Coupe de la CAF - FAR-Olympic de Niamey (Niger) : ils ont vaincu et … convaincu
Le football africain aurait-il senti brusquement la nostalgie d’une époque qu’on croyait révolue, quand la brutalité l’emportait sur le fair-play ?
LE MATIN
12 Avril 2004
À 16:54
C’est en tout cas l’impression qu’ont laissée les Sénégalais de Jeanne d’Arc et les Nigériens de l’Olympic de Niamey. Ces derniers ont allié les crampons au poing dans leur match contre l’équipe des FAR qui, à l’instar des Rajaouis, firent preuve d’une grande maturité sur les plans technique et éthique. Deux qualités qui leur ont valu d’ailleurs une victoire méritée.
Ayant le vent en poupe depuis la venue de Fakhir, les Militaires sont prétendants au sacre national voire continental. L’aventure africaine commence par les Nigériens de l’Olympic de Niamey. Une équipe créée en 1964, qui compte 7 titres nationaux et recèle dans ses rangs 2 internationaux juniors, 3 seniors et 3 étrangers. Une équipe venue visiblement pour glaner un nul ou du moins limiter les dégâts si l’on juge par la tactique adoptée, prônant la défense à outrance, le marquage individuel strict et la brutalité pour impressionner son vis- à-vis.
Une option qui semblait fructueuse au début du match car les Marocains ne parvenaient pas à inquiéter sérieusement le gardien adverse. Face à l’encombrement des défenseurs, les Militaires n’avaient d’autre choix que de placer des incursions rapides sur les ailes et d’éviter les balles aériennes en essayant des infiltrations balle au pied. Il y avait l’homme tout indiqué pour cette œuvre, Kaddioui en l’occurrence. Il a failli ouvrir la marque déjà à la 20e mn. Mais la plupart du temps, il ne trouvait avec qui composer. Zerouali étant carrément hors sujet. Il n’est plus que l’ombre du joueur qu’on connaissait avant son exil en Ecosse.
Les velléités récurrentes finirent par apporter leur fruit. Ce fut au terme d’une échappée de Mokhtari qui a été fauché au moment de la conclusion. Le penalty indiscutable sera transformé par Zerouali (29e). Les visiteurs accusèrent mal le coup. Au lieu de sortir de leur carcan tactique, ils penchèrent résolument vers la brutalité, obligeant les Militaires à faire preuve de grande habilité technique et d’agilité pour éviter les coups. Avec succès. Les visiteurs devenaient de plus en plus vulnérables. Zerouali hérita d’une passe de but, mais il a voulu trop en faire : il la dilapida lamentablement (37e). Le but aurait sans doute coupé les jambes aux Nigériens apparemment trop fragiles dans leur mental. Le but aurait été possible si Zerouali n’avait encore raté une autre occasion (45è).
Le même Zerouali gâcha un énième ballon de but que lui offrit Ajeddou sur un plateau, à un moment important du match. Kaddioui, l’homme du match, va réparer tous ces ratés en réussissant un but d’anthologie qui en dit long sur le potentiel technique de ce joueur qui s’affirme au gré des matches (55e). Un but libérateur que les visiteurs n’arriveront pas à digérer. Les FAR ne demandaient pas mieux. Ils vont désormais bénéficier de couloirs dans la défense des adversaires. Payant leur débauche d’énergie du départ, les Nigériens seront dominés sur tous les plans. Le 3e but n’était plus que question de temps. Kaddioui fut à deux doigts de le réussir, à trois reprises.
Il sera fauché en pleine surface de réparation, mais Zekrini, l’arbitre algérien, refusa le penalty pourtant évident. Qu’à cela ne tienne ! Le coup franc sera placé magistralement par Brazi dans la lucarne, triplant ainsi l’addition (89e) et augmentant par la même occasion les chances d’une qualification au tour suivant.
En principe seulement, car Fakhir, qui reproche à ses joueurs leur inefficacité, ne semble pas rassuré, contrairement à son homologue nigérien, Doula Harouan, qui lança une menace à peine voilée, avec le sourire.