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Tentative d'élimination du leader palestinien, cheikh Ahmad Yassine : Israël décidé à poursuivre une guerre sans relâche contre le Hamas

L'armée israélienne a confirmé hier avoir tenté d'éliminer le leader du Hamas, cheikh Ahmad Yassine, lors d'un raid aérien à Ghazza et averti qu'Israël poursuivrait sa «guerre sans relâche» contre le mouvement islamiste.
>«Les forces de sécurité israéli

06 Septembre 2003 À 18:57

L'armée israélienne «continuera de mener une guerre sans relâche contre le Hamas et les autres organisations terroristes», ajoute le bref communiqué.
«Israël a annoncé le 19 août après l'attentat suicide de Jérusalem qu'il agirait contre les têtes des organisations terroristes et l'opération de samedi s'inscrit dans cette ligne d'action», a déclaré pour sa part le directeur adjoint du ministère des Affaires étrangère Gidéon Méir.

C'est la première fois qu'Israël tente d'assassiner cheikh Yassine, alors que d'autres responsables politiques du mouvement et ses chefs militaires ont été la cible «d'opérations de liquidation» dans le passé.
Un autre dirigeant du Hamas, Ismaïl Abou Chanab, avait été tué le 21 août dans un raid, en réponse à l'attentat suicide à Jérusalem.
«Nous sommes décidés à poursuivre ces actions et aucun chef du Hamas ne bénéficiera de l'immunité», a ajouté le porte-parole gouvernemental israélien. Il a affirmé à l'AFP que l'attaque aérienne de samedi avait un caractère «chirurgical» impliquant que l'aviation israélienne avait fait tout son possible pour que le raid ne fasse pas de victimes innocentes.

Cheikh Ahmed Yassine, a été légèrement blessé à l'épaule droite dans ce raid, selon de sources sécuritaires et médicales palestiniennes.
Le dirigeant du Hamas âgé de 67 ans, paralysé et ne se déplaçant qu'en fauteuil roulant, se trouvait avec un autre responsable du Hamas, Ismaïl Haniyé, dans un appartement visé par le raid dans le centre de Gaza, selon M. Haniyé.
Dix-sept autres personnes, pour la plupart des femmes et des enfants, ont été blessées dans le raid, selon des sources médicales.

Cheikh Yassine, 67 ans, figure emblématique du Hamas

Cheikh Ahmed Yassine, 67 ans est le fondateur et le guide spirituel du mouvement intégriste Hamas, qui a revendiqué des dizaines d'attentats anti-israéliens meurtriers. Cheikh Yassine a été légèrement atteint à l'épaule droite dans le raid, qui a visé un appartement dans lequel il rendait visite, en compagnie de son principal collaborateur, Ismaïl Haniyé, à un professeur de l'université islamique de Gaza.
Malade depuis des années, il est la figure emblématique des intégristes palestiniens et son portrait s'étale partout dans la bande de Gaza. Il répète à l'envi que le Hamas n'arrêtera les attaques suicide qu'à la condition que l'armée israélienne cesse "de tuer des femmes, des enfants et des civils innocents".
Le dernier attentat en date revendiqué par le Hamas avait fait 22 morts israéliens le 19 août dans un bus bondé à Jérusalem.
Petit, portant la barbe et la calotte blanche des islamistes, le fondateur du Hamas, acronyme en arabe du Mouvement de la Résistance islamique, est paralysé des deux jambes depuis l'âge de 12 ans. Il avait reçu un mauvais coup à la colonne vertébrale en jouant au football dans le camp de réfugiés de Chatti dans la bande de Gaza, où il habitait. Depuis, son oeil vif et très mobile et sa voix haut perchée contrastent avec son corps inerte, et il se déplace sur une chaise roulante. Ce père de onze enfants fait partie des réfugiés expulsés du territoire qui forme aujourd'hui Israël lors de la première guerre israélo-arabe, en 1948.
Il est né en 1936 à Majdel, près d'Ashkélon. En 1948, son village, comme nombre d'autres, est rasé par les forces juives et il se retrouve dans la bande de Gaza, où il termine ses études secondaires.
Malgré sa paralysie, il part au Caire où il passe un an à l'université Aïn Chams. Faute d'argent, il doit interrompre ses études. Mais il y rencontre des fondamentalistes du mouvement des Frères musulmans. Dans les années 1970, il fonde sa propre organisation, le Moujama al-Islami, et commence à recruter des jeunes épris d'action.
A l'époque, Israël laisse faire, et même encourage en sous-main, les intégristes qui étendent leur influence dans la bande de Gaza, afin de faire pièce au mouvement Fatah de Yasser Arafat.
Au début des années 1980, dans la foulée de la révolution iranienne, cheikh Yassine crée une organisation intégriste plus radicale, Majd el-Moudjahiddine (gloire des combattants de l'islam). Mais il est arrêté en 1984 et condamné pour détention d'armes et d'explosifs. Il ne restera en prison qu'un an, car il est libéré dans le cadre d'un échange de prisonniers.
Il va alors bâtir patiemment une nouvelle organisation, le Hamas, qui proclame son existence le 14 décembre 1987, au début de la première Intifada.
Arrêté en mai 1989 par Israël, il est condamné à la prison à vie en octobre 1991. A ses juges, il lance: "le peuple juif a bu au verre de la souffrance et a vécu dispersé dans le monde. Aujourd'hui, c'est le même peuple qui veut forcer les Palestiniens à boire à ce verre. L'histoire ne vous pardonnera pas et Dieu nous jugera tous".
Il sera libéré début octobre 1997 et banni en Jordanie après huit ans et demi de détention sur une intervention du roi Hussein de Jordanie. Ce dernier, outré par une tentative des services secrets israéliens d'assassiner à Amman le chef du bureau politique du Hamas Khaled Mechaal, obtiendra la libération de cheikh Yassine contre celle des deux agents israéliens arrêtés en Jordanie.
Après un bref séjour dans un hôpital d'Amman, cheikh Yassine regagne Gaza. Il entretient depuis des relations en dents de scie avec l'Autorité palestinienne de Yasser Arafat, qui l'a brièvement placé en résidence surveillée à deux reprises, en décembre 2001 et juin 2002.
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