Spécial Marche verte

Visite à Sidi Abderrahmane : un lieu de recueillement et de détente

Une grande bâtisse blanche prenant plusieurs formes, des rochers, et un grand parking comme seul décor pour accueillir les personnes qui viennent se recueillir auprès de la tombe du Saint le plus en vogue à Casablanca : Sidi Abderrahman.
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19 Septembre 2003 À 19:32

Il est sans doute clair que la visite des marabouts et des saints fait partie des us d’une frange de de la société marocaine. Moulay Bouchaïb, Moulay Brahim, Sidi Abderrahmane ; chacun de ces noms évoque une histoire qui intéresse certaines personnes plus que d’autres. Une petite visite à Sidi Abderrahmane par exemple nous transporte dans un monde bien particulier.

Une fois devant le fameux sidi Abderrahmane repérable par tous, petits et grands puisqu’il est situé sur l’un des boulevards les plus fréquentés de la ville, la corniche de Ain Diab, tout paraît calme et tranquille. En effet, des femmes, des hommes et des enfants s’y promènent, y jouent ou y bavardent. Certes, le motif de leur visite diffère : il y a ceux qui s’y rendent pour la baraka, car dans leurs pensées c’est un « bon monsieur » qui a beaucoup de pouvoir. « J’y viens depuis que j’ai 7 ans avec mon père et ma mère et maintenant j’emmène mes filles avec moi, il va les aider à avoir un bon avenir et un bon mari » nous confie l’air tout à fait convaincu, une dame. A chaque visite qui demande une grande organisation, elle ramène avec elle des bougies dont les couleurs changent selon la circonstance. Parfois, quand elle peut, elle apporte aussi des offrandes, car selon elle, si cet homme pieux ne réclame pas de l’argent, des cadeaux doivent lui être ramenés et selon d’autres personnes « c’est pour éviter qu’il se mette en colère ».

Une fois les grandes marches franchies et où des mendiants avec leurs instruments de musique accueillent les visiteurs répétant à longueur de journée quelques paroles de chansons, se trouve une grande chambre où le tombeau du saint repose en toute quiétude. Un grand tissu vert le couvre pour le protéger. Sur le parterre des bougies de couleurs multiples sont allumées. Vertes, jaunes et rouges. Chacune symbolise une requête, mauvais œil, malheur... Un peu plus loin, des petites chambres qui ont pour porte un rideau et où de jeunes demoiselles accueillent les visiteurs pour leur offrir des séances de voyance et vous prédisent l’avenir. De l’autre côté, il y a une grande cour où de jeunes hommes tenant de grands couteaux proposent pour quelques dirhams et parfois un peu de lait ou des dattes d’égorger l’offrande -souvent des coqs- et de guider tout le rituel. Des poules égorgées, du lait, des olives de différentes couleurs et parfois mêmes de petits agneaux pour n’en citer que quelques uns sont achetés au profit du saint. Lors de notre visite, nous avons rencontré une famille. Une mère accompagnant sa fille âgée de 22 ans « elle a vécu une grande peur et depuis plus de sept ans elle vit avec de terribles maux de têtes », nous raconte la jeune maman qui ajoute : « on m’a conseillé de la ramener ici. Pour cela, il a fallu acheter des olives noires, des dattes, du lait et un coq avec des taches noires ».

Ils ont accepté sans trop de difficultés qu’on les suive étape par étape dans leur visite. Ils ont commencé par visiter le saint et allumer les bougies à côté de sa tombe ensuite ils sont passés de l’autre côté pour égorger leur coq mais avant il a fallu déposer ce qu’ils ont ramené avec eux sous un grand rocher et vint le moment ultime, celui qui va aider la jeune fille à se débarrasser de tous les mauvais esprits. « Ils ont égorgé le coq et mis son sang sur son visage, ses mains et sa tête et le lâcher après pour qu’il s’envole tout en balbutiant des phrases à peine audibles ». Ensuite, il faut revenir auprès du Saint et le prier pour que ce soit une mission réussie et lui promettre de revenir.
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