Naissance de SAR Lalla Khadija

Dites nous Najia Abadi, styliste : « Le caftan me donne de l'inspiration et des idées »

Un très beau défilé de mode a été organisé, mercredi 13 octobre, au foyer du Théâtre National Mohammed V avec la participation d'une pléiade de stylistes marocains, à savoir : Najia Abadi, Lahoucine Aît Al Mahdi, Samira Haddouchi, Nabil Dahani, Zahra Yaâg

15 Octobre 2004 À 15:17

Vous êtes diplômée de la Chambre Syndicale de la Haute Couture Parisienne, mais vous avez quand même su mettre à profit un véritable talent d'ingéniosité pour servir le subtil courant de la mode marocaine. Pourquoi ce choix de la tenue traditionnelle marocaine ?

Depuis que je suis au Maroc, il y a maintenant deux ans et demi, où je me suis installée d'une manière définitive, je n'arrête pas de créer à partir du caftan marocain. Une tenue où je trouve beaucoup d'inspiration et d'idées. Je fais aussi des robes tout en essayant de fusionner le traditionnel avec le moderne. Par exemple, des fois, je prends la robe avec une touche marocaine ou bien le contraire, le caftan avec une touche européenne. Donc, ceci donne un mélange très original que beaucoup de gens aiment. Mais, le caftan reste pour moi la tenue de prédilection. Il me donne plus d'excitation et de chaleur qu'une robe, car c'est un habit noble qui a de la classe.

Et pour le choix des tissus ?

Moi, je choisis toujours des tissus unis, c'est-à-dire des tissus nobles en soie, parce qu'ils me donnent plus de possibilités pour créer et plus de plaisir pour travailler. Par exemple si je prends un tissu imprimé ou avec trop de couleurs, ça ne me donne pas l'envie de l'exploiter, car le tissu parle de lui-même.

Quelle impression vous avez à chaque fois que vous participez à un défilé de mode ?

C'est comme si je devais accoucher à chaque fois. En effet, c'est un nouveau-né qui sort de mon atelier et auquel j'ai donné toute mon attention et tout mon temps pour mieux le recevoir. Donc, chaque défilé est un nouvel enfant pour moi, surtout que je fais ce métier par amour et je me donne à fond pour le réussir. C'est-à-dire que je n'attends pas de l'argent de ce travail.
Ce qui compte pour moi, c'est la création. Si je ne fais pas deux pièces par jour, je ne sens pas très bien dans ma peau.

Que pensez-vous de l'avenir du stylisme au Maroc ?

Le stylisme a beaucoup d'avenir dans notre pays, surtout si on veille à ne pas dénaturaliser notre tenue traditionnelle qu'est le caftan. Il faut garder et conserver l'image de notre habit marocain, c'est très important. Bien sûr, on peut faire des transformations seulement dans la structure, mais qu'elles soient partielles et non totales, c'est-à-dire quand on voit le travail final, il porte toujours le même nom : une djellaba est une djellaba, un caftan est un caftan et pas autre chose. Alors, on peut faire une djellaba courte pour la femme qui travaille avec des manches plus raccourcies, une petite capuche qui ne dérange pas. Puis, il faut faire des tenues que la femme peut exploiter plusieurs fois, car les habits traditionnels reviennent très chers.
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