Rencontre avec Marianne Filali : le rêve marocain
Artiste jusqu'au bout des ongles, Mouna - c'est ainsi que ses intimes l'appellent - a bien du mal à dissimuler derrière un joli minois et une voix joyeuse, une nature extralucide . Portrait.
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LE MATIN
02 Octobre 2003
À 20:26
Produit réussi d'une union franco-marocaine, Marianne prend, à l'âge de huit ans, un aller simple pour l'Hexagone. Pour contenir son tempérament fougueux, on s'empresse de l'inscrire à des cours de danse classique dans une grande école de la Côte d'Azur. Son ardeur faisant le reste, quelques années plus tard elle a le privilège de mettre son sens du rythme au service de la troupe de Prince. Le parcours ne fait que commencer.
On ne peut, dit-on , devenir artiste sans passer par Paris. Elle y débarque à 19 ans, pour aussitôt, décrocher son premier rôle au théâtre dans «Montserrat» aux côtés de Jean Reno, sous la direction de Jean-François Prevand.
Avec ses premiers vrais cachets, et consciente d'avoir achevé sa mue, Marianne rêve de découvrir le monde.
Cette occasion lui est offerte sous la forme d'un contrat de trois ans dans la célèbre série américaine, «Les aventures de l'étalon noir», qui la mène de France au Canada, puis aux Etats-Unis en passant par la Nouvelle Zélande. Au terme du voyage, elle décide de passer trois mois à New York. Elle y demeure cinq ans au cours desquels elle joue à Broadway dans «Chronique d'une mort annoncée» de Gabriel Garcia Marquez, puis au cinéma sous la direction de Woody Allen dans «Maudite Aphrodite» et «Tout le monde dit je t'aime». Après quoi elle élit domicile à Los Angeles où elle travaille exclusivement à la télévision, quand elle n'est pas occupée à donner des cours particuliers de français à la succulente Sharon Stone.
Aussi captivants, soient-ils, le cinéma , la danse, le théâtre et la télévision ne sont jamais parvenus à rompre les liens qui unissent Marianne au Maroc. Bien au contraire, à chaque saison, l'appel de ses racines se fait de plus en plus fort.
Portant en elle une irrésistible envie d'écrire, Mouna est rentrée au bercail. Son vœu est de côtoyer de plus près la société qui a inspiré Fatima Mernissi pour laquelle elle voue une admiration sans bornes.
«Chaque rencontre avec Fatima Mernissi, dit-elle, a été un enrichissement . Même ses silences m'ont été profitables». La grande dame l'aurait fortement encouragée à s'investir dans la marche en avant du pays. Ce à quoi elle fait volontiers écho.
«Ce qui me frappe depuis mon arrivée, il y a deux mois, c'est le rêve marocain que j'ai décelé chez beaucoup de jeunes. Le rêve est le commencement de l'espoir.
Il nous aide à évacuer nos peurs et nous met en condition pour entreprendre. J'ai eu la chance de rencontrer des gens très intéressants, à tous points de vue, qu'animent de nobles sentiments.
Ce qu'il faut, c'est élargir le cercle. Pour ma part, je serais heureuse de partager mon expérience à travers le monde.
Je n'entends pas par là mon expérience dans les spectacles, la vie d'artiste est un privilège. Je souhaite par contre encourager les jeunes, et en particulier les femmes, à être créatives. Cela est une nécessité».
Le hasard, qui fait souvent bien les choses, a voulu que la présence de Marianne au pays coïncide avec le Festival international du film de Marrakech. Elle a hâte d'y être pour rencontrer nos cinéastes et apprécier le niveau de leurs œuvres.
L'art étant la représentation de la vie des hommes, elle en saura un peu plus sur ses concitoyens.