Collecte et traitement des déchets d'activité de soins à risque : Fès mène une expérience pilote
La collecte et le traitement des déchets d'activité de soins à risque, mis en œuvre sur le site de l'hôpital El Ghassani de Fès, est une expérience pilote au Maroc qui appelle l'adhésion totale de tous les services sanitaires concernés, affirme Mme Khlifi
Dans un entretien à la MAP, Mme Khlifi Bouayad, expert en environnement (Université de Metz/France), explique que l'action de collecte et de traitement des déchets d'activité de soins à risque, lancée en juin dernier par le service «Medi-Collecte» de la société «Saïss-Environnement» dans le cadre de la convention liant cette société au centre hospitalier universitaire Hassan II de Fès, a pour objectif la prévention de la santé publique par la prise en charge du traitement de tous les déchets d'activité de soins produits dans la ville de Fès sur un site unique: l'hôpital El Ghassani.
Cette action unique en son genre a été facilitée par la mise en place d'une filière complète pour la gestion des déchets d'activité de soins à risque et l'installation par le ministère de la santé d'un dispositif de traitement des déchets porteurs de germes et de virus, note la responsable.
"Cette filière, explique-t-elle, a pour but d'éviter l'exposition et le mélange de ces déchets aux ordures ménagères". "Les déchets collectés par le système de porte à porte sont préalablement conditionnés dans un matériel fourni par la société, évacués ensuite vers le site de traitement pour être finalement traités par le système «de broyage-stérilisation" adopté par l'Etat marocain», détaille Mme Khlifi Bouayad.
Mise en place et supervisée par une équipe de jeunes techniciennes, la filière a permis de collecter auprès des trois hôpitaux du groupement du centre hospitalier universitaire Hassan II, de l'ensemble des centres de dialyse privés et des «rares» cliniques privées adhérant à ce nouveau principe, quelque 4,5 tonnes de déchets à risque par mois.
Cependant, déplore-t-elle, «quelque 1,606 tonnes de déchets au minimum, produites par le secteur sanitaire privé, ne sont toujours pas traitées parce qu'elles n'ont pu être collectées par manque de sensibilisation au problème généré par ces déchets qui suivent toujours la filière des ordures ménagères».
Pour cette raison, l'expert en environnement estime «qu'il est nécessaire que des efforts soient déployés dans le cadre d'une sensibilisation globale de la part de tous les secteurs concernés et notamment par un contrôle permanent du service d'hygiène municipal».
Les déchets d'activité de soins à risque sont classés parmi les déchets dangereux et doivent nécessairement passer par une filière respectant les normes et les lois en vigueur.
Cet état des lieux, ajoute Mme Khlifi, s'explique par la perception inadéquate du contenu de la taxe d'édilité et le refus de certains corps de métiers sanitaires de reconnaître qu'ils sont producteurs de déchets à risques même si la quantité produite est faible.
Etayant ses propos, Mme Khlifi révèle que sur les 373 cabinets médicaux, toutes spécialités confondues, seuls 4 % ont adhéré au système de collecte et de traitement et sur les treize cliniques de la place, quatre ont accepté le principe ainsi que 50 % des biologistes et anatomopathologistes.
Selon elle, la solution à ce problème, qui est un danger manifeste pour la santé du citoyen, réside dans une action dynamique de sensibilisation générale et l'application de la loi de décembre 2003 reposant sur le principe du «pollueur payeur».
Souhaitant que ce système, pourtant peu onéreux mais d'intérêt général, soit généralisé à l'ensemble du secteur sanitaire privé, Mme Khlifi a affirmé que l'expérience pilote de Fès est déjà sollicitée par les autres villes du royaume.