LE MATIN
22 Novembre 2004
À 20:24
Réhabiliter, défolkloriser et promouvoir la culture amazigh, une des multiples tâches que s'est assigné le Centre Tarik Ibn Ziad. Une mission dont il s'acquitte à travers l'organisation de conférences et de colloques aux dimensions nationale et internationale, le développement de projets à caractère socioculturel ou la réalisation de produits pour les médias dans le cadre d'une étroite collaboration avec les médias audiovisuels notamment.
Le centre qui existe depuis près de cinq ans voudrait comme le défend Mounir Kejji, un de ses membres fondateurs, « réconcilier le Marocain avec sa culture qui fait partie intégrante de sa personnalité.»
Une réconciliation qui se fait également à travers l'outil linguistique. Des cours de Tamazight sont ainsi dispensés au profit de marocains et d'étrangers.
Les premiers en profitent pour se réapproprier cette langue et les chercheurs d'autres nationalités les utilisent comme outil de compréhension du Royaume. « Le centre reçoit des demandes de chercheurs français, espagnols, américains ou encore canadiens qui ont installé leurs recherches dans les zones berbérophones. Ce contact avec la langue leur facilite la tâche » explique Mounir Kejji.
Ils sont plusieurs chercheurs, anthropologues, linguistes, étudiants boursiers ou autres volontaires du Corps de la Paix (Peace Corps) à suivre les trois séances hebdomadaires au Centre Tarik Ibn Ziad. Les enseignants qui s'appuient sur les technologies de l'information et de la communication n'hésitent pas, toutefois, à conseiller à leurs étudiants l'option des séjours linguistiques. « Il ne suffit pas de connaître les règles de grammaire, la transcription ou de rester confiné entre livres, revues et cassettes qui traitent du Tamazight. Rien ne vaut la pratique qui peut se faire lors de séjours linguistiques dans les régions berbérophones » affirme un responsable du centre.
Cette option n'est pourtant pas encore développée au centre et reste à l'initiative personnelle de l'étudiant. Mais les responsables affirment que cela ne saurait tarder. Midelt et Errachidia figurent parmi les régions choisies pour accueillir ce genre de formations.
En attendant, les chercheurs par groupes de 7 ou 10 personnes, continuent à employer les assemblages de contes et poèmes et les cassettes d'apprentissage des mots-clés sous la direction de « pédagogues qui ont un certain bagage et qui peuvent initier les différents étudiants. »
Ils peuvent ainsi passer du niveau où l'on adopte quelques notions de base en Tamazight à un niveau où l'on peut «produire des actes de communication, lire et écrire le Tifinagh». Mais il y' a un constat qui n'échappe pas aux responsables. : les étudiants se font de plus en plus rares, comme le relève M. Kejji.
« Les débuts en 99-2000 jusqu'à 2001 ont connu un enthousiasme très profond pour l'enseignement de cette langue mais depuis l'année 2003 le nombre de personnes est de moins en moins important.» Cela s'explique selon ce responsable par le fait que l'amazighité est « devenue une option stratégique officielle de l'Etat Marocain ce qui fait que le problème ne se pose plus comme avant. Aujourd'hui on assiste à une implication de l'Etat qui à travers le ministère de l'éducation prépare en collaboration avec l'IRCAM (Institut Royal de la Culture Amazigh) les moyens didactiques et pédagogiques pour l'enseignement de cette langue.»