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Cheikh Yassine, figure emblématique de la lutte palestinienne

Cheikh Ahmed Yassine, 67 ans, était une figure emblématique de la lutte palestinienne contre l'occupation israélienne.
>Tué par l'explosion de trois roquettes tirées par un hélicoptère israélien alors qu'il sortait d'une mosquée, Cheikh Yassine avait éc

22 Mars 2004 À 20:54

Né en 1936 à Majdel, près d'Ashkélon, Ahmed Yassine a vu en 1948 son village, comme tant d'autres, rasé par les forces des colons juifs et s'est retrouvé dans la bande de Gaza, où il termine ses études secondaires.

Le fondateur du Hamas, avait perdu l'usage de ses membres dès l'âge de 12 ans après avoir reçu un mauvais coup à la colonne vertébrale en jouant au football dans le camp de réfugiés de Chatti dans la bande de Gaza.

Depuis, il se déplaçait en chaise roulante, ce qui ne l'a pas empêché de partir au Caire où il a passé un an à l'Université Aïn Chams avant d'interrompre ses études, faute d'argent.

Au début des années 1980, dans la foulée de la révolution iranienne, Cheikh Yassine a créé une organisation appelée "Majd el-Moudjahiddine" (gloire des combattants). Arrêté en 1984 et condamné pour détention d'armes et d'explosifs, il ne restera en prison qu'une année, avant d'être libéré dans le cadre de l'échange de prisonniers.

Cheikh Yassine s'emploiera alors à bâtir une nouvelle organisation: le Hamas, acronyme en arabe de "Mouvement de la Résistance islamique", qui proclame son existence le 14 décembre 1987, au début de la première Intifada.

Arrêté en mai 1989 par Israël, il est condamné à la prison à vie en octobre 1991. Il sera libéré début octobre 1997 puis déporté en Jordanie, après huit ans et demi de détention, suite à une intervention du roi Hussein. Ce dernier, outré par une tentative des services secrets israéliens d'assassiner à Amman le chef du bureau politique du Hamas Khaled Mechaal, obtiendra la libération de cheikh Yassine contre celle des deux agents israéliens arrêtés en Jordanie.

Après un bref séjour dans un hôpital d'Amman, cheikh Yassine regagne Gaza. Il entretient depuis des relations mitigées avec l'Autorité palestinienne qui l'a mis, à deux reprises, en résidence surveillée, en décembre 2001 et juin 2002.

Cheikh Yassine a toujours affirmé que le Hamas n'arrêtera les attaques suicide qu'à la condition que l'armée israélienne cesse "de tuer des femmes, des enfants et des civils innocents".Le défunt était père de onze enfants.


Les réactions :


Le Conseil de la Ligue arabe appelle à des mesures immédiates contre Israël


Le Conseil de la Ligue arabe, réuni hier à Tunis au niveau des délégués permanents et ambassadeurs, a exhorté le Conseil de Sécurité de l'Onu à prendre "des mesures immédiates et sérieuses" à l'encontre d'Israël, après l'assassinat de Cheikh Yassine.

Qualifiant la liquidation de Cheikh Yassine d'acte de "terrorisme d'Etat plongeant la région dans un nouveau cycle de violence et de sang", les participants à la réunion ont affirmé, dans une déclaration, qu'Israël "fait fi de tout effort ou initiative tendant à renouer avec la recherche d'une solution pacifique du conflit israélo-palestinien". Le Conseil qui a présenté ses condoléances à tous les Palestiniens, a imputé aux dirigeants israéliens la responsabilité des conséquences du "crime abject".

Réunion d'urgence du Quartette sur le Proche-Orient


Des émissaires des Nations unies, des Etats-Unis, de la Russie et de l'Union Européenne devaient se retrouver hier soir pour une réunion d'urgence sur les conséquences de l'assassinat ciblé de Cheikh Ahmed Yassine. Cette rencontre du Quartette, parrain du processus de paix au Proche-Orient, devait se tenir à l'ambassade américaine au Caire. L'élimination du fondateur du mouvement Hamas hier matin à Gaza a déclenché des manifestations dans les territoires palestiniens et des condamnations unanimes. Le Président égyptien Hosni Moubarak a estimé selon M. Maher que "dans ces circonstances (il fallait définir) une position claire comme le cristal sur le processus de paix".
L'UE et l'émissaire de l'ONU ont condamné l'assassinat de cheikhh Yassine tandis que Washington et Moscou appelaient Israéliens et Palestiniens à la retenue.

Duel d'artillerie entre Israël et le Hezbollah au Liban sud


Un duel d'artillerie a opposé hier soir pendant une heure et demi le Hezbollah libanais et Israël dans le secteur contesté des fermes de Chebaa, a annoncé la police libanaise sans faire immédiatement état de victime. La Résistance islamique, branche armée de la formation intégriste chiite, a affirmé dans un communiqué avoir attaqué six positions de l'armée israélienn a indiqué la police libanaise. Le Hezbollah a précisé dans son communiqué que l'attaque a été menée par les "Brigades du martyr cheikh Ahmad Yassine".* Des chasseurs-bombardiers israéliens ont aussitôt mené un raid contre le village libanais frontalier de Kfarchouba, lançant deux missiles air-sol sur ses environs, a indiqué la police.
Les appareils israéliens, qui ont survolé le sud de la vallée libanaise de la Békaa sous contrôle syrien, sont ensuite intervenus à nouveau à six reprises, tirant deux missiles sur les abords de villages libanais frontaliers, a indiqué la police libanaise. Dans le même temps, l'artillerie de campagne israélienne tirait une centaine d'obus de 155 mm sur les abords d'une dizaine de villages libanais dans cette région escarpée adjacente aux fermes de Chebaa, selon la police, qui n'a pas fait état de victime. Commentant l'assassinat par Israël de cheikh Ahmad Yassine, le secrétaire général du Hezbollah, cheikh Hassan Nasrallah, avait peu auparavant jugé que "les sionistes vont prochainement découvrir qu'ils ont commis une énorme stupidité (...) et ils vont payer très cher le prix de leur crime". "Nous reconnaissons que notre perte est très grande, mais notre foi en Dieu et notre fidélité à l'homme transforme son martyre en une source de force", a-t-il ajouté. La dernière attaque du Hezbollah contre les fermes de Chebaa remonte au 27 octobre 2003. Des bombardements de la formation intégriste chiite avaient alors visé deux positions de l'armée israélienne dans ce secteur, sans faire de victime.

Dans la douleur et la colère, les Palestiniens enterrent Cheikh Yassine



Les Palestiniens ont enterré, hier, Cheikh Ahmed Yassine, une figure emblématique de la lutte du peuple palestinien contre l'occupant israélien. Des dizaines de milliers de Palestiniens sont descendus dans la rue pour accompagner, jusqu'à sa dernière demeure, ce chef spirituel "lâchement assassiné", à l'aube, dans une opération militaire ciblée de l'armée de l'occupation, au cours de laquelle sept autres palestiniens ont été tués et une quinzaine d'autres blessés, dont deux fils de Cheikh Yassine.

Recouverte du drapeau vert du Hamas, la dépouille de Cheikh Yassine était portée par des hommes en armes appartenant aux Brigades Ezzeddine Kassam. Vingt-et-un policiers palestiniens faisaient une garde d'honneur au cercueil transportant le cadavre déchiqueté de Cheikh Yassine, à l'extérieur de la morgue de l'hôpital Shifa, vers le "cimetière des martyrs" à Gaza.

Des hommes armés, des autres mouvements de la résistance palestinienne, participaient également aux obsèques, tirant sans discontinuer des rafales en l'air.
Scandant "vengeance, vengeance", la foule brandissait des portraits de Cheikh Yassine ainsi que des drapeaux du Hamas et de tous les mouvements palestiniens.
L'imposante procession funèbre, partie de l'hôpital Shifa, a emprunté les principales artères de Gaza, qui ont été fermées à la circulation.

Des fidèles se pressaient pour tenter de toucher le cercueil, tandis que d'autres lançaient des cris de vengeance, au milieu des hurlements de douleur des pleureuses et de pluies de fleurs, alors que deux hélicoptères armés israéliens survolaient la foule.

En outre, à Naplouse, Jénine ou encore Ramallah, comme dans tous les territoires occupés, les Palestiniens sont descendus dans la rue pour dénoncer ce crime odieux et promettre de venger la liquidation de Cheikh Yassine.
"Ce que vous avez subi jusqu'à présent n'est rien par rapport à ce que vous allez vivre maintenant", menaçaient les manifestants, dont des militants de la branche armée du Hamas.

Les magasins ont tous baissé rideau en Cisjordanie, où un appel à la grève générale d'un jour a été lancé. Les écoles étaient également fermées, les drapeaux mis en berne et un deuil de trois jours a été décrété par le président Yasser Arafat dans l'ensemble des territoires palestiniens.

Dès l'annonce de la mort de Cheikh Yassine, des milliers de Palestiniens ont afflué vers sa modeste maison de Gaza. Des centaines de pneus de voitures, dégageant une épaisse fumée noire, ont été brûlés en signe de deuil.
La radio officielle de l'Autorité palestinienne, la Voix de la Palestine, diffusait des versets du Coran et des chants patriotiques. Les écoles de la bande de Gaza ont été fermées en signe de deuil.

Un Palestinien, âgé de 13 ans, a été tué et quatre autres ont été légèrement blessés quand des soldats israéliens ont tiré sur des manifestants à Khan Younès (sud de la bande de Gaza). Un journaliste palestinien a aussi succombé à des tirs de soldats israéliens alors qu'il couvrait une manifestation dans le camp de Balata, à Naplouse (nord de la Cisjordanie).

Ils condamnent


Jacques Chirac : «Contraire au droit international»


Le Président français Jacques Chirac a "condamné sans réserve" lundi comme "contraire au droit international" l'assassinat par l'armée israélienne du fondateur et guide spirituel du Hamas, Cheikh Yassine. "La France, c'est le cas de toutes les nations de l'Union européenne, condamne sans réserve naturellement le terrorisme, mais également tous les actes de violence, notamment lorsqu'il s'agit d'actes contraires au droit international", a dit M. Chirac lors d'un point de presse commun avec le Premier ministre irlandais Bertie Ahern. "C'est dans cet esprit que tous les pays européens ont condamné l'action qui a été conduite contre le cheikh Yacine parce qu'elle était contraire au droit international", a ajouté le président.
Cheikh Ahmad Yassine a été tué à l'aube lundi dans un raid israélien ciblé alors qu'il sortait d'une mosquée dans la bande de Gaza. Pour sa part, Bertie Ahern a rappelé que les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne avaient condamné dans la matinée "l'assassinat extra-judiciaire" de Cheikh Yassine.
"Les assassinats extra-judiciaires ne sont pas seulement contraires au droit international mais ils affaiblissent l'Etat de droit qui est un élément clé dans la lutte contre le terrorisme", a-t-il dit.
Il a indiqué avoir "appelé toutes les parties à la retenue" afin que la situation ne s'enflamme pas davantage, alors que le Hamas a juré de se venger.

Tony Blair : «un sérieux revers pour le processus de paix»


Le département du Premier ministre britannique a condamné lundi l'assassinat de Cheikh Ahmed Yassine, leader du mouvement Hamas, soulignant que cet assassinat représente un sérieux revers pour le processus de paix au Proche-Orient.
"L'assassinat de Cheikh Ahmed Yassine est un sérieux revers pour les efforts de paix, on ne peut pas prétendre autrement", a dit le porte-parole du chef du gouvernement britannique, lors d'un point de presse. La Grande-Bretagne a toujours exprimé son opposition à ce genre d'actes, a dit le porte-parole, réaffirmant l'attachement de Londres à la feuille de route, qui prévoit l'établissement de la paix entre Palestiniens et Israéliens à travers la création de deux Etats vivant ensemble en paix et en sécurité.
Pour sa part, Michael Ancram, porte-parole du Parti Conservateur (opposition) pour les questions de politique étrangère, a indiqué que l'assassinat du leader palestinien était inacceptable, injuste et illégal et ne permettra pas à Israël de réaliser ses objectifs.

Javier Solana : «Mauvaise nouvelle pour le processus de paix»


Le Haut représentant de l'Union Européenne pour la politique étrangère, Javier Solana a estimé que l'assassinat par l'armée israélienne, lundi matin, du leader palestinien Cheikh Ahmed Yassine, est une "très, très mauvaise nouvelle pour le processus de paix" israélo-palestinien. Ce genre d'action ne contribue pas du tout à créer les conditions de la paix , a-t-il souligné.

Par la voix d'une porte-parole, la Commission européenne a estimé, quant à elle, que cet assassinat est une "source d'inquiétude très sérieuse" qui augure d'une "dégradation de la situation" dans la région du Proche Orient.
L'UE a toujours condamné les "exécutions extra-judiciaires", a-t-elle rappelé, soulignant que l'assassinat de Cheikh Yassine est "négatif et contre-productif".
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