par exemple, quand ils ne vous insultent pas, roulent à tombeau ouvert. Pendant le Ramadan, il est recommandé d'éviter les excès alimentaires, de garder un style de vie sain, notamment d'essayer de dormir aux alentours de minuit si possible et de prendre une légère somme avant le lever du soleil.

Aucune pénurie

Les pouvoirs publics affirment que le marché intérieur ne connaîtra aucune pénurie en produits de première nécessité au cours du mois sacré de Ramadan. Citant des statistiques recueillies auprès de certaines unités de production, importateurs et administrations concernées, une note du ministère de l'Industrie, du Commerce et des Télécommunications relève que le marché national connaîtra un approvisionnement normal et régulier en produits de large consommation lors du mois sacré de Ramadan. Conformément aux hautes directives Royales, toutes les dispositions ont été prises pour l'approvisionnement de l'ensemble des régions du Royaume en ces produits et à des prix raisonnables. Aussi, des instructions ont-elles été données aux services chargés du contrôle des prix pour parer à une éventuelle spéculation. Rappelant l'adoption des deux décrets portant sur la révision des taxes douanières appliquées à l'importation du blé et du lait, ils soulignent que toutes les dispositions ont été prises pour faciliter l'importation de certains produits de base. Pour répondre aux besoins du marché national, il a été procédé à une réduction des taxes douanières sur le lait importé de 10 % à 20 % durant la période allant du 15 octobre dernier au 12 novembre prochain. Les responsables observent que la plupart des produits faisant l'objet d'une forte demande durant le mois sacré sont disponibles, en particulier la farine, le sucre, l'huile de table, le gaz butane, le lait, les dattes, le beurre, les légumineuses, les oeufs, le concentré de tomate, le riz et les épices.
A propos du sucre, le disponible (230.082 tonnes) durant le mois de novembre, qui coïncide avec la plus grande partie du mois sacré, couvrira largement les besoins du pays surtout que la consommation mensuelle de ce produit se situe autour de 82.000 T. Le stock actuel en beurre, dont la moyenne de consommation est de 1400 tonnes par mois, enregistrera une augmentation de 50 % pendant le mois sacré, ce qui répondra aux besoins du marché. L'offre en matière de lait sera d'environ 43 millions de litres, alors que la demande pourra atteindre 48 litres.
Concernant l'approvisionnement en oeufs, les mêmes statistiques font état d'une offre pouvant atteindre 220 millions d'unités, ce qui suffira à couvrir la demande.
L'offre disponible en viandes rouges pendant le mois de novembre répondra aux besoins du marché, dans la mesure où elle sera de 24.000 tonnes, alors que la demande pourrait être de l'ordre de 23.000 tonnes. Les viandes blanches connaîtront la même situation dans la mesure où l'offre sera de 24.000 tonnes avec une demande proportionnelle.
Pour ce qui est de l'approvisionnement du marché en légumineuses, le stock suffit pour satisfaire les besoins en ces produits. L'offre en fèves sera de 949.000 QX, alors que la consommation ne doit point atteindre 90.000 QX. La consommation des lentilles, dont l'offre sera de 665.000 QX, pourra être de 50.000 QX. Pour les pois-chiches, l'offre sera de 616.000 QX, alors que la consommation ne dépassera guère 70.000 QX. La production du riz, dont la commercialisation débute en octobre, est de l'ordre 120.000 QX, ce qui représente une couverture de consommation pour toute une année. Les quantités des épices disponibles en plus de celles qui seront importées couvriront largement les besoins du marché, de même que la farine La production des tomates, durant les mois d'octobre et novembre, a atteint 97.000 tonnes, dont 48.000 seront exportées et 49.000 seront commercialisées localement, tandis que les tomates en conserve, dont la production est de 10.000 tonnes cette année, contribueront à répondre largement aux besoins du marché intérieur.
En ce qui concerne les dattes, la production de cette année est de l'ordre de 54.100 tonnes, soit une augmentation de 63 % par rapport à l'année dernière. Selon le ministère de l'Agriculture et du développement rural, les besoins du marché seront satisfaits en ce produit durant le mois de Ramadan.
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