Règles et satisfaction du client : les obligations des chauffeurs de taxis
Parmi les premières choses que voit le touriste, il y a le taxi. C’est même souvent son premier contact. Celui-ci peut s’avérer sympathique et intéressant ou quelquefois décevant. Or le voyageur est en droit d’exiger un « service de qual
LE MATIN
23 Août 2003
À 17:47
Les chauffeurs de taxis sont la seule catégorie au Maroc qui n’est pas représentée au sein des chambres professionnelles puisqu’elle n’est pas sériée au Bulletin officiel. C’est pourquoi, ils se plaignent du nombre élevé d’agréments distribués. Le mode de leur distribution n’est d’ailleurs pas défini. Sur le papier, il est inscrit clairement que l’octroi des agréments de taxi est accordé aux anciens combattants, aux mutilés de guerre, aux veuves des militaires, aux chauffeurs ayant plusieurs années dans le métier avec une conduite irréprochable, ainsi qu’aux handicapés. Pourtant,«on a l’impression que tout le monde peut en bénéficier», avance-t-on. À Casablanca, le secteur des petits et grands taxis emploie à lui seul plus de 70.000 chauffeurs pour un parc automobile estimé à 14.000 voitures de 1ère catégorie et 2e catégorie. Autrement dit, un seul taxi emploie 5 chauffeurs en moyenne qui se relayent de jour comme de nuit.
«C’est beaucoup ! », déclare avec amertume Hassan, chauffeur de petit taxi, depuis déjà une quarantaine d’années. Les agréments de taxi devraient représenter des rentes au profit de leurs bénéficiaires.
L’exemple que vient de donner la ville de Marrakech dans l’organisation de la profession est édifiant à plus d’un titre. Pourvu que l’expérience soit tentée dans les autres villes du Royaume. En effet, une circulaire publiée par la wilaya de la ville ocre impose aux chauffeurs de taxi toutes catégories confondues de respecter quatre consignes : port de badge avec photo, chemise bleu ciel, pantalon bleu nuit et propreté. Ces nouvelles mesures entrent dans le cadre du respect des dispositions de la circulaire du ministère de l’Intérieur datant de 1994, et qui stipule que les chauffeurs de taxi doivent présenter une tenue vestimentaire correcte et une hygiène corporelle, en plus d’un véhicule propre. Ces trois éléments doivent être contrôlés à chaque pointage. De même, le voyageur doit exiger que le compteur soit mis en marche lorsqu’il utilise le petit taxi. Il a le droit de refuser d’autres voyageurs. Il peut exiger de suivre l’itinéraire qu’il désire et non celui qui arrange le conducteur.
En cas de litige, le client peut s’adresser aux autorités compétentes. Une commission au sein de la wilaya se réunit deux fois par semaine pour traiter ces questions. Cette structure existe également dans les autres wilayas, provinces et préfectures du pays. Seulement, l’usager revendique une réglementation du métier. La législation réglementant le secteur est jugée très ancienne. C’est l’arrêté municipal de 1962 qui fixe les conditions d’attribution des licences de taxis et même les personnes qui ne peuvent y prétendre. Bref, le texte relatif à la législation sur les taxis contient 45 articles réglementant la relation entre les usagers, les chauffeurs de taxis et les autorités compétentes. Il définit les normes de politesse et la tenue et l’uniforme que doit porter un conducteur de taxi. Il lui interdit de fumer et de manger pendant le service. Avant l’obtention d’un permis de confiance, le chauffeur est appelé à être un homme de confiance et un professionnel de la conduite. Or, que constatons-nous ? Certains chauffeurs de petits taxis n’ont aucun respect pour les clients. Leur image, se précipitant vers les passagers les plus pressés à la sortie des gares ferroviaires et routières, est devenue une histoire réelle et quotidienne. La rivalité est vive entre eux jusqu’au point qu’ils imposent leur rythme à une circulation déjà mal organisée.
Souvent, ils cherchent à trouver trois clients pour la même destination, utilisent rarement le compteur et conduisent à une vitesse vertigineuse. Même comportement chez le chauffeur de grand taxi qui, en plus, se permet de s’arrêter pour acheter une cigarette qu’il l’allume à l’intérieur de son véhicule et parfois même en présence d’enfants. Quant à l’état mécanique de certains véhicules, force est de constater qu’il s’agit pour plusieurs cas d’une carcasse à quatre roues sans aucun confort pour le client. D’où une grande distorsion entre les véhicules qui peuvent aller du taxi d’occasion fraîchement importé à la vieille Mercedes 240 rafistolée. Le bruit et l’odeur des moteurs Diesel étouffent donc les clients. Du coup, un certain relâchement est constaté chez tous ceux qui sont chargés du contrôle. Dans plusieurs voitures, l’extincteur est absent. Pourtant, la loi exige l’équipement de chaque taxi par un extincteur.
Aujourd’hui, les professionnels demandent la promulgation de nouvelles lois pour régulariser la profession de chauffeur de taxi, la révision des agréments et des permis de confiance.