Une tempête de sable bloque les forces alliées
La progression vers Baghdad de centaines de chars et de véhicules des Marines américains a été bloquée mardi par une violente tempête de sable, alors que le président George W. Bush déclarait que les opérations militaires engagées en Irak faisaient généra
Au sixième jour de la guerre, M. Bush a demandé au Congrès un collectif budgétaire de 74,7 milliards de dollars pour financer le conflit et des mesures de protection contre les attentats aux Etats-Unis.
Evoquant la situation militaire, M. Bush a affirmé que les forces américano-britanniques engagées en Irak continuaient dans l'ensemble à progresser. "Les forces de la coalition avancent régulièrement. Nous faisons de bons progrès", a-t-il déclaré.
Mais la tempête de sable a bloqué la progression de centaines de chars et de véhicules des Marines au nord-ouest de la ville de Nassiriyah (350 km au sud-est de Baghdad). Les opérations aériennes de la 101ème division aéroportée américaine ont également été interrompues.
Par ailleurs, deux hélicoptères de combat américains, un Apache et un Black Hawk, étaient portés disparus dans le sud de l'Irak, où la visibilité était réduite en raison de la tempête de sable, selon un officier supérieur américain accompagnant l'unité aérienne Bravo, sous le commandement de la 3ème Division d'infanterie, qui se trouvait au sud de Nassiriyah.
Quelque 4.000 Marines ont franchi mardi l'Euphrate à la hauteur de Nassiriyah.
Le port d'Oum Qasr, seul débouché irakien sur la mer, est désormais sous "le contrôle total" des forces de la coalition anglo-américaine, a assuré une source militaire britannique de haut rang. Plus de cent cadavres d'Irakiens étaient visibles à la sortie de Nassiriyah, sur la route de Baghdad, empruntée par les forces de la coalition après trois jours de combats.
La traversée du fleuve restait encore difficile en raison de tirs à l'arme légère, de lance-grenades antichars et de mortiers effectués par les défenseurs de la ville.
Le plus dur est à venir
A Baghdad, la périphérie de la capitale était soumise mardi soir à de violents bombardements aériens, alors que la tempête de sable recouvrait la capitale d'un épais brouillard limitant la visibilité à quelques dizaines de mètres.
Ces bombardements "continuent d'être concentrés sur des cibles-clés du régime" dans le but d'"affaiblir la Garde républicaine", la force d'élite irakienne, commandée par Qoussaï, le fils cadet du président Saddam Hussein, a expliqué le général américain Stanley McChrystal.
Ces attaques aériennes doivent, selon les analystes, préparer un assaut terrestre contre Baghdad, alors que la troisième division américaine d'infanterie est à moins d'une centaine de kilomètres au sud de la capitale, selon un correspondant de l'AFP accompagnant ces troupes.
Selon un bilan du ministre irakien de l'information, Mohammed Saïd Al-Sahhaf, les bombardements anglo-américains contre Baghdad et d'autres villes ont fait depuis lundi soir 16 morts et 95 blessés parmi les civils.
D'après le ministre, trois hélicoptères de la coalition ont été abattus, plus de trente véhicules militaires détruits et huit soldats ont été tués lors de combats qui se sont déroulés depuis lundi à Mouthana (sud) et Souk Al-Cheyoukh (bien Souk Al-Cheyoukh) (centre).
A Souk Al-Cheyoukh, a précisé M. Al-Sahhaf, les forces irakiennes ont tué huit militaires américains ou britanniques et détruit "trois véhicules militaires".
Il a également fait état d'une bataille féroce dans la ville de Mouthana, qui a duré selon lui jusqu'à environ 10h40 locales mardi (07h40 GMT).
Le plus dur est à venir pour les troupes de la coalition engagées en Irak, a reconnu mardi le chef d'état-major interarmes américain Richard Myers.
Dans le nord de l'Irak, les forces américaines ont bombardé quasiment sans interruption la ville pétrolière de Kirkouk, possible indication de l'ouverture prochaine d'un second front.
Par ailleurs, six navires de guerre américains ont emprunté le canal de Suez pour se joindre à l'armada massée dans le Golfe. Les Etats-Unis ont abandonné leur projet de lancer une offensive terrestre dans le nord de l'Irak à partir de la Turquie. Sur le plan diplomatique, Washington n'a toujours pas réussi à convaincre la Turquie de renoncer à envoyer des troupes dans le nord de l'Irak contrôlé par les Kurdes.
Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a déclaré avoir reçu des assurances du ministre turc des Affaires étrangères Abdullah Gul selon lesquelles "les forces turques n'entreront pas dans le nord de l'Irak".
Par ailleurs, le ministre irakien de l'information a démenti la présence d'experts russes sur le territoire de l'Irak. Lundi, la Maison Blanche avait affirmé avoir des preuves que des entreprises russes avaient livré des armes à l'Irak, une accusation rejetée par Moscou.
Relance des efforts diplomatiques
Au Vatican, le "ministre des affaires étrangères" Jean-Louis Tauran a estimé que la guerre en Irak "provoquera le terrorisme" et donnera naissance "à tous les extrémismes possibles". Le pape Jean Paul II a souligné que "la guerre comme instrument pour résoudre les conflits entre les Etats avait été rejetée par la conscience d'une grande partie de l'humanité bien avant la Charte des Nations unies", adoptée en 1945.
Le ministre allemand des Affaires étrangères, Joschka Fischer, a mis en garde contre "le risque d'une catastrophe humanitaire" en Irak.
Relançant les efforts diplomatiques, le ministre saoudien des Affaires étrangères Saoud Al-Fayçal a annoncé que son pays avait proposé à Washington et Baghdad un plan de paix pour un règlement du conflit en Irak.