Sur quatre enfants bègues, un le restera à l'âge adulte : le bégaiement, un trouble du langage doublé d'handicap social
Les pédiatres rassurent souvent les parents en leur disant de ne pas s'inquiéter lorsque leur enfant bute sur les mots avant l'âge de quatre ans. Ce n'est pas du tout l'avis des médecins spécialisés qui affirment que " sur 100 bègues adultes, 95 ont dév
A deux ans Nabil sait déjà s'exprimer en formulant des phrases qui sont plus ou moins correctes. Sa petite famille est fier de lui ! néanmoins il sont un peu inquiets car ils se sont rendus compte qu'il avait du mal à sortir certains mots. Ils en ont discuté avec son pédiatre qui les a rassurés en leur disant de ne pas faire attention et que les choses s'arrangeront d'elles- mêmes. C'est une erreur à éviter, les thérapeutes spécialisés sont catégoriques : il faut au contraire s'inquiéter lorsque l'enfant trouve du mal à exprimer certains mots. Ce trouble universel dont souffre 1% de la population adulte et 4% des enfants s'installe dans 27% des cas avant trois ans. Donc il y a de fortes chances qu'il s'agisse d'un bégaiement. Contrairement à la croyance populaire, le bégaiement n'a rien avoir avec une maladie contagieuse ou un manque d'intelligence.
Il n'est pas non plus un trouble du langage comme par exemple, d'une dyslexie qui perturbe l'apprentissage de la lecture. Il s'agit d'un trouble de la communication très complexe qui affecte surtout les personnes prédisposées héréditairement. Les spécialistes le définissent comme un embarras plus ou moins grand de la parole, caractérisé par l'hésitation, le débit saccadé, la suspension pénible et même l'empêchement complet et la faculté d'articuler. Il touche quatre fois plus de garçons que de filles et émerge habituellement entre 2 et 6 ans. Certes, lors de l'acquisition du langage l'enfant lui arrive souvent du buter sur les mots. Mais sur quatre enfants qui bégaient, un restera bègue à l'âge adulte. Le vrai bégaiement s'accompagne d'une tension physique et psychologique très forte. Le bégaiement se manifeste par la répétition de syllabes ou de mots complets. Dans la majorité des cas, si la difficulté à s'exprimer persiste, des tensions musculaires peuvent contracter la bouche, la figure et même le corps.
La personne qui bégaie ne regarde plus son interlocuteur dans les yeux, certains signes du trouble se révèlent, tels que clignotement des yeux, mouvements corporels tendus, tension vocale... La personnalité du bègue est, en effet, souvent perturbée : anxiété permanente dans le contact avec autrui, agressivité fréquentes …. Cet état de chose constitue un réel handicap pour la vie sociale. C'est pourquoi il est important de traiter ce trouble au plus tôt, d'autant plus qu'une prise en charge précoce donne d'excellents résultats. Les bègues étant des individus sensibles, émotifs et qui ont des difficultés à montrer leurs émotions, il est inutile de leur dire de faire des efforts car cela peut engendrer l'effet contraire et accentuer l'état d'anxiété dans laquelle il se trouve. L'attitude des parents vis-à-vis de l'enfant est, donc, importante dans l'aggravation du trouble comme de sa guérison. Les proches doivent être compréhensibles en laissant à l'enfant le temps qu'il faut pour s'exprimer, sans lui demander de répéter mais l'aider à finir sa phrase.
Il ne faut surtout pas se moquer ni rire lorsqu'il bloque sur un mot. Si le trouble persiste, il faut s'inquiéter et consulter un orthophoniste, qui pourra proposer les démarches adaptées. Ce dernier apprendra à l'enfant ou à l'adulte à reprogrammer la production de leur parole de façon plus souple. Il donne aussi aux familles et aux proches des outils pour faciliter les interactions communicatives. En effet, la réussite de l'échange implique que la personne qui désire s'exprimer puisse être écoutée avec respect et compréhension. Il faut savoir que le bégaiement ne se guérit pas, mais il peut se contrôler par différentes techniques, notamment la rééducation qui se fait avec l'aide de l'orthophoniste. Cette méthode demeure la seule prévention des troubles affectifs. Il faut surtout insister sur la nécessité d'une prise en charge précoce
Plus le problème est détecté tôt, plus les chances de réussite sont grandes. Toutefois, quel que soit l'âge, il n'est jamais trop tard pour démarrer un traitement.
L'orthophoniste, un allié
Il faut savoir que le bégaiement se traite et que plus on agit tôt, meilleurs seront les résultats. Dès l'âge de 2 ans et demi, un enfant peut être emmené chez un orthophoniste si l'on croit qu'il souffre de bégaiement. Ce professionnel de la santé rencontrera l'enfant, fera une évaluation de la situation et proposera divers moyens d'action. S'il y a des risques de bégaiement, il proposera des activités de prévention.
Si l'enfant bégaie, il entreprendra une thérapie qui vise à réduire les conséquences de ce trouble de la parole. Il travaillera en tous points en étroite collaboration avec les parents. Agir tôt peut contribuer à réduire significativement le bégaiement. Il existe diverses approches d'intervention qui visent à rendre l'enfant, l'adolescent ou l'adulte capable de contrôler son bégaiement. L'orthophoniste les aidera à maîtriser leur vitesse d'élocution et leur proposera divers exercices qui facilitent la production des sons dans divers contextes de communication.
Quelques conseils
Les réactions à éviter
Dire à l'enfant: «Prends ton temps» ou «Parle moins vite».
Demander à l'enfant de prendre une grande respiration.
Dire à l'enfant qu'il bégaie.
Exiger d'un enfant qu'il répète des mots.
Insister pour faire parler un enfant même s'il hésite beaucoup, un jour donné ou dans une période de la journée où il est plus fatigué ou énervé.
Les bonnes habitudes
Laisser du temps à l'enfant pour qu'il puisse parler et créer des conditions qui lui permettront d'avoir assez d'espace pour s'exprimer.
Se mettre à son niveau, lui suggérer de s'asseoir; lui dire que ce qu'il nous raconte est important.
Si nous n'avons pas le temps de l'écouter, lui indiquer que ce n'est pas possible de parler avec lui maintenant mais qu'on le pourra un peu plus tard.
Cela ne sert à rien et tend à catégoriser indûment l'enfant. Utiliser plutôt le terme «hésiter».
Éviter de lui demander de parler beaucoup.
L'orienter vers des activités manuelles qui le calmeront.
Reporter la conversation à un moment plus favorable.