Destinée à couvrir le catafalque du Saint patron de la ville : procession de la « Kessoua» de Moulay Idriss Al Azhar à travers la médina de Fès
Le moussem de Moulay Idriss Al Azhar a été marqué hier jeudi par la fameuse procession de la «Kessoua», draperie décorée en fil d’or et portant des inscriptions coraniques, destinée à couvrir le catafalque du Saint patron de la ville.R>
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MAP
23 Septembre 2004
À 22:55
Ont assisté à la cérémonie du défilé, M. Brahim Frej, Chambellan de S.M. le Roi, le wali de la région Fès-Boulemane et gouverneur de la préfecture de Fès, le gouverneur de la province de Moulay Yaâkoub, les élus et d’autres personnalités civiles et militaires.
La procession rituelle de la «Kessoua», riche en couleurs, en rythmes et en senteurs, s’est ébranlée à partir de la grande place historique de Boujloud, avec la participation de plusieurs groupes folkloriques et populaires.
Les confréries Aïssaoua, Hamdcha, Jilala, Jbala, Dekka, Ahl Touat, Gnaoua, Hyata, et les Hadarate, ainsi que les représentants des corporations de corps de métiers ont défilé, dans un ordre impeccable et dans une profusion de chants ponctués de transes et de rythmes, exhibant leurs offrandes et dons en signe d’hommage au fondateur de la capitale spirituelle.
Ouverte par les doyens des différentes confréries et les jeunes de l’association «Imam Boussiri», la procession a ainsi sillonné dans la ferveur, les ruelles de la médina, au milieu d’une liesse populaire venue de toutes les régions prendre part aux festivités et visiter le mausolée du Saint vénéré.
Les you-yous des femmes fusant de tous les coins des rues et des terrasses ont rendu l’ambiance encore beaucoup plus chaleureuse.
Le moussem traditionnel qui se poursuivra, dans la soirée, par le rituel lavage et purification de l’enceinte du mausolée idrisside avec la participation de la corporation des tanneurs, sera clôturé aujourd’hui par l’organisation d’une cérémonie religieuse par les Chorfa skalliyine en hommage au Saint patron de la ville.
Moulay Idriss Al Azhar, le Saint fondateur de la ville de Fès, fut une personnalité de grande envergure tant par sa descendance du Prophète Sidna Mohammed que pour son savoir, sa spiritualité, son érudition et ses profondes connaissances des fondements de la religion musulmane.
Né en octobre 793 de l’ère chrétienne (177 de l’Hégire), Moulay Idriss II a succédé à son père Idriss 1er à l’âge de 11 ans et se révéla un grand homme d’Etat tout au long de ses vingt cinq années de règne. Il fondit la ville de Fès, en 808 de l’ère chrétienne (192 H).
Cependant, la figure de sainteté du fondateur de la ville de Fès n’est apparue que plusieurs siècles après sa disparition et particulièrement après la découverte de sa sépulture.
Les princes Zénètes succédant aux Idrissides s’étaient efforcés d’abolir tous les souvenirs de leurs prédécesseurs et de faire disparaître les vestiges de Fès et avaient supprimé toutes les cérémonies instituées autour d’Idriss II.
Selon des historiens, le chef Zénète Moussa Ibn Abi Al Afia, semble avoir accrédité à l’époque dans une déclaration publique la conviction selon laquelle la mosquée «Chourafa» fondée par Idriss II et lieu originel de sa sépulture ne contenait plus le tombeau et que la dépouille d’Idriss II était enterrée au sanctuaire du mont Zarhoun, auprès de celle de son père.
Mais, plusieurs siècles après, (1437 JC/ 841 Hégire), on découvrit miraculeusement, alors que l’on examinait les bases d’un mur de l’enceinte en vue d’une réparation, le tombeau du Saint patron et aussi son corps intact en parfait état de conservation.
Trois notables viennent alors témoigner des faits qui furent consignés par une inscription en marbre blanc, près de la niche de prière, encore visible aujourd’hui.
Ce prodigue ranima aussitôt le culte tombé en désuétude et cet événement vint établir définitivement le charisme et la sainteté de Moulay Idriss II.
Depuis lors, la zaouiya ainsi que le quartier dans lequel elle se situe, ont été déclarés par décret Royal sacrés et inviolables. C’est le fameux horma, enceinte sacrée de Moulay Idriss. La petite mosquée «Achourafa» s’est prodigieusement transformée au cours des siècles en un grand édifice.
Les habitants de Fès travaillèrent gratuitement à l’édification du mausolée actuel et ce, à l’instigation notamment des sultans Alaouites Moulay Ismaïl et Moulay Abderrahmane.
Moulay Idriss devint depuis cette époque le chef de file des Saints vénérés à Fès et son sanctuaire n’a cessé d’attirer non seulement les Fassis, qui y viennent à maintes occasions (mariage, baptême, et autres événements marquants), mais également les habitants des régions lointaines, pour le visiter et solliciter sa bénédiction.