Composée par Saïd Limam et jouée le 12 mai au Rialto de Casablanca : une opérette pour dire «non au terrorisme»
Composée par Saïd Limam et chantée par une pléiade d'interprètes, l'opérette «Non au terrorisme» (La Lil Irhabe) sera donnée en représentation, le 12 mai prochain au cinéma Rialto de Casablanca.
>Un hic, néanmoins : si les artistes y ont bénévolement p
LE MATIN
05 Mai 2004
À 16:08
Question : L'opérette «Non au terrorisme» est une œuvre collective. Comment l'idée de piloter ce projet vous est-elle venue ?
Saïd Limam : L'idée de réaliser un travail dénonçant le terrorisme m'a effleuré l'esprit antérieurement aux tristes évènements de Casablanca. Elle a été motivée par l'oppression et la répression que plusieurs peuples du monde subissent, par le terrorisme d'Etat israélien contre les Palestiniens et par les actes terroristes qui défraient, de temps à autre, la chronique.
Ayant vécu les événements douloureux du 16 mai de près, je n'ai pu, personnellement, m'empêcher de donner un contenu concret au projet. Il s'est imposé à moi avec d'autant plus d'acuité que notre pays avait atteint l'indicible et que les actes commis furent horribles, injustes et sanglants.
Quels ont été vos premières démarches pour faire voir le jour à ce projet ?
J'ai commencé par soumettre l'idée à quelques amis. Je me suis, par la suite, réuni avec des membres de l'Association des victimes du 16 mai qui ont loué l'initiative. Nous avons donc convenu de monter cette opérette et de la présenter au cours d'un spectacle programmé pour le 12 mai prochain au cinéma Rialto de Casablanca. Afin d'y associer le maximum d'artistes, nous avons publié un communiqué les invitant à y prendre part. Nombreux ont été les paroliers, les chanteuses et les chanteurs qui ont alors exprimé leur vœux de participer bénévolement à ce travail.
Pouvez-vous nous entretenir des détails de cette œuvre ?
J'ai articulé cette opérette autour de quatre axes majeurs. En premier lieu figure une introduction musicale qui symbolise le refus du terrorisme et son rejet par tous les Marocains. Des voix de muezzin et le son des carillons d'églises y figurent comme témoignages de la symbiose dans laquelle les religions révélées ont vécu au sein du Royaume. Une chorale de jeunes intervient alors pour donner plus de profondeur et d'allant à la musique et y introduire une note d'innocence, de gaieté et de joie de vivre.
Composée de poèmes vantant la modernité, le dialogue, l'ouverture d'esprit et la citoyenneté, une partition lyrique viendra ensuite faire la différence. Une autre, qui puise sa source dans des traditions musicales marocaines, conférera à l'œuvre son cachet authentiquement national. Un cachet que nombre de compositeurs arabes commencent à exploiter pour agrémenter leurs vidéo-clips. En dernier lieu, figurent des chants articulés autour de poèmes écrits par les meilleurs paroliers de la place. Les arrangements de cette opérette sont l'œuvre de Mohamed Ezzayate sur une musique que j'ai composé et qui sera jouée par une pléiade d'excellents instrumentistes.
Que pouvez-vous nous dire à propos des interprètes de cette œuvre ?
Il serait malséant ; voire déplacé, de parler de l'un des interprètes sans citer tous les autres. A ce propos, je voudrais vous signaler que plus d'une vingtaine de chanteuses et de chanteurs participent bénévolement à ce travail dont les recettes son destinées aux familles des victimes des attentats du 16 mai et dont la finalité consiste à sensibiliser les générations actuelles et futures aux méfaits du terrorisme … Chacune des voix est particulière et conférera plus de profondeur et de consistance à ce travail. Naïma Samih, par exemple, y sera en contre-point du jeune Fouad Zbadi. D'autres y ajouteront de la puissance et une présence inégalée grâce à leurs possibilités dans le registre des graves. A l'instar de Hayat El Idrissi, certains autres chanteurs et chanteuses lui donneront du volume, via leurs voix pleines de chaleur et de sensibilité.
J'ai essayé, autant que faire se peut, que cette œuvre associe toutes les générations. Jeunes et moins jeunes y contribuent. En l'occurrence l'Egyptien Ahmed Rochdi, Nadia Ayoub et Malek qui ont chanté un morceau en langue française, ainsi que Fatima Zahra Lahlou, Abdelali El Ghaoui, Samia Abdelhamid, Zineb Yassir, Aziza Malak, Dina Abdeljaouad, Youssef Amine, Lahbib El Idrissi, Rafia Railane, Chamseddine, Imane El Ouadi, Atika Ammar, Nouzha Chaâbaoui, Noureddine Amine, Moulay Taher El Asbahani de Jil Jilala,
Croyez-vous que pareil effort pourrait se solder par le succès ?
Je l'espère de tout cœur. J'espère également que les responsables puissent apporter leur aide pour que ce vœu se transforme en réalité. Les artistes ont fait montre de solidarité pour marquer les douloureux évènements du 16 mai afin que l'on n'oublie jamais l'indicible, ni les innocentes victimes du terrorisme aveugle et vil qui a frappé Casablanca l'an dernier. Nous avons également voulu, par notre action et notre mobilisation, dire «non, plus jamais ça». La musique adoucit les mœurs dit-on. Nous y avons eu recours pour faire œuvre utile en dénonçant la violence, l'intolérance et la barbarie. Reste aux autorités locales et aux départements ministériels concernés à apporter leur écot en matière d'organisation et de logistique pour que le projet débouche sur les résultats escomptés.
Notre espoir est qu'il puisse partir en tournée à travers l'ensemble du Royaume afin que la bonne parole soit portée partout.