L'humain au centre de l'action future

Voyage dans le temps, entre Shanghaï, Dubai et samouraï

Du Shanghaï futuriste de «Code 46» de Michael Winterbottom au samouraï aveugle du Japonais Takeshi Kitano, la 60e Mostra de Venise a fait un voyage dans le temps et en Orient avec deux films de genre.
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07 Septembre 2003 À 17:00

Hors compétition, le ton était plus léger avec Nicolas Cage en névrosé obsessionnel, virtuose de l’arnaque, qui initie sa fille aux arcanes de son art, dans «Les associés» (Matchstick Men), une comédie de Ridley Scott, bercée par les chansons de Frank Sinatra. Takeshi Kitano, lauréat d’un Lion d’or pour «Hana-Bi», rend hommage à Akira Kurosama, le réalisateur des «Sept samouraïs», et au film d’épée, avec «Zatoichi», un film à l’humour aussi noir noyé dans des flots d’hémoglobine rouges.

Kitano interprète lui-même Zatoichi, un vagabond aveugle, qui gagne sa vie en faisant des massages et en jouant. Son arrivée dans un petit village, soumis au rackett et à la loi d’un homme impitoyable et de ses séides, va entraîner pas mal de rebondissements. Car ce vagabond à l’air inoffensif est en fait un virtuose de l’épée, aussi rapide que l’éclair.
«J’ai mis pas mal de sang», a reconnu le réalisateur de «Violent Cop» et «Sonatine mortelle», jusque là plus adepte des armes à feu. «Quand on tue à l’épée, le sang gicle. S’il y en beaucoup, on ne ressent plus la douleur. C’est pour ça que j’ai quelque peu exagéré», a dit le cinéaste aux cheveux blond platine comme Zatoichi.
Après «Dolls», où il jouait aux marionnettes, griffées par le styliste Yoji Yamamoto, Takeshi Kitano joue pour la première fois au samouraï, en enfilant le costume du mythique Zatoichi, héro populaire d’une bonne trentaine de films et téléfilms.


Pour «renouveler la forme classique du genre», le réalisateur a créé un personnage beaucoup plus excentrique et mis de l’humour, «comme une pause café pour se relaxer», dans un film où le cliquetis des lames finit par se confondre avec le «tip tap» de danseurs de claquettes en kimono et en sabots.
«Zaitochi» a été plus applaudi au Lido que «Code 46», une histoire d’amour dans un futur froid et indécis, qui mêle les ingrédient du thriller, le danger des manipulations génétiques et des virus et l’obsession sécuritaire. Le prolifique et éclectique Michael Winterbottom, âgé de 42 ans, a reçu l’Ours d’or, en février dernier, au festival de Berlin pour «In this world», l’odyssée tragique de deux jeunes Afghans qui tentent de gagner l’Angleterre, un film tourné avec une petite caméra numérique, en suivant la route des clandestins.

Pour «Code 46», il est allé à Shanghai (pendant l’épidémie de SARS), Dubai et Jaipur, en Inde. Dans cet avenir proche, le monde est divisé entre des grandes villes modernes, où la population dument enregistrée vit dans des appartements aseptisés, et de vastes zones désertiques où sont rélégués les exclus, les sans papiers.
William (l’Américain Tim Robbins) est envoyé à Shanghai pour enquêter parmi les employés de la société Sphynx à propos d’un vol de papiers. Il soupçonne Maria Gonzalez (Samantha Morton, qui jouait dans «Minority Report») et, pourtant, il va se laisse entraîner dans une histoire d’amour sans issue...
Pour le réalisateur, ce film «ne donne pas une vision si différente de +In this World+. «C’est une vision parallèle. Tout cela se passe déjà aujourd’hui avec les camps de réfugiés, les personnes déplacées, les contrôles aux frontières. Ce sont deux films qui vont de pair», a déclaré Michael Winterbottom au Lido.

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