Symbiose entre le maquillage et le vêtement : coiffeurs et maquilleurs, compléments d’objet direct de la couture
Oeil noir profond ou cils emplumés, coiffures architecturées ou lissées, maquilleurs et coiffeurs sont des compléments d’objet direct de la couture à la recherche permanente d’une «symbiose» avec le vêtement. R>
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AFP
05 Juillet 2003
À 19:02
Le maquilleur Stéphane Marais, qui va officier mardi pour Christian Lacroix, explique à l’AFP vouloir se rapprocher «le plus possible du travail du créateur à travers des recherches de textures ou de couleurs, pour créer une symbiose entre le vêtement et le maquillage».
La française Odile Gilbert et l’américain d’origine cubaine Orlando Pita, deux stars mondiales de la coiffure, parlent tous deux d’un «travail global sur la silhouette».
La première, qui officie chez Chanel et Jean-Paul Gaultier, évoque une «vision architecturale» des choses pour être «à la hauteur de la qualité» du vêtement. Le second, surnommé «Angel» par Madonna et qui oeuvrera chez Dior, Givenchy et Ungaro, pense qu’il doit «aider le couturier à achever le look complet auquel il a pensé pour son show».
Pour tous, la collaboration avec les maisons débutent environ trois semaines avant les défilés.
Selon le couturier, le point de départ ne sera pas le même. «Karl Lagerfeld fait de très jolis dessins, Jean-Paul Gaultier ne me donne pas d’esquisse mais des photos pour m’inspirer», raconte Odile Gilbert.
«Le créateur sait faire une robe et a en général une idée de ce qu’il veut pour la coiffure. L’inverse n’est pas vrai. Je ne sais pas faire de robe!», dit modestement cette magicienne du cheveu sur laquelle un livre sortira en octobre aux éditions Steidl.
Stéphane Marais aime justement les défilés pour cela: «Je me fraye un chemin qui me permet de comprendre l’univers du créateur. Chaque défilé est unique et rien ne se ressemble au niveau de mes créations», explique-t-il. «Je peux oser les choses les plus folles et ajouter des éléments d’accessoirisation comme des paillettes ou des plumes».
L’articulation entre maquillage, coiffure et couture semble simple à priori. L’un comme l’autre soulignent qu’une tenue épurée permet plus d’extravagance dans le maquillage ou la coiffure alors qu’une tenue plus sophistiquée engendrera plus de naturel.
Mais quand il s’agit par exemple de John Galliano, directeur artistique de Dior femmes, les mannequins sont extravagants de la pointe des pieds à la racine des cheveux. Orlando Pita qui, comme les autres, travaille beaucoup pour des campagnes publicitaires ou des magazines de mode, dit lui-même que «c’est en haute couture (qu’il est) probablement le plus créatif».
Alors comment se définissent-ils ? «Je suis une interprète, dit Odile Gilbert. Le coiffeur ne doit pas avoir de problème d’ego. Le vêtement doit toujours rester le plus important. La coiffure ce n’est pas de l’art mais de l’artisanat». Un sentiment partagé par Orlando Pita qui estime «faire partie d’une équipe poursuivant un même but».
Stéphane Marais, lui, se sent à la fois «un artisan des couleurs, un interprète de la beauté et un créateur parce que chaque maquillage est une nouvelle oeuvre».
Quelques jours avant les défilés, chacun réalise des essais pour que le jour J, «on sache ce qui va se passer, toutes les erreurs ayant été faites avant!», résume Odile Gilbert.
Chacun arrive avec son armada: Stéphane Marais avec 15 assistants formés préalablement au style et à la ligne de produits choisis, Odile Gilbert avec entre 20 et 30 personnes pour s’occuper de 60 à 80 mannequins.
Pour un défilé prévu à 10H30, comme ce sera le cas pour Chanel, «il nous faudra arriver à 5H30», soupire d’avance Odile Gilbert.
L’été 2004
La mode masculine pour l’été 2004 a défini, lors des collections présentées pendant quatre jours à Paris, un nouveau chic, symbolisé par un travail de recherche sur la coupe et les couleurs, à l’opposé des influences streetwear ou militaire en net retrait.
Suivi à la lettre ou dépassé, l’esprit tailleur a frappé cette saison. Les lignes se sont faites encore plus droites, plus appuyées, sonnant en quelque sorte la revanche du costume, même s’il ne se prend pas au sérieux en général, sur le baggy ou le treillis. Même Martin Margiela, maître incontesté du vêtement de récupération, propose une ligne qui n’a paradoxalement jamais autant respiré le sur-mesure et le luxe. Les jeux de carreaux ou les cotons panama se chargent de décontracter ce vestiaire si particulier.