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Automatisation du permis de conduire : une stratégie nationale pour en finir avec la «guerre des routes»

En application de la politique visant à mettre un terme à l'hécatombe sur les routes, le gouvernement a décidé la mise en œuvre, du système d'automatisation de l'examen théorique du permis de conduire.
>Faisant partie du plan stratégique intégré d'urgen

08 Janvier 2004 À 19:13

Depuis des années, les autorités et l'opinion publique, via différents supports, s'alarment de la «guerre de la route» qui cause d'énormes pertes en vies humaines et matérielles. L'insécurité routière coûte à l'économie nationale l'équivalent de 2,5% du PIB, de quoi construire des dizaines de kilomètres de routes.

Durant la période 1990-2000, quelque 35.000 personnes ont trouvé la mort dans des accidents de la circulation et des milliers d'autres ont été grièvement blessées. Des chiffres qui laissent perplexe l'opinion publique et donnent du tournis aux décideurs et aux services concernés.

C'est dans ce contexte qu'intervient la réforme projetée du système d'examen pour l'obtention du permis de conduire. Piloté par le ministère de l'Equipement et du Transport, le système d'automatisation confère aux examens théoriques plus d'objectivité et de crédibilité, en ce sens qu'il limite l'intervention du facteur humain dans l'appréciation du niveau du candidat et incite à l'amélioration de la qualité de l'enseignement du code de la route.

Selon le chef des projets informatiques à la direction de la sécurité du transport routier (DSTR), Chahli Abdelfattah, l'examen «ne portera pas uniquement sur la capacité de mémorisation des éléments de réponse mais aussi sur la capacité d'analyse d'une situation et de comportement conforme à la réglementation».
Les pouvoirs publics sont notamment interpellés sur la signification du taux élevé de réussite aux examens de permis de conduire, tels qu'ils se déroulent actuellement et sur la viabilité de leurs résultats.

En effet, plus de 95% des 244.952 candidats qui se sont présentés à l'examen du permis de conduire pendant les dix premiers mois de 2003, ont obtenu ce document, selon les statistiques de la DSTR. En 2002, ce taux a été également de 95,34%.
Commentant ces résultats, M. Chahli a souligné dans une déclaration à la MAP que le nouveau système d'examen théorique «limite au maximum l'intervention humaine afin d'éviter tout soupçon de partialité».

Il a relevé qu'un examen d'aptitude des moniteurs sera organisé très prochainement en vue de «mettre sur le marché des enseignants aptes à exercer ce métier», notant que les pouvoirs publics veillent à ce que «l'enseignement du code de la route au niveau des auto-écoles soit bien dispensé, sans pour autant être rigide quant à la méthode utilisée ou aux moyens logistiques adoptés».

Le nouvel examen doit permettre de s'assurer que chaque titulaire du permis de conduire a été formé aux règles de la circulation et sensibilisé aux conséquences fâcheuses du non respect du code de la route.

Elaboré dans le cadre du plan stratégique intégré d'urgence de sécurité routière pour la période 2003-2005, le système automatisé, dont le coût s'élève à quelque 18,37 millions de dirhams, a été testé dans quatre sites, dont le centre d'examen de Rabat.

Pour le chef du centre d'immatriculation de Rabat, M. Abdelmajid Zennouhi, l'échantillon représentatif, composé de candidats ayant déjà passé l'examen classique, «a été satisfaisant dans 90% des cas».

«L'automatisation de l'examen garantira la transparence», a-t-il ajouté, faisant état de la possibilité de traduire aussi le questionnaire en amazigh.
Les auto-écoles sont appelées à former leur personnel et adapter leurs méthodes d'apprentissage afin de dispenser une formation efficiente. Le passage par ces établissements deviendra obligatoire pour tous les candidats au permis de conduire.

S'agissant des réactions des différents protagonistes, les deux fédérations de propriétaires d'auto-écoles au Maroc ont affiché des positions nuancées sur la question de l'automatisation de l'examen théorique du permis de conduire.
La Fédération professionnelle nationale libre des propriétaires des auto-écoles souligne que le ministère de tutelle a répondu favorablement à ses revendications et par conséquent «adhère sans réserve à ce projet» qui «servira les intérêts du secteur» dont le marasme est patent depuis des années.

