Dites-nous Touria Bouabid, présidente de l'Association marocaine d'aide aux enfants en situation précaire : «L'opération Soleil 2004 destinée à pérenniser l'action de l'association»
L'Association marocaine d'aide aux enfants en situation précaire (AMESIP), reconnue d'utilité publique, organise pour la cinquième fois “ l'opération Soleil 2004 ” en partenariat avec Barid Al Maghrib du 8 mai au 30 juin. Selon la présidente d
LE MATIN
08 Mai 2004
À 20:39
C'est la cinquième opération Soleil que vous organisez. Les quatre autres opérations que vous ont-ils apporté ?
Les deux premières opérations se sont bien déroulées. Mais les deux dernières n'ont pas été un succès puisqu'il n'y a pas eu l'aide de tous. Les fonds que nous collectons viennent pérenniser l'action de l'association. Il faut justement des moyens pour mener à bout le fonctionnement de nos centres et en créer d'autres.
Qu'attendez-vous cette année de l'opération Soleil ?
Nous espérons avoir une grande participation de la part des grands et petits. On attend qu'un maximum de citoyens puissent aller à la poste pour retirer l'urne et la ramener pleine de pièces jaunes.
Quelle somme espérez-vous collecter cette année ?
Nous espérons faire comme ou un peu plus que la première année où nous avons pu collecter 370.000 dirhams.
Vous avez fait appel cette année à Sophia de Star Académie pour vous aider dans cette opération soleil 2004.
On a fait appel à Sophia car c'est une image emblématique pour la jeunesse. Elle a répondu immédiatement et spontanément pour venir en aide à ces enfants. Elle a fait des spots à la télévision et l'affiche pour dire à ces enfants qu'elle est là et que les grands se mobilisent aussi pour eux.
Vous comptez ouvrir des centres dans d'autres villes ?
Cette année, on va ouvrir le premier centre de désintoxication pour les enfants en situation précaire à Aïn Atiq en collaboration avec la wilaya de la région de Rabat Salé Zemmour Zaïr. Les locaux existent. Il suffit juste de les restaurer et de les équiper. Ce sera un sas pour récupérer tous les enfants qui restent encore dans les rues et n'arrivent pas à s'en sortir.
Ce centre est destiné à les soulager et à leur offrir au moins la possibilité de communiquer. Ce sont des mineurs, il faut les protéger. Il faut, en effet, accompagner les enfants abîmés par les drogues, les protéger et les aider à construire une autre vie. Dans ce centre, ils apprendront à lire et à écrire et pratiqueront leurs loisirs. Les enfants de nos centres sont avides d'apprendre. Ils deviennent heureux et pétillants et reprennent confiance en eux-mêmes.
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez au sein de l'association ?
Parmi les grandes difficultés que nous rencontrons figure la résistance de certains parents qui refusent qu'on aide leurs enfants. Quelques-uns veulent que leur enfant continue à mendier ou à faire des petits métiers qui ne lui apportent que mal-être et détresse.
Au niveau administratif et juridique, avez-vous des problèmes surtout qu'il y a des enfants qui passent la nuit au centre ?
Non, nous n'avons pas de problèmes à ce niveau par ce que nous sommes une association d'utilité publique. Nous ne sommes pas un orphelinat. On ne peut pas se permettre quand un enfant n'a pas de famille de le laisser dormir dans la rue. Dans les centres, il peut récupérer son énergie. Dès qu'il se sent bien, il parle de sa famille. 90 % de ces enfants ont des familles. Mais, lorsque l'enfant n'a plus de proches, on le ramène à l'orphelinat. Cependant, les orphelinats ont besoin que l'enfant soit scolarisé pour pouvoir l'accepter chez eux. Nous, nous remettons les enfants à niveau pour qu'ils reprennent l'école.
Quelles sont vos sources de financement ?
L'association fonctionne grâce à des opérations telles que Soleil, les cartes de vœu que les enfants réalisent, des opérations de collecte des denrées alimentaires, des galas au Maroc et à l'étranger (On organise des soirées de musique andalouse)… Nous avons aussi l'aide de coopération des ambassades. Quelques entreprises citoyennes nous aident également.
Vous élaborez des enquêtes sur le terrain ?
Un éducateur en milieu ouvert est en permanence dans la rue pour écouter les enfants et les convaincre. Il est là non pour les juger mais pour les comprendre. Il oriente ces enfants. Tout repose sur cet éducateur. C'est une enquête permanente que nous menons. Nous avons fait une enquête avant que l'association démarre pour savoir qui sont ces enfants et que veulent-ils.
Vous travaillez en collaboration avec d'autres associations qui ont le même intérêt que vous ?
Oui, nous travaillons avec les associations qui ont pour but d'aider les enfants en situation précaire. C'est dans l'intérêt de l'enfant qu'il faut travailler dans un réseau même s'il est virtuel car on n'est pas fédéré. Il nous arrive à titre d'exemple de trouver des enfants de Casablanca, on contacte, alors, l'Heure joyeuse ou Bayti. On leur demande également s'ils ont des enfants de Rabat.
On fait la même chose pour les autres villes. Au niveau international, nous avons un partenariat avec plusieurs organismes comme le Centre français de la protection de l'enfance, l'association Al Ousra à Lyon, Regard d'enfant en Belgique, le Rotary...