Naissance de SAR Lalla Khadija

Ambiance devant le tribunal de première instance : quand le malheur des uns fait le commerce des autres !

Devant le tribunal de première instance de Casablanca, l'activité est incessante. En dehors des affaires traitées, il existe tout un petit monde, fait de petits commerces, qui gravite autour de ce lieu particulier. La journée semble s'écouler tumultueusem

05 Mars 2004 À 18:59

Il est 10h30 du matin. Il y a foule devant le tribunal de première instance de Casablanca. Probablement comme à l'accoutumé. Des dizaines de personnes – hommes, femmes, jeunots et vieillards – s'entassent, tant leur nombre est impressionnant, devant les différents commerces qui font face à l'édifice.

La journée semble s'écouler tumultueusement, au rythme des va-et-vient incessants. Des petits groupes se forment, ça et là. D'après les bribes de discussions glanées au hasard, ça semble négocier fort et les mésententes sont parfois orageuses. Devant le tribunal et dans les rues avoisinantes, des commerces semblent se nourrir, en majeur partie, de cette activité incessante.

Pour celui qui longe la rue du Prince Moulay Abdallah pour la première fois, le spectacle a de quoi surprendre. En fait, on a la forte impression qu'il existe tout un monde à part, gravitant autour de ce tribunal. Une impression qui va jusqu'au malaise quand l'expression d'habitude banale sur «le bonheur des uns qui fait le malheur des autres» dépasse dans ce contexte le simple sarcasme pour s'édifier en une poignante réalité.

Cette expression prend en fait toute son ampleur devant les portes de l'édifice de ce tribunal de première instance.

Une multitude de métiers, parfois intimement liés aux activités du tribunal et parfois non, font du «malheur des autres» leur gagne-pain quotidien.

En tête de liste des métiers les plus présents sur place, les inévitables écrivains publics. En effet, une douzaine de petites boutiques s'alignent juste en bas des immeubles faisant face au tribunal.

Sur leur devanture, les traditionnels écriteaux annoncent les services rendus par ce métier : rédaction et traduction, assistance multilingues, traduction d'actes, traduction libre… ils sont plusieurs traducteurs assermentés, bien entendu agréés auprès des tribunaux, à se rassembler dans chacune des boutiques. Ils n'hésitent pas à interpeller les passants, à la recherche d'éventuels clients. Les services offerts par certains écrivains publics sortent parfois de l'ordinaire. A l'image de ce traducteur assermenté qui traduit même les textes en langues russe (oui, absolument !)

D'autres métiers tout aussi indispensables et dont les revenus ne font sûrement que se multiplier grâce à la proximité du tribunal : les cafés et les indispensables laiteries. Effectivement, ceux d'en face ne désemplissent point. Les clients englobent et les clients et les fonctionnaires du tribunal. Le manège du serveur entre le café et le tribunal est la parfaite illustration de cette perpétuelle animation qui caractérise l'endroit.

La liste des bénéficiaires ne s'arrête pas à ces quelques exemples. Ceux qui font de cette intense et incessante activité du tribunal son gagne-pain quotidien ne se limite pas aux métiers déjà évoqués. En fait, toute une série d'autres petits métiers semblent avoir saisi la valeur de cet endroit stratégique : Vendeurs ambulants, cireurs et autres… Pour tous ces commerces, la proximité du tribunal semble constituer une véritable aubaine.
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