Attachement du Maroc de l'action arabe commune
La participation de S.M. le Roi Mohammed VI aux travaux du Sommet arabe, prévu à Tunis les 22 et 23 mai, témoigne encore une fois du vif intérêt qu'attache le Maroc aux causes de la Oumma arabe et son souci de contribuer à promouvoir l'action arabe commun
La participation du Royaume aux différents Sommets arabes montre à quel point le Maroc est soucieux de faire siennes les préoccupations de ses frères arabes et de contribuer à la réalisation de leurs aspirations à un avenir meilleur et à l'élaboration d'une vision arabe commune pour mieux servir les intérêts de la Oumma arabe.
Partant de cette conviction, le Maroc avait pris l'initiative d'abriter cinq Sommets arabes qui ont constitué des étapes décisives dans le développement de l'action arabe commune. Il s'agit des Sommets organisés à Rabat (décembre 1969 et octobre 1974), du Sommet de Fès (25 novembre 1981) du Sommet extraordinaire de Fès (6 septembre 1982) et du Sommet extraordinaire de Casablanca (20 août 1985).
Le Sommet arabe de Tunis, qui devait se tenir fin mars, avant d'être reporté en raison de ''divergences'' entre les pays arabes sur certains amendements et propositions, intervient dans une conjoncture régionale et internationale délicate qui requiert une redynamisation de l'action arabe, notamment à travers une réforme de la Ligue arabe qui passe par l'amendement de sa charte datant de 1945. Le Maroc a défendu énergiquement cette réforme eu égard à son importance pour le devenir de la nation arabe.
Le Maroc était parmi les premiers pays qui avaient appelé à la révision des structures en charge de l'action arabe commune pour qu'elles soient en phase avec les exigences de la coopération économique et sociale à l'ère de la mondialisation. Le Royaume est ainsi convaincu que toute action arabe commune, efficiente et fructueuse, nécessite une méthodologie rationnelle que ne sauraient assurer les mécanismes actuels.
Dès 1959, le Maroc avait plaidé pour le développement de l'action arabe commune et l'amendement de la charte de l'organisation panarabe. Feu S.M. Mohammed V avait appelé à l'élaboration d'une charte qui prenne en considération les mutations intervenues dans le monde arabe et la conjoncture internationale. Cet appel est devenu plus que jamais d'actualité.
Lors du dernier Sommet arabe, tenu en mars 2003 à Charm El Cheikh en Egypte, S.M. le Roi Mohammed VI avait également appelé à une révision de la Charte de la Ligue arabe et de ses structures et à ne pas se contenter de la seule coopération inter-gouvernementale, relevant la nécessité de s'ouvrir sur les instances élues, les partis politiques, les syndicats, les Organisations non gouvernementales, le secteur privé et les autres opérateurs afin de renforcer les actions menées par certains groupements régionaux, dans la perspective de créer un espace économique de libre-échange, qui constituerait l'amorce d'un marché commun, ambition proclamée dans la Déclaration d'Agadir.
Dans ce même ordre d'idées, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, M. Mohamed Benaïssa a affirmé récemment que les pays arabes sont appelés à intensifier leurs efforts pour poursuivre la réforme des mécanismes de l'action arabe commune et à harmoniser les visions et les actions, le but étant de gagner du temps et de favoriser l'intégration du monde arabe dans l'environnement international, en tant que groupement actif, apte à contribuer au développement que connaît la région aux plans politique, social et économique.
Dans son allocution, à l'ouverture de la 121e session ordinaire du Conseil de la Ligue arabe, M. Benaïssa avait souligné que "notre aspiration à un avenir commun prometteur requiert de nous la réalisation d'une solidarité arabe agissante" afin que nous puissions "être en phase avec l'évolution que connaissent les relations internationales et préserver notre nation, ses valeurs et sa culture, contre toute influence négative qui ne respecte pas les spécificités de nos sociétés".
De même, le Maroc a accordé depuis toujours un grand intérêt à la dimension économique de l'action arabe commune à travers le renforcement de la solidarité et la promotion de l'intégration économique, donne essentielle pour tout groupement régional, mettant l'accent sur l'impératif d'adopter une nouvelle démarche et d'encourager les initiatives courageuses et pratiques pour la mise en place d'un espace économique arabe unifié pouvant mobiliser les énergies pour réaliser le développement arabe durable.
S.M. le Roi Mohammed VI avait souligné, lors du Sommet arabe de Amman (Jordanie) en 2001, la nécessité d'accorder la priorité à la dimension économique dans les relations inter-arabes.
"La promotion des économies des Etats et l'amélioration des conditions de vie de leurs peuples sont conditionnées par notre aptitude à appréhender les changements et les mutations que connaît le monde dans les domaines du progrès scientifique et technologique accéléré, tant l'intérêt est de plus en plus marqué pour le rôle de la technologie moderne, dans tous les domaines d'activités, en particulier en matière de développement économique", avait indiqué le Souverain.
"Il est devenu patent que l'ère des systèmes d'autarcie économique et de la philosophie de l'autosuffisance est révolue cédant la place aux ambitions d'ouverture et d'échanges (...)", avait ajouté S.M. le Roi. Parmi les sujets qui seront soulevés par les dirigeants arabes, lors du Sommet arabe de Tunis et auxquels le Maroc porte un vif intérêt, figurent la question palestinienne et les agressions israéliennes continues contre le peuple palestinien, à travers notamment la liquidation de ses dirigeants et les démolitions des maisons à Gaza. Le Maroc, pays épris de paix, a toujours exprimé son soutien aux initiatives de paix et à tous les efforts visant à apaiser les tensions, à promouvoir la stabilité dans la région, à instaurer un climat de confiance et à réunir les conditions d'une vie sereine aux peuples de la région dans le cadre d'une paix juste, durable et globale.
Dans ce cadre, le Maroc a soutenu l'initiative du Prince Héritier d'Arabie Saoudite Abdellah Ibn Abdelaziz, et appelé les dirigeants arabes à encourager cette initiative qui est parfaitement en harmonie avec le projet arabe de paix adopté par le Sommet arabe de Fès en 1982.
Le Royaume fait, en outre, partie d'une commission spéciale mise en place par le Conseil des ministres arabes des AE, réuni les 8 et 9 mai au Caire, et chargée d'élaborer un projet de résolution relative au conflit arabo-israélien. Cette commission, présidée par la Tunisie, comprend outre le Maroc, l'Arabie Saoudite, la Syrie, le Liban, la Jordanie, la Palestine, le Soudan et le Yémen.
Témoin de cet engagement sans faille en faveur de l'action arabe commune, le Royaume, qui occupe une position d'avant-garde en matière de démocratisation de la vie politique, s'est associé aux autres pays du Maghreb dans l'élaboration d'un document conjoint relatif aux réformes politiques dans le monde arabe.
Ce document, qui a été discuté lors d'une réunion, le 8 mai au Caire, des ministres maghrébins des Affaires étrangères, appelle à la modernisation des mécanismes et des modes de gouvernance dans le monde arabe, en prenant en considération les avancées réalisées à ce niveau dans les pays de l'UMA (Union du Maghreb Arabe).
Si le Sommet de Tunis constitue aux yeux des observateurs une étape importante dans le renforcement de l'action arabe commune, il sera aussi l'occasion de mettre en relief le rôle central que joue le Maroc au plan arabe et son souci de participer activement aux grands rendez-vous de la nation arabe pour discuter et trouver les meilleurs moyens de faire face aux défis actuels que connaît la région arabe.