Pour la Fédération nationale des propriétaires d'auto-écoles, d'enseignement de conduite et de code de la route au Maroc, qui compte plus de 1.400 adhérents, les auto-écoles ne peuvent qu'«appliquer la réforme élaborée» par le gouvernement, pour peu que certaines réserves soient prises en compte.

Elle appelle notamment le ministère de tutelle à soumettre ce projet aux professionnels pour avis, à laisser aux propriétaires d'auto-écoles le choix d'acquérir le matériel pédagogique qui leur convient et à leur donner un délai pour se mettre en phase avec le nouveau système.

Conformément aux objectifs fixés par le PSIU d'inverser fin 2005 la tendance haussière des accidents de la route, l'examen pratique sera ainsi crédibilisé davantage durant la période 2004-2005, par la suppression du deuxième volant lors du test et la fixation du temps de conduite dans les conditions normales de la circulation. Le candidat devra ainsi exécuter des manœuvres à l'intérieur et en dehors des agglomérations.

Selon des sources du ministère de l'Equipement et du Transport, le projet d'automatisation de l'examen théorique du permis de conduire inaugurera une série de réformes en cours de finalisation par le gouvernement ou en cours d'élaboration par le comité interministériel de la sécurité routière, présidé par le Premier ministre.
La réforme touchera le permis de conduire, la carte grise et les centres d'immatriculation.

L'entrée en vigueur de ce nouveau système intégrera donc des critères plus objectifs en la matière et, partant, permettra de parvenir aux objectifs visant à rendre la route plus sûre, à épargner des vies humaines et à faire au pays l'économie de lourdes charges qui sont le corollaire des accidents de la circulation.

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Test automatisé d'aptitude théorique en 30 minutes

Le candidat au permis de conduire aura à subir le test théorique en une trentaine de minutes, dans le cadre de la nouvelle version d'examen «automatisé», dont l'application est prévue très prochainement dans les 63 centres répartis sur l'ensemble du territoire national.

Les postulants, répartis par groupes de dix, devront réagir à quarante images assorties de «questions-réponses» à choix multiple en langues dialectal, arabe ou française, selon le choix du candidat et la catégorie du permis.
Tirées par thèmes indistinctement d'une banque de données, les images sont projetées sur écran de télévision et accompagnées de questions lues deux fois en off et affichées au bas de l'image. Elles présentent des scènes figées de la circulation, qui servent de supports au questionnaire.

Actuellement, le stock de la banque de données compte 240 images-questions-réponses. Ce nombre évoluera pour atteindre 600 en fin de compte. Chaque année, une centaine de questions seront repensées, reformulées ou remplacées, à la lumière notamment des statistiques sur les causes des accidents de la circulation.

Le candidat dépose son dossier et repart avec deux rendez-vous, l'un pour un «examen blanc» et l'autre pour subir le vrai test. Pour se familiariser avec le matériel, le candidat peut passer plus d'un examen blanc à sa demande.
Le jour « J», l'examinateur fixe un code pour chacun des membres du groupe et lui remet un boîtier électronique sans fil, de dimensions semblables à celles d'une télécommande de télévision de petite taille. L'appareil est muni, de haut en bas, d'un écran et de six touches: l'une de correction, les quatre suivantes numérotées pour les réponses et la dernière pour la validation.

Une fois la séance d'examen lancée, le candidat n'a plus qu'à appuyer sur une ou plusieurs touches correspondant aux bonnes réponses. En cas d'erreur, il dispose de la possibilité d'user de la touche de correction.

Le test se déroule dans un habitacle vitré, sous la surveillance d'un observateur.
Au terme du test, le candidat rend l'appareil et attend le verdict, «sur place». Pour réussir, il doit avoir apporté de bonnes réponses à au moins trente des quarante questions.

La vérification de ses performances se fait par l'examinateur qui se contente de placer le fameux boîtier dans une loge de «calculatrice électronique» conçue à cet effet et reliée à un ordinateur, programmée pour recenser, enregistrer, archiver et imprimer le résultat. Les candidats heureux repartiront avec un billet d'aptitude théorique et devront, ensuite, subir le test pratique. Les malchanceux disposent d'une deuxième occasion, à ne pas rater au risque de reprendre tout le parcours à zéro.
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