Entretien avec Fawzi Chaâbi, président fondateur de «La Nuit du Jamour» : «Les télévisions doivent collaborer avec nous pour mieux réussir cet évènement»
Initiateur du Prix «Jamour», Fawzi Chaâbi a créé cette manifestation pour primer les meilleurs programmes de l'année et instaurer une dynamique au sein de l'audiovisuel du Maroc. Fawzi Chaâbi nous a parlé de tout cela et de sa nouvelle fusion avec «Noujou
LE MATIN
13 Novembre 2004
À 22:24
Le Matin du Sahara : Nous savons tous que chaque projet a derrière lui des motivations bien précises. De ce fait, qu'est-ce qui vous a poussé à créer le «Jamour»?
Fawzi Chaâbi : En fait, çela a commencé à mijoter dans ma tête il y a environ cinq années, par une envie forte de rassembler un maximum de gens dans une ambiance de fête et de faire participer de nombreux artistes, puis de les voir réunis pour une bonne cause.
C'était mon premier sentiment avant de décider quoi que ce soit. La deuxième chose était le fait de constater à travers les programmes de nos deux chaînes de TV un décalage assez énorme entre la TVM et 2M. L'une qui utilise les recettes de la veille dans les programmes du lendemain en produisant de bons programmes et une autre chaîne nationale, très lésée, qui travaille avec un budget annuel et dont les ambitions sont beaucoup plus importantes que ce budget. Ce qui a entraîné une répercussion sur ses émissions.
Mais malgré cela, nous avons dans les deux chaînes des programmes excellents et d'autres qui ne sont pas, malheureusement à la hauteur par le fait qu'ils n'ont pas eu les moyens techniques et financiers adéquats. Donc, ma première pensée était de créer une manifestation pour déclarer ouvertement : voilà les meilleurs programmes de l'année pour récompenser ceux qui ont fait du bon travail et motiver les autres pour faire de même.
Quels sont les objectifs et les perspectives de cette consécration du «Jamour» et quel est son impact dans le paysage artistique et culturel de l'audiovisuel ?
Moi, je sens personnellement, au terme de cette quatrième édition, que les gens deviennent jaloux de leur «Jamour» et ont de plus en plus de considération pour lui. Je trouve que c'est un bon signe.
C'est vrai qu'il est encore tôt pour que le «Jamour» ait la valeur escomptée de ce Prix, mais il faut travailler dans cet objectif, c'est-à-dire arriver au fait que cette consécration devienne un jour un titre bien reconnu et respecté qui donne de l'importance à celui qui le reçoit.
En somme, un Prix aussi crédible que l' «Oscar» du cinéma, par exemple. Bien sûr, il faut de la patience et de la persévérance, mais on y arrivera un jour Inchallah. Nos deux télévisions doivent comprendre que nous travaillons dans ce sens pour arriver à des résultats meilleurs et pour encourager notre production nationale. Une chose est aussi primordiale pour la réussite de notre démarche et qui consiste à faire voter les gens.
C'est essentiel, car il faut aussi respecter le goût et les aspirations du public qui a son mot à dire, puisque c'est lui qui consomme. Alors, je saisis cette occasion pour remercier la presse nationale qui a eu l'amabilité de faire paraître le questionnaire sur ses colonnes.
Il est temps que les gens valident ce «Jamour» et choisissent eux aussi leur programme préféré. Il faut aussi que ce Prix devienne un objectif principal pour tous ceux qui travaillent ou produisent dans l'audiovisuel marocain.
Est-ce que le public a toujours été d'accord avec le choix du jury ?
Non pas toujours, car il ne comprend pas pourquoi tel programme n'a pas eu le «Jamour» et tel programme l'a eu. Ce n'est pas aussi simple de faire le choix, il y a beaucoup de critères qui entrent en jeu, financiers, de fond entre autres.
Avez-vous un soutien quelconque pour la réalisation de cet événement qui en est déjà à sa quatrième édition?
Non, jusqu'à maintenant je l'ai toujours financé moi-même, sauf que l'année dernière j'ai reçu une aide de l'ONMT et cette année de la télévision. Et je vous dis sincèrement que «La Nuit du Jamour» me revient assez cher, car déjà les «Jamours «coûtent beaucoup d'argent, ajoutez à cela le coût du plateau, du décor et les divers autres frais. C'est pour cette raison que j'ai cherché cette année un plateau moins consistant pour minimiser un peu la facture.
Mais, normalement les télévisions doivent collaborer dans ce genre de projets en versant chacune la même part que l'initiateur de l'événement. Chose qui ne se fait pas encore.
Qu'en est-il de ce partenariat avec «Noujoum Biladi»?
C'est vrai qu'on m'a imposé ce partenariat, mais, il faut dire que moi aussi je devais accepter, je n'avais pas le choix, puisque «Noujoum Biladi» a déjà eu une première édition.
Cela veut dire qu'ils ont été acceptés.
Donc, on ne pouvait pas faire le même projet à la même date et pour les mêmes bénéficiaires qui ne sont autres que les Radios et Télévisions marocaines. De ce fait, il fallait trancher devant le fait accompli qui est celui de faire une fusion entre «La Nuit du Jamour» et «Noujoum Biladi» pour une même manifestation annuelle. D'ailleurs, même les participants de l'audiovisuel ne peuvent pas se départager entre deux événements qui ont un but unique, et ne pourront pas être là et là. Le partenariat était la seule solution. Sauf que ces gens ne m'ont apporté aucun soutien, c'est moi qui ai tout fait pour cette édition.
On s'est juste mis d'accord pour que le jury de chaque organisme choisisse un élu de chaque catégorie et si on tombe sur la même personne ou le même programme, il y aura un seul «Jamour». Si, par contre, chacun de nous choisit un élu différent, il y aura un Prix pour chacun.
Moi, je comprends pourquoi les gens de la TVM ont tenu à faire " Noujoum Biladi ”. C'est parce que dans les premières éditions, 2M a presque raflé tous les «Jamours», alors ils ont cru qu'il y a eu de la triche de la part du jury.
Ce qui est faux, et ils ont vérifié cela. La preuve est que la plupart de ceux qui ont eu le «Jamour» à la 2M sont des ex-TVM. Cela veut dire que la TVM possède beaucoup de talents, mais n'arrive pas à leur donner la dimension qu'ils méritent, alors que 2M sait bien les mettre en valeur en leur octroyant les moyens financiers et techniques nécessaires. Sans oublier pour autant que la télévision nationale est la mère-TV et c'est l'école qui a formé plusieurs générations.
Comment se fait le choix des personnes à qui vous rendez un hommage ?
C'est le seul volet dont je m'occupe personnellement. J'ai pensé à donner ce travail à une commission, mais je me suis dit que cela créera des problèmes dans l'avenir pour le choix de l'éventuel élu. Alors, je me suis promis d'être intègre et de ne pas pencher pour telle ou telle personne parce que j'ai un sentiment envers elle, mais parce qu'elle mérite cet hommage.
Donc, c'est moi qui contacte la personne, ramasse les documents, les archives et les photos. Les critères de cet hommage consistent à ce que l'élu soit déjà en retraite et qu'il soit une potentialité qui a tant donné à ce pays.