Violence à l'égard des femmes : la partie émergente de l'iceberg
La violence contre la femme est une réalité vécu au quotidien dans la société marocaine. Les données statistiques sur la violence à l'égard des femmes ne sont que le reflet visible d'une quantité considérable d'actes de violence non-déclarés, cachés, tus,
LE MATIN
19 Novembre 2003
À 15:10
En Espagne, le réseau féminin d'Organisations contre la violence de Genre qui rapporte que 86 femmes ont perdu la vie depuis janvier dernier en Espagne, à la suite de querelles domestiques. La même source signale que 29 femmes ont péri après avoir été agressées par leurs époux, 21 autres ont été assassinées par leurs compagnons et 11 autres ont péri à cause de la violence de leurs ex-fiancés ou ex-compagnons.
Trois femmes ont été tuées par leurs ex-époux. La violence au sein de la famille a coûté aussi la vie à trois femmes agressées par leurs beaux-parents, à deux femmes qui ont été tuées par leurs fils et à deux femmes qui ont été agressées par leurs parents. Selon des organisations féminines, 10 autres femmes ont été tuées dans des circonstances non encore déterminées, ce qui porte à 96 le nombre de femmes tuées dans des conditions violentes en 2003. Au Maroc, aucun chiffre n'a été encore avancé. Il semble qu'on ne dispose pas de statistiques sur le sujet ni auprès des tribunaux ni dans les commissariats.
L'on se souvient que trois centres d'aide à la femme violentée - le Centre FAMA, le Centre Al-Nejma («L'étoile») et le Centre Al-Istimaa («L'écoute») ont enregistré 7712 cas de violence en trois années. Ce n'est qu'une partie des cas de violence contre la femme. Les violences ont été classées. Ainsi, 1915 cas de victimes de violence psychologique ont été enregistrés, soit 24,73% de l'ensemble des violences. Viennent juste après, les violences physiques, avec 1774 violences, soit 22,94% de l'ensemble des violences. Et en fin, la violence morale représente la troisième forme la plus grande des violences des droits de la femme.
Le nombre des cas s'élève à 1555, soit 20,13% de l'ensemble des violences. Les atteintes à la pudeur et à l'intégrité physique constituent les actes de violence les plus fréquemment commis à l'encontre de la femme, indique une enquête statistique menée à l'initiative du ministère de la Justice avec l'appui du Fonds des Nations unies pour la Population (FNUAP) dans la circonscription juridictionnelle de Casablanca.
Selon cette enquête-pilote, 64% des infractions criminelles jugées (234 affaires) par les différents tribunaux casablancais concernent des atteintes à la pudeur au moment où 65% des infractions délictuelles jugées (3830 affaires) portent sur des atteintes à l'intégrité physique.
Il ressort également de cette étude que les femmes âgées entre 20 et 29 ans représentent 27% des victimes de ces actes de violence, celles ayant entre 30 et 39 ans constituent 25%, alors que 16% ont entre 40 et 49 ans, 16% moins de 19 ans et 17% plus de 50 ans.
Concernant l'état matrimonial des victimes, celles-ci sont constituées de 48% de femmes mariées, 31% de célibataires, 11% de veuves et 10% de divorcées, indique en outre l'étude. Quant aux personnes qui ont été poursuivies pour actes de violence contre des femmes, elles sont 39% à être âgées entre 20 et 29 ans, 30% entre 30 et 39 ans, 15% entre 40 et 49 ans, 8% âgées de moins de 18 ans et 7% de plus de 50 ans. Parmi les agresseurs, l'enquête fait état de 44% de personnes mariées, de 50% de célibataires, de 5% de personnes divorcées et de 1% de veuves. Selon une enquête récente de la Ligue démocratique pour les droits de la femme, 22 % des femmes marocaines sont mariées dans le cadre de mariages «arrangés» par la famille, dont 8 % contre leur gré.
L'enquête a porté sur un échantillon de 1510 femmes issues des milieux rural et urbain.
Bon nombre subissent en silence leur quotidien de violence. La violence dans le couple revêt toutes les formes. Elle n'est pas seulement physique, mais elle use et déstabilise toujours la femme qui en est la victime. Une femme sur cinq a subi de la violence physique dans sa vie de couple. Deux femmes sur cinq ont connu de la violence psychologique…
Aujourd'hui, le Maroc, signataire de la convention internationale pour l'élimination de toutes les formes de violence à l'égard des femmes, déclenche tout un processus de réformes en vue de combattre la violence sous toutes ses formes, partant de la violence psychologique en raison du non-paiement de la pension alimentaire, passant par la violence physique, allant jusqu'à la violence morale.