Conseil d'administration de l'ANRT : la libéralisation du téléphone fixe est pour la fin de l'année
A la veillle de la tenue du conseil d'administration, le directeur de l'ANRT l'a réaffirmé avec force devant un parterre constitué d'ingénieurs des télécoms, dont M. Abdseslam Ahizoune, le président de Maroc Telecom : la libéralisation du téléphone fixe a
LE MATIN
10 Juillet 2004
À 17:29
De prime abord, M. Benchaaboune affirmera que "le modèle de la libéralisation du fixe n'est pas celui du mobile”. Si le fixe constitue un gisement de croissance pour l'avenir, il n'est pas certain que son potentiel de développement soit aussi important que le mobile, dira encore en substance M. Benchaaboune. La tendance mondiale est même à la subtitution du mobile au fixe. C'est déjà le cas pour le Maroc où on peut noter une regression notable du nombre d'abonnés au fixe.
C'est aussi vrai pour une trentaine d'autres pays dans le monde… La vision qui veut que le salut est dans internet n'est pas partagée par M. Benchaaboune qui tient à nuancer profondément l'approche en faisant remarquer que l'on est de plus en plus dans une "ubiquité des services”. Il dira que le bureau peut être déjà reproduit sur le mobile comme on peut recevoir la télé et internet aussi bien sur le fixe que sur le mobile.
La condition pour amener les investisseurs au fixe est double : outre un cadre institutionnel favorable, il est nécessaire de veiller à la mise en place d'un régulateur fort. Dans ce contexte, M. Benchaaboune dira qu'une nouvelle loi et des textes d'application sont devenues une nécessité "pour renforcer le régulateur”. La jeune histoire de l'ANRT a montré en effet les limites de son pouvoir de régulation et d'arbitrage dans le secteur.
Les fournisseurs d'accès à internet, Méditelecom… comme Maroc Télécom lui-même peuvent en témoigner qui ont un ensemble de griefs à présenter. M. Abdeslam Ahizoune, au centre de la réforme des télécoms au Maroc, acteur et observateur privilégié du secteur dira à cette occasion quelques vérités qui selon lui empêchent le fixe de se développer, notamment le montant à payer aux opérateurs du mobile dans les cas d'appel de mobile à fixe, 1,40 dhs, alors que la somme reversée au fixe dans le cas d'un appel de fixe à mobile n'est que de 0,43 dhs.
En parlant de prime M. Ahizoune aura même ce cri du cœur pour améliorer l'environnement des télécoms au Maroc : "Il ne faut pas donner de prime à la contreperformance” avant d'ajouter que "l'excès de régulation tue la régulation”. M. Ahizoune rappellera également que Maroc Télécom est dans une logique de service publique dans son exploitation du fixe : gratuité du poste et du raccordement, package à moins 100, 00 dhs avec Al Manzil…et maintenant package internet à 2500, 00 dhs avec ordinateur garanti 2 ans.
Au delà du débat, il faut souligner qu'une échéance pour la libéralisation du fixe a été retenue, fin 2004-début 2005. Les engagements vis-à-vis de l'OMC ne laissent pas d'alternative. La régulation se fera selon les pratiques internationales en la matière et la libéralisation se fera selon un modèle basée sur la viabilité économique.
A la fin de la conférence de M. Mohamed Benchaaboune et des débats qui ont suivi son intervention, les membres de l'Association Nationale des Ingénieurs Télécoms ont élu un nouveau président à la tête de l'ANIT en la personne de M. Mohammed Wajih, directeur de la recherche à Maroc Telecom, en remplacement de M. El Jilali Antari, PDG de Chronopost International.