Spécial Marche verte

A cause du piratage informatique des films : 14 salles de cinéma ont mis la clé sous le paillasson au Maroc

Le phénomène est inquiétant. Le piratage des films via Internet représente une source inépuisable d'argent pour les spécialistes de l'outil informatique. Au Maroc, et en l'absence d'une loi réprimant les contrevenants, ce genre d'activité fait les beaux j

04 Février 2004 À 16:16

Ailleurs, la question est plutôt tranchée : la loi est clair et sont passibles d'emprisonnement et de paiement d'amende tous ceux qui s'approprient un droit de commerce sur un film de façon illégale. C'est le cas notamment aux Etats-Unis où tout récemment, le FBI a arrêté un suspect qui copiait les plus grands films du cinéma américain, avant même leur sortie, et les mettait sur Internet, grâce à la complicité d'un membre du jury de l'Académie des Oscars.

Russel Prague, 51 ans, a été arrêté par le FBI dans l'Illinois pour avoir enfreint la loi sur les droits d'auteur (copyright) et avoir illégalement intercepté un signal satellite, a précisé le bureau du procureur de Los Angeles.

Le phénomène n'est donc pas inédit, mais les autorités agissent tout de même pour protéger les droits des créateurs du 7e Art. Ce n'est pas le cas, en effet, au Maroc.

Dans un marché aux puces comme «Joutia» de Derb Ghalef ou encore «Kriâa», ce type de commerce informel pullule et fait les beaux jours de ceux qui s'y adonnent. Légion sont les demandeurs. Et la demande fait accroître le nombre des pirates. Le film ne coûtant que des centaines de dirhams pour le télécharger se vend à des milliers d'exemplaires entre 5 et 20 DH l'unité.

Gravés sur des CD, les films sont vendus comme des sucreries. Surtout après l'apparition de DVD et VCD à bas prix. Le phénomène s'est tellement propagé au point qu'on constate des vendeurs au coin des rues et ruelles. L'impact de ce phénomène est grandissant sur le revenu des salles de cinéma.

Quatorze salles de cinéma ont fermé leurs portes au Maroc en 2003 à cause du piratage des films, vendus à des prix modiques dans différentes villes du Maroc.
Ces salles rejoignent le «panthéon des cinémas de quartier» qui ont mis la clef sous le paillasson après avoir fait les beaux jours de plusieurs générations de cinéphiles, souligne la deuxième chaîne de télévision «2M» dans un reportage diffusé mardi dans son journal de la soirée.

Interrogé sur l'ampleur de ce phénomène, le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, M. Nabil Benabdellah, a souligné que la lutte contre la piratage est menée principalement par le Bureau marocain des droits d'auteur.
«Nous essayons, toutefois, de trouver du soutien auprès des différentes parties concernées, en particulier les autorités locales et le ministère de l'Intérieur pour lutter contre ce phénomène», a dit le ministre.

«une présence régulière sur le terrain est nécessaire», a-t-il ajouté, faisant observer que le piratage «fait vivre des milliers de familles et emploie énormément de personnes, d'où les hésitations pour affronter cette question».
N'empêche que la résolution des répercussions sociales du phénomène du piratage des films ne devrait pas être aux dépens des propriétaires des salles de cinéma et de leurs employés.
Il est vrai qu'on ne résoud pas un problème pour créer un autre. Seulement, c'est de la protection de la propriété dont il s'agit.
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