Un soldat américain tué : enterrement des deux fils de Saddam Hussein
Les deux fils de Saddam Hussein, tués dans un raid américain il y a 12 jours, ont été enterrés samedi à Aujah, village natal du président irakien déchu, alors qu’un soldat américain a été tué dans une nouvelle attaque au nord de Baghdad.
>A Aujah,
“Nous avons transporté les corps dans la mosquée du cimetière. Nous avons récité la prière des morts et nous les avons enterrés dans le caveau familial” à Aujah, à 15 km de Tikrit, a indiqué Thawrah Abed Bakr. Les trois corps reposent à côté du mausolée de Soubha Tilfah, la mère de l’ancien dictateur.
La porte du cimetière est ouverte et à l’intérieur une dizaine d’hommes prient, certains ont les larmes aux yeux et d’autres pleurent. L’un d’eux cache son visage avec un keffieh. Puis tous remontent dans un minibus et s’en vont sans dire un mot.
“Ce sont des membres de la tribu de Saddam Hussein qui viennent prier et peut-être feront-ils plus tard pour eux un mausolée comme pour la mère du président” déchu, dit un habitant, Mohammad Ali.
Les deux fils et le petit-fils de Saddam Hussein ainsi qu’un garde du corps ont été tués le 22 juillet lors d’un assaut lancé par les troupes américaines contre une maison dans laquelle ils étaient cachés à Mossoul (nord de l’Irak), à la suite d’une alerte d’un informateur irakien. Mme Abed Bakr a affirmé avoir été mise au courant jeudi des préparatifs d’enterrement et qu’elle avait été le lien entre la coalition américano-britannique qui a remis les corps au Croissant-Rouge et les proches des deux frères.
“Les corps sont arrivés en hélicoptère à l’aéroport de Tikrit à 09H30 locales (05H30 GMT). J’ai pris des membres de la tribu de Saddam et des oncles et je me suis rendue à l’aéroport. J’ai reçu trois cercueils métalliques ainsi que les formulaires” d’identification des corps, a-t-elle précisé.
Dans leur lutte contre la “guérilla”, les troupes américaines en Irak ont perdu un nouveau soldat vendredi soir. “Un soldat de la 4ème division d’infanterie a été tué et trois ont été blessés lorsque leur convoi a été la cible d’une attaque au RPG au sud de Shumayat”, entre Balad et Tikrit, au nord de Baghdad, a indiqué un porte-parole de l’armée.
Au moins 53 militaires américains ont été tués au combat en Irak depuis le 1er mai, date à laquelle le président George W. Bush a annoncé la fin des opérations militaires majeures. En outre, 56 soldats sont morts hors combat.
Par ailleurs, un inconnu a jeté vendredi soir un engin explosif à partir d’un pont sur un convoi de six véhicules circulant sur une voie express à Baghdad. Des soldats américains, en situation d’autodéfense selon l’armée, ont alors ouvert le feu tuant une Irakienne. Ces nouvelles attaques antiaméricaines surviennent alors qu’une nouvelle bande sonore, attribuée à Saddam Hussein et diffusée vendredi par la télévision qatariote Al-Jazira, a appelé les Irakiens à poursuivre la résistance. La CIA a estimé que ce message était probablement authentique.
L’armée américaine a diffusé vendredi cinq photos retouchées du président déchu, présentant un visage chaque fois différent qu’elle a distribuées aux soldats américains en Irak. Saddam Hussein reste introuvable depuis la chute de son régime le 9 avril. Une prime de 25 millions de dollars a été promise pour toute information menant à sa capture.
La fille aînée de Saddam Hussein, Raghad, 35 ans, qui a trouvé refuge jeudi avec sa soeur Rana et leurs neufs enfants à Amman, a accusé des responsables de l’ex-régime d’avoir “trahi” son père, causant la chute de Bagdad. Elle a affirmé avoir vu son père pour la dernière fois “cinq jours avant la guerre” déclenchée le 20 mars.
Les deux filles de Saddam ont évité de vilipender leur père traqué
Les deux filles du président irakien déchu Saddam Hussein ont évité de vilipender leur père traqué, pourtant responsable de leur veuvage, parce qu’elles ne veulent pas augmenter ses difficultés, ont-elles affirmé à Amman.
Dans deux interviews successives vendredi au palais des hôtes à Amman où elles ont trouvé refuge depuis jeudi avec leur neuf enfants, Raghad et Rana Saddam Hussein, ont décrit leur père dans des termes élogieux.
“C’était un excellent père. Il nous aimait d’une manière hors du commun. Il aimait surtout ses filles”, a dit Raghad à la télévision satellitaire arabe Al-Arabiya.
“C’était un père aimable vers qui nous pouvions toujours aller pour demander conseil. Il avait un très grand coeur”, a de son côté affirmé Rana à la chaîne américaine CNN.
Mais lorsque la correspondante de CNN leur a demandé, “comment pouvez vous réconcilier ce que vous décrivez comme étant un père aimable avec la conviction qu’il était responsable directement de la mort de vos époux?”, les deux soeurs ont évité de répondre directement. “Les blessures sont trop profondes pour commencer une telle discussion, surtout qu’il (Saddam Hussein) est maintenant dans une situation compliquée et il n’attend que ses deux filles lui livrent une guerre. Si vous le permettez je ne vais pas répondre à votre question”, a affirmé Raghad.
Scénario semblable, lorsque CNN leur a demandé de s’exprimer sur la mort de leurs frères Oudaï et Qoussaï, tués le 22 juillet dans un assaut américain contre la maison dans laquelle ils se cachaient à Mossoul (nord), avec qui elles avaient des relations tendues.
“Excusez-moi, je ne répondrai pas à cette question. C’est tellement difficile pour moi d’y répondre”, a dit Raghad.
Raghad et Rana étaient mariées respectivement à Hussein Kamel Hassan et son frère Saddam Kamel Hassan, qui avaient fait défection en Jordanie en août 1995 avec elles et les enfants, leur autre frère Hakim et une trentaine de membres de leur famille.
Le groupe était retourné en Irak le 20 février 1996 où les trois frères, leur père, la soeur qui les avait suivis en Jordanie et ses quatre enfants, une autre soeur et son fils, ont tous été assassinés trois jours plus tard.
“Notre sortie (d’Irak) était une erreur et notre retour (en Irak) était une erreur plus grande. Il aurait fallu qu’on ne sorte pas ou bien qu’on sorte” sans revenir, a confié Raghad à Al-Arabiya.