Véritable modèle d’urbanisme et d’architecture contemporaine : Casablanca, l’unique !
Casablanca possède un véritable trésor architectural fait d’une fusion entre le style «art-déco» et l’art arabo-mauresque. Une architecture qui constitue une véritable mémoire de la ville. L’association « Casamémoire » travaille aujourd&
LE MATIN
28 Août 2003
À 18:08
« La rencontre de l’art-déco et de l’art arabo-mauresque a donné naissance à une architecture extraordinaire à Casablanca. Rare et même unique dans le monde ». C’est de cette manière que l’architecte Rachid Andaloussi, président de l’association « Casamémoire » (association qui œuvre pour préserver le patrimoine architectural de Casablanca) décrit la ville pour laquelle il se bat, Casablanca.
Une petite déambulation à travers le centre-ville nous met en présence d’une architecture bien particulière. Ainsi, chaque fois que votre regard se porte sur la façade d’un immeuble, vous commencez à entrevoir la richesse et l’étendue du patrimoine moderne de la métropole.
Casablanca rassemble en effet les modèles d’urbanisme et d’architecture de la première moitié du XXe siècle. Le tout constituant un ensemble continu de bâtiments où se côtoient le style « art-déco », exprimé dans le dessin des fers forgés et des zelliges, l’architecture officielle des monuments de la place Mohammed V avec ses arcades et tuiles vertes, et dès les années 30, le fonctionnalisme des constructions dépourvues d’ornement, sans oublier quelques exemples néo-mauresques.
Un véritable style architectural est né dans cette ville. Il s’agit du style « paquebot » à l’image de l’immeuble liberté, qui donne l’impression que c’est un véritable bateau avec des rondeurs et une forme aérodynamique. C’est une architecture pure et fonctionnelle, un peu sobre de l’extérieur, tout comme les bateaux !
La ville nouvelle de Casablanca constitue ainsi un véritable « creuset universel de l’architecture du XXe siècle. Celle qu’on appelle de manière générale l’architecture du monde moderne », nous explique le président de « Casamémoire ». Pour lui, Casablanca est une ville « par laquelle la modernité s’est installée. »
Consciente de cette richesse, l’association se veut un moyen de sauvegarde et de conservation de ce patrimoine architectural pour que la mémoire se perpétue et que ce lègue soit un enseignement pour les générations à venir.
64 bâtiments classés
« Notre plus grande victoire est d’avoir inscrit au classement 64 bâtiments de Casablanca ». A travers ces paroles enthousiastes du président de l’association « Casamémoire », chacun peut entrevoir l’intensité des efforts investis pour préserver le trésor architectural de la ville. Surtout depuis 1995, année qui a vu la démolition de la villa Al-Mokri et de toute une série de destructions. Suite à ces actions, il y a eu un véritable sursaut d’orgueil de la part d’un bon nombre d’associations, et c’est là que « Casamémoire » s’est organisée pour, avant tout, stopper cette hémorragie de démolitions.
Aujourd’hui, l’association s’appuie « sur tout un arsenal juridique qui nous permet de bloquer les démolitions et d’essayer de préserver et de conserver certains bâtiments.»
Comme dans tous les pays du monde, il existe des monuments classés comme témoignage d’une certaine époque. Des monuments qu’il faut d’abord répertorier, puis reconnaître comme des bâtiments d’une certaine importance et ayant joué un rôle important dans l’histoire de l’architecture. A la suite de ces démarches, une demande d’inscription est déposée auprès du ministère de la Culture qui va visiter ces bâtiments et inventorier toutes leurs composantes architecturales pour les sauvegarder. « Une fois que le bâtiment est inscrit, il devient un monument qui peut être habité et même transformé, sans pour autant toucher l’âme et l’essentiel de ce qui fait ledit bâtiment, » nous apprend Rachid Andaloussi, président de « Casamémoire ».
En parallèle à cette action colossale, l’association essaie de sensibiliser les Casablancais au sujet de leur patrimoine architectural par le biais de diverses activités notamment des tables rondes, des conférences, en invitant plusieurs spécialistes dans le monde de la conservation du patrimoine. Toute une armada d’activités pour initier toute personne à pouvoir poser le regard juste ou plutôt le regard d’expert sur chaque bâtiment.
L’action de l’association s’étend également au travail de sauvegarde et de restauration d’un bon nombre de bâtiments, mais de manière individuelle et suite à la demande des propriétaires. L’exemple de la villa des Tourelles, sur la rue d’Alger et également celui de la villa des Arts, transformée en un grand espace de culture, est là pour confirmer la valeur de ces actions. « A chaque fois qu’on voit qu’il y a quelqu’un qui veut créer un musée ou une fondation, on l’oriente vers ces villas.
Ville touristique
On va dans le sens où il faudrait respecter l’architecture initiale d’un bâtiment, tout en ayant la possibilité de lui changer sa vocation. Si c’est une habitation qui devient un restaurant, cela ne pose pas de problèmes. Ça profiterait au contraire à tout le monde, ça devient un lieu public que tout le monde peut visiter. »
Faire de Casablanca un produit touristique et culturel reste l’ultime objectif de tous. Les touristes viendraient ainsi apprécier l’architecture que le Maroc a produite dans son ère de modernité où Casablanca a été en phase avec les plus grandes métropoles du monde, New York ou Paris par exemple. « Casablanca a même produit beaucoup plus dans ce style que beaucoup d’autres villes. C’est une ville qui a donc sa place sur le plan universel.
Ce qu’on revendique pour pouvoir ancrer cette architecture, c’est une école d’architecture à Casablanca. Mais ce dont on a aujourd’hui besoin et que je veux demander aux élus et aux futurs maires de la ville est de nous faire un musée de Casablanca.»