Spécial Marche verte

Sept ans de mariage : « D » comme Désir

Le désir dans un couple marié depuis sept ans : c’est le sujet, difficile, que Didier Bourdon, un des comiques des Inconnus, a choisi pour son premier film en tant que réalisateur. Qu’on se rassure : c’est une comédie pour adultes, mais

15 Juillet 2003 À 18:11

Vous êtes mariés depuis sept ans ? Pas de chance. D’après Didier Bourdon, transformé en conseiller conjugal pour réaliser son premier film, c’est le stade fatidique pour un couple. Sexuellement parlant. Plus de désir : le mari s’échappe en scrutant les jambes des voisines et les sites Internet pornos pendant que la femme s’enlise dans la rigidité, son rôle de mère, et des dessous « nananet », sûrement pratiques mais pas sexy.

Audrey est banquière, fille à Papa et bonne gestionnaire. Alain est gynéco, la mèche en travers, il traite ses patients comme des vaches et paraît obnubilé par son ventre grossissant. Ces parfaits bourgeois sont parents d’une charmante et futée Camille de huit ans et hébergent le frère d’Audrey, un bel homosexuel émancipé.
Alain trouve sa femme très belle mais n’a plus de désir pour elle. Evidemment, c’est elle qu’il inculpe : « elle ne fait pas ce qu’il faut ». Il va donc consulter un ami sexologue. Verdict : le point « G », c’est dépassé. La dernière théorie à la mode c’est le point « D », comme Désir et Dépression.

Pour faire passer Audrey de la Dépression vers le Désir, il faut qu’ Alain l’entraîne sur le chemin de ses fantasmes à lui.
Audacieuse idée immédiatement plombée par un fulgurant manque d’inspiration. Car les fantasmes de Alain se bornent à une brochure de magazine hot : films porno, sex-shop, clubs échangistes. Passé l’évident ressort burlesque qui consiste à montrer un couple coincé découvrant endroits et comportements chauds, on peut s’interroger sur le bien fondé de défendre, pour une femme, l’irrévocable alternative : frigide ou cochonne.

Audrey, d’abord réticente, accepte de se prêter à un certain nombre de jeux jusqu’à terminer miaulant en tenue panthère. D’abord emballé, Alain finit par trouver que la sauce prend trop fort et réprimande sa femme. Quant à ses fantasmes à elle, il n’en est, bien-sûr, pas question.

Impitoyable pour les femmes, Didier Bourdon est encore moins tendre avec les hommes dont les fantasmes sont aussi limités que leur capacité à les assumer. La grande leçon, c’est qu’il y aura toujours un « hiatus » entre les hommes et les femmes mais que sans amour, c’est pas la peine de s’y atteler.
Sept ans de mariage avait le mérite d’aborder la difficile question du désir dans un couple sur le ton de la farce.
Mais le résultat, affligeant de clichés, est loin d’être stimulant : pourquoi avoir cherché une illustration si caricaturale que chacun peinera à s’y retrouver ? Didier Bourdon dit s’être documenté dans les magazines… Il aurait mieux fait d’enquêter autour de lui.
S’il est, dans le rôle d’Alain, bien lourdaud, Catherine Frot est magistrale, une fois de plus. Quant au scénario, c’est du côté de la petite fille qu’il fait les meilleurs efforts, autour d’une question encore plus « sensible » que la sexualité des couples : la sexualité des parents.

Sept ans de mariage, film français de Didier Bourdon avec Didier Bourdon, Catherine Frot, Jacques Weber.
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