"Mon Amérique à moi " de John Kerry : si je suis élu Président …
Le programme est ambitieux, les promesses sont légion et la volonté d’en découdre avec le passé et son passif est palpable à travers les 262 pages de "Mon Amérique à moi", ouvrage que vient de publier John Kerry, le candidat à la présidence à la Mai
LE MATIN
07 Octobre 2004
À 15:36
Il porte des initiales célèbres. JFK. Comme son illustre prédécesseur, il promet à l’Amérique de profondes réformes économiques et sociales. En un mot, un avenir meilleur, ou plutôt une révolution tranquille. John Forbes Kerry, le candidat démocrate à l’élection présidentielle américaine dévoile, dans son ouvrage «Mon Amérique à moi», son programme politique, ses convictions et ses espoirs. Il n’y va pas de main morte pour mettre à nu la politique de son adversaire.
Il pointe du doigt toutes les faiblesses, les carences et les faux fuyants de l’administration Bush. «Au nom de l’idéologie, et pour défendre des intérêts égoïstes, l’administration Bush a systématiquement détruit la quasi-totalité de ce que le gouvernement avait réalisé dans les années 90, que ce soit en matière de protection de l’environnement, de relations internationales, d’investissements dans la recherche scientifique et technologique fondamentale, de rigueur budgétaire ou de détermination à instaurer une société plus juste, assurant des chances équitables à tout le monde».
En quelques phrases bien senties, le candidat démocrate a démoli le bilan des quatre ans de présidence de Bush. Rien ne trouve de grâce à ses yeux. Kerry relève les limites de la politique développée par les Républicains depuis 2000. Que ce soit en matière de sécurité sociale, de couverture médicale, de santé, d’éducation, d’environnement, Bush, insiste le candidat démocrate, n’a tenu aucune des promesses formulées lors de la campagne présidentielle.
Il y eut même de flagrants retours en arrière, des acquis perdus et des mesures politiques désastreuses, souligne John Kerry qui préconise non seulement de changer de président, mais aussi et surtout la façon de gouverner les Etats-Unis. «J’entrevois une Amérique où, dans les temps d’épreuves et de triomphe, de menace et d’espoir, nous ne demanderons pas seulement ce que le gouvernement peut faire, mais ce que nous pouvons faire, comme le Président Kennedy l’a suggéré de façon inoubliable».
Après avoir analysé les raisons intimes qui l’ont poussées à se présenter à l’élection présidentielle, l’auteur de «Mon Amérique à moi» développe en six longs chapitres son ambitieux programme politique et les défis que son gouvernement s’attachera à relever.
La première de ces actions constituerait à protéger l’Amérique et à défendre ses valeurs et ses intérêts. Ce vaste programme permet à Kerry de tracer les grandes lignes de sa politique nationale et étrangère, de dénoncer toutes les erreurs commises pour instaurer la paix et la stabilité dans le monde et la part de responsabilité du Président des Etats-Unis dans l’état actuel de la planète.
Le second défi auquel Kerry promet de s’attaquer, dès son élection, concerne l’accroissement de la prospérité nationale. «L’administration Clinton avait bâti sa stratégie économique sur les quatre piliers suivants : rigueur budgétaire, ouverture du commerce, soutien à l’innovation dans le savoir et les compétences du peuple américain.
L’administration Bush a abattu un par un ces quatre piliers et n’en a érigé qu’un seul à la place. C’est la réduction fiscale au profit des Américains les plus riches». Cette politique, explique John Kerry, a fait la preuve de son inefficacité en matière de création d’emploi et de croissance. «Il est possible d’accroître la prospérité nationale, mais il faut au préalable élire à la tête du pays quelqu’un qui comprenne le fonctionnement d’une économie globale», assure le candidat démocrate.
Le troisième défi concerne la création des établissements d’enseignement de niveau international. La réforme de l’enseignement a été sacrifiée à la priorité absolue de l’administration, explique Kerry. "Si je suis élu Président, la politique éducative de mon administration s’attachera en priorité à relever le niveau des écoles publiques en leur accordant les moyens et la souplesse nécessaires pour réussir", assure-t-il en développant, dans ce sens, un programme ambitieux.
La santé et la couverture médicale sont le quatrième défi qui préoccupe le candidat à la présidence des Etats-Unis. Les propositions développées par Kerry ont pour objectif de donner à l’ensemble des Américains une assurance-maladie abordable, de maîtriser la hausse vertigineuse des dépenses en réduisant le prix des médicaments et enfin de réduire les coûts en réduisant les tâches administratives pour économiser 350 millions de dollars par an.
Le cinquième défi du programme Kerry est relatif à la préservation de l’environnement et l’accès à l’indépendance énergétique. Là aussi, insiste le candidat démocrate, «le Président Bush et ses collaborateurs conduisent notre pays dans une mauvaise direction…». La redynamisation de la démocratie et de la citoyenneté sont le sixième et dernier défi d’un vaste programme politique axé sur la volonté de mieux servir le pays. Le 2 novembre, deux styles de gouvernance devront s’affronter. Le duel sera sans merci.
"Mon Amérique à moi" de John Kerry, 262 pages, Ed.Fayard