Collecte et ramassage d'ordures : les femmes intègrent le secteur
Après la police et les services postaux, les femmes marocaines intègrent timidement le secteur de la collecte et le ramassage des ordures. Elles sont cinq à incorporer ce domaine réservé jusqu'à lors aux hommes. Elles viennent d'être embauchées par la soc
LE MATIN
12 Juillet 2004
À 15:10
L'entreprise privée " Sita El Beida " chargée de la collecte et de l'évacuation des déchets ménagers vers la décharge de Médiouna a embauché la semaine dernière cinq femmes comme techniciennes de surface. Cette initiative, la première du genre au Maroc, vise selon Mme Ben Malek, directeur administratif et financier de l'entreprise, à réaliser " l'égalité entre les deux sexes".
Munies de balais à longs manches et de chariots, ces femmes débarrassent les rues de la ville des ordures avec enthousiasme. " ce métier nous honore et nous permet encore une fois de prouver nos compétences féminines ", témoigne Zineb, 30 ans, technicienne de surface à la place Mohammed V.
Pour Zineb et ses collègues "la propreté est un travail de femmes ", ce qui explique leur abnégation. A propos des conditions de travail, les employées de " Sita El Beida " expriment une très grande satisfaction : " Comme n' importe quel autre métier, nous bénéficions des congés de maladies et des jours de repos.
Par rapport à d'autres métiers qu'elles ont déjà exercé, le nettoiement des rues est " moins fatigant et plus rentable ". Pour des raisons sécuritaires, les balayeuses de Casablanca n'ont pas à " s'aventurer dans des quartiers populaires ou des artères à risque. M. Lyacini, responsable du recrutement à " Sita El Beida ", assure personnellement leur sécurité en effectuant des randonnées quotidiennes.
M. Lyacini souligne que son entreprise ne peut guère " risquer la vie de cinq femmes en les affectant dans des artères non sécurisées ".
Ainsi quatre de ces employées de nettoyage travaillent de 6h à 11h et de 13h à 17h à la place Mohammed V, alors que la cinquième exerce à boulevard Errachidi. Cet horaire n' a pas l'air de déranger ces épouses et mères de familles balayeuses, encore moins la seule célibataire du staff.
On peut facilement les distinguer grâce à leur uniforme et à leur casquette bleu, et au foulard qui protége leur cheveux de la poussière. Le mérite revient à M. Lyacini qui a eu l'idée de les embaucher ." Dès le départ, j'avais l'idée de recruter des femmes. J'ai , alors, demandé à la femme de ménage si elle connaît des intéressées ", affirme t-il avec un sentiment de fierté.
Mme Ben Malek explique que le but n'est pas de créer un phénomène de mode, mais " une nécessité sociale dans le cadre de l'égalité des sexes ". "Nous visons en premier lieu à aider certaines femmes qui sont dans le besoin en leur offrant un travail au sein de la société ".
Si ces femmes donnent satisfaction, l'expérience sera élargie.
L'embauche d'autres femmes dépend également de la réaction de la rue. Jusqu'à présent, ces femmes préfèrent ignorer toutes les mauvaises réactions de l'homme de la rue. A ce sujet, Zineb exprime clairement sa détermination, " je n'accorde aucune importance aux commentaires méchants des gens qui cherchent à me démotiver ". Cet avis est partagé par ces autres collègues qui n'ont pas l'intention de baisser les bras.
En nous parlant, les passants ne cessent de jeter des regards curieux parfois accusateurs sur ces " intrus du métier ".
Divergences des points de vue
L'avis des citoyens divergent entre une minorité dédaigneuse et une majorité encourageante. Fatima couturière, voit d'un mauvais oeil ce boulot. En revanche, Meriem, avocate et mère de famille tire chapeau à ces femmes qui ont le courage d'assumer à la fois le ménage et le nettoyage des rues. De son côté, Khalid, employé à la poste ne cache pas son étonnement de voir des femmes nettoyer les artères. " Il faut avouer que c'est une première en son genre ", indique t-il. En dépit de avis divergents, la majorité des Casablancais n'y accordent pas un grand intérêt autant qu' il s'agit d'un métier honorable.
Côté balayeurs hommes cela n'a pas l'air de gêner. " les femmes doivent aussi travailler de nos jours, la propreté municipale comme n'importe quel autre domaine tolère le recrutement aussi bien des hommes que des femmes ", affirme Ali, 45 ans usés par les années de travail. Ces collègues excluent toute forme de concurrence entre les deux sexes dans ce métier. " le métier en lui même, disent-ils, ne suscite pas d'émulation ni de la concurrence ". Ils sont tous sous contrat de six mois renouvelable.
Seul la mobilisation des agents de la propreté compte. Ils ou elles doivent prendre pleinement conscience de l'importance de leur mission quotidienne au service de la collectivité. A la collectivité de respecter le travail effectué que ce soit par des hommes ou des femmes.