Douze Palestiniens et trois Israéliens tués : Journée sanglante dans la bande de Gaza
AFP
30 Septembre 2004
À 17:18
Douze Palestiniens, dont sept activistes, et trois Israéliens, dont un soldat, ont été tués jeudi dans le nord de la bande de Gaza, où l'armée israélienne opérait pour empêcher des tirs de roquettes sur Israël.
L'armée a intensifié ses opérations aux abords des localités palestiniennes de Jabaliya, Beit Lahya et Beit Hanoun, après la mort mercredi de deux enfants israéliens dans la chute d'une roquette artisanale Qassam tirée depuis la bande de Gaza sur Sdérot, une petite ville du sud d'Israël.
Avant l'aube, un soldat israélien et deux combattants du mouvement radical palestinien Hamas ont été tués dans une attaque à l'arme automatique et à la grenade menée contre une position militaire israélienne près de Beit Hanoun.
La branche militaire du Hamas a revendiqué l'attaque et indiqué dans un communiqué que deux de ses membres ont été tués dans cet accrochage.
Deux autres activistes, respectivement membres des mouvements radicaux Brigades des martyrs d'Al-Aqsa et Jihad islamique, ont ensuite été tués lors d'affrontements avec l'armée, cette fois près du camp de réfugiés de Jabaliya.
Un peu plus tard, deux Israéliens et deux activistes du Hamas ont péri lors d'une attaque palestinienne près de la colonie de Aléi Sinaï plus au nord.
Puis, quatre autres Palestiniens, dont un sexagénaire, ont trouvé la mort, quand des tireurs de l'armée postés sur des immeubles dominant le camp de Jabaliya ont ouvert le feu.
Toujours dans le même secteur, deux autres Palestiniens, dont un adolescent de 17 ans et un combattant ont à leur tour été abattus par les tirs de l'armée israélienne, qui ont aussi grièvement blessé un caméraman palestinien et fait 70 blessés.
Ces nouvelles morts portent à 4.373 le nombre de personnes tuées depuis le début de l'Intifada, fin septembre 2000, dont 3.349 Palestiniens et 953 Israéliens.
Les rues du camp de Jabaliya, où vivent plus de 100.000 réfugiés palestiniens dans des conditions misérables ressemblaient jeudi à un champ de bataille.
Des dizaines d'activistes de différents mouvements palestiniens, armés de fusils, de grenades et de lance-roquettes antichar ont pris position dans les allées, à l'abri des tirs de soldats israéliens postés sur les immeubles.
Des explosions sporadiques étaient entendues dans le camp alors que d'intenses échanges de tirs opposaient combattants palestiniens et militaires israéliens.
Au moins sept maisons ainsi que le mur d'enceinte d'une école gérée par l'agence de l'Onu pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) ont été détruits jeudi par l'armée israélienne.
Tous les hôpitaux de la bande de Gaza ont été placés en état d'alerte pour accueillir les blessés.
L'Autorité palestinienne a appelé à une intervention internationale pour mettre fin aux "massacres" israéliens. "Nous appelons le Conseil de sécurité de l'Onu, le Quartette, notamment les Etats-Unis, à intervenir immédiatement pour mettre fin aux massacres israéliens commis dans la bande de Gaza", a déclaré Nabil Abou Roudeina, conseiller du dirigeant palestinien Yasser Arafat.
En Israël, qui célébrait jeudi la fête juive de Souccot (Tabernacles), le Premier ministre Ariel Sharon, qui envisage d'évacuer l'armée et les colons de la bande de Gaza en 2005, procédait à des consultations sécuritaires intensives, a déclaré le porte-parole du gouvernement Avi Pazner.
Il a souligné que M. Sharon avait ordonné à ses interlocuteurs de "prendre toutes les mesures nécessaires pour stopper les tirs de roquettes Qassam".
Responsable de la plupart de ces tirs, le Hamas a pour sa part annoncé qu'il n'avait pas l'intention d'y mettre fin en dépit de l'offensive israélienne.
"Tirer des roquettes sur Sdérot est un acte de légitime défense contre l'agression (israélienne) contre notre peuple et si celle-ci cesse totalement, les moujahidine mettront fin aux tirs des roquettes" contre Israël, a déclaré dans un communiqué un haut responsable politique du Hamas, Saïd Siam.
Paris condamne les incursions
de l'armée israéliennes à Gaza
La France «condamne les incursions de l'armée israélienne dans la bande de Gaza» qui ont provoqué la mort d'au moins onze Palestiniens, dont trois enfants, a déclaré jeudi le quai d'Orsay.
La France «appelle une nouvelle fois les autorités israéliennes à la retenue et au dialogue pour faire cesser le cycle de la violence qui s'est ré-enclenché depuis plusieurs semaines» a ajouté la porte-parole adjointe du ministère français des Affaires étrangères, Cécile Pozzo di Borgo.
Onze Palestiniens, dont six activistes, et trois Israéliens, dont un soldat, ont été tués jeudi dans le nord de la bande de Gaza, où l'armée israélienne opérait pour empêcher des tirs de roquettes sur Israël.