Equipe nationale : La bonne graine de l'année 2004
En Tunisie, l'équipe marocaine de football était incontestablement la révélation de la Coupe d'Afrique des nations (CAN-2004) et ses performances plus qu'honorables ont défrayé la chronique et forcé l'admiration. La brillante prestation du Maroc lors de c
Sa défaite en finale contre la Tunisie sur un score étriqué (1-2) n'a nullement amoindri son mérite. Dans ce match où l'enjeu était de taille, la fraîcheur physique, l'avantage du terrain et du public, ainsi que la chance ont dit leur dernier mot. L'objectif de voir l'épilogue constituer le couronnement du brillant parcours du onze marocain n'a pas été atteint. Malgré tout, le bilan est positif dans l'ensemble. La fatigue, la malchance, les blessures et l'inexpérience de certains joueurs ont été un handicap. En finale, ce n'était pas le pot de fer contre le pot de terre. La bataille était serrée et les erreurs individuelles ont influé