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Entretien avec Boubeker Belkhora, Maire de Meknès : «Nous lançons de grands chantiers pour sortir Meknès de sa léthargie»

Suite à la tenue des Ateliers de consultations de la ville organisés à Meknès par le ministère de l'Aménagement du territoire de l'eau et de l'environnement, en collaboration avec le PNUD, l'ONU, l'Habitat et la ville de Meknès, «Le Matin» a voulu faire

09 Mai 2004 À 16:24

Un véritable challenge au succès duquel ont pris part, patiemment, laborieusement et avec conv iction, des acteurs locaux et nationaux, comme notamment Moncyef Fadili, coordonateur national du programme Agenda 21 local.

Le Matin : Vous avez suivi avec beaucoup d'attention les 2e ateliers de consultation de la ville de Meknès organisés par Agenda 21. Que pensez-vous de cette approche?

Boubeker Belkhora :
Je suis peut-être la personne qui croit le plus à ce projet, qui a débuté en 2002. Quand on associe, dans un travail collectif, l'ensemble des acteurs de la ville, quand les objectifs sont définis en toute transparence , on sait que le projet a toutes les chances de réussir.

Quant tous les partenaires, services de l'Etat, chercheurs de l'université, ONG secteur privé, en fait l'élite locale se met d'accord sur des problèmes qui concernent la cité, il y a une formidable synergie qui se crée. Cela nous rappelle les fondements de la chouraâ où tout le monde se met d'accord et c'est la meilleure manière d'éviter les erreurs et les dérives. Agenda 21 nous a donné l'occasion de réunir près d'un millier de participants et près de trois cent intervenants aux ateliers qui ont traité de problèmes qui intéressent tous les habitants de Meknès.

La gestion de l'eau au service du développement durable, la valorisation du patrimoine historique et les perspectives de développement, l'amélioration du cadre de vie et la promotion de la ville, comme pôle régional, sont autant de thèmes choisis par Agenda 21, qui sont au cœur des problèmes de la cité. Parmi les actions qui ont été listées, il y en a beaucoup qui nous intéressent. Agenda 21 a été un pretexte de dynamisation des énergies. Et il nous faut beaucoup d'énergie pour faire face aux problèmes de la ville et de ses défis.

Le profil environnemental de Meknès fait état des dysfonctionnements et des déficits, notamment en infrastructure de la ville de Meknès. Quels sont les chantiers qui vous avez lancé pendant votre nouveau mandat?

Les chantiers sont nombreux car nous avons souffert d'un héritage très lourd, en matière de pollution, de décharges, d'assainissement, de transport. Il faut traiter en même temps de tous ces problèmes. Avant de prendre des décisions, nous avons beaucoup réfléchi et nous avons adopté les conclusions d'Agenda 21.

Nous faisons nôtre, les recommandations des participants, notamment, en matière de lutte contre le gaspillage de l'eau et la préservation de la qualité de l'eau qui faisait la réputation de la ville de Meknès et de sa région. Les recommandations en matière de valorisation du patrimoine historique, qu'il soit culturel ou physique, sont également d'une grande actualité, tant notre patrimoine menace ruine.

Il y a aussi l'amélioration du cadre de vie – qui passe par la création d'équipements et de services de base urbain, qui nous concerne au plus haut degré. Avec Agenda 21, nous avons eu une remontée démocratique et nous sommes très heureux que les ONG , secteur privé, universitaires, élus locaux aient tous participé aux ateliers . Les projets dans lesquels nous commençons à investir vont dans ce sens, celui de l'amélioration du cadre urbain qui se détériorait au fil des ans.

Quels sont les chantiers que vous avez lancé ?

La ville a initié, avec les opérateurs économiques, un projet à hauteur de 5 millions de DH. La ville a cédé le terrain, et la société La Belle Vie nous donne un revenu de près de 3 millions de DH par an, pour exploiter un centre commercial. Ce projet nous permet de financer plusieurs actions sportives et sociales. Nous avons créé la fédération de quelques 170 associations et la fédération des donateurs. Nous travaillons sur des projets à caractère structurants, qui ont une durabilité et qui permettent à la fois des recettes fixes et des créations d'emplois.

Quel est l'état de la ville ?

Meknès a beaucoup souffert de la pression démographique. Elle a conu une véritable explosion démographique pour atteindre aujourd'hui plus de 540.000 habitants. Les industries agro-alimentaires et les industries textiles et de confection assurent la majorité des emplois et par leur caractère d'exportation , ces secteurs sont dépendants de la conjoncture internationale. Le secteur de l'agriculture va subir de plein fouet les conséquences de la globalisation. On se prépare à un flux plus important d'exode rural. Nous tentons d'anticiper le mouvement pour répondre aux demandes.

Comme dans toutes les grandes villes, Meknès a connu de gros problèmes en matière de transport. Les habitants de cette ville souffrent un véritable calvaire. Quelles sont les solutions que vous préconisez ?

Nous avons opté pour la concession, c'est-à-dire pour la privatisation totale des bus. Nous avons la décision du conseil et l'appel d'offres sera lancé incessamment. Nous devrions acquérir 110 bus neufs qui assureront un transport de qualité. Le projet sera concrétisé dans moins de deux mois. Nous avons initié un projet avec la Banque mondiale, qui nécessite 20 milliards de ct.

La ville s'était engagée à financer, à hauteur de 7 milliards, de cet ensemble de projets, tels que la réfection de monuments historiques, la création d'un complexe touristique, la restructuration et l'aménagement de la place Lahdim, en vue de décongestionner les artères de la ville et mettre en valeur cet espace historique.

Il y a aussi la restructuration de Bab Jdid, Bab Lakhmiss et Bab Bardiaine et la résolution de problèmes d'assainissement d'eau, et d'éclairage dans l'ancienne médina, ainsi que la refection des maisons menaçant ruine. Le projet est bien avancé mais nous navons pas encore l'aval du ministère des finances.

Chaque mois de retard a des conséquences dramatiques sur notre patrimoine, très atteint par le temps. En tant que ville, nous nous proposons de financer par nos propres fonds, à condition que les autres ministères de la culture et de l'habitat s'engagent avec nous. Nous croyons à la valeur de notre patrimoine historique qui est aussi un grand chantier fournisseur d'emplois.

A l'intérieur des murailles, il y a un avenir, nous luttons en ces temps de mondialisation, à la préservation de notre mémoire, de notre culture. La place Lahdim était notoirement connue, bien avant Jamaâ El Fna, nous voulons lui rendre sa vitalité. Toute notre équipe, qui est, aujourd'hui, extrêmement soudée, a envie de lancer une dynamique de soutien de notre wali.

Moulay Mehdi Alaoui nous écoute, nous soutient et veut faire avancer les choses pour sortir Meknès et sa région de la léthargie. Avec lui, nous allons avancer.
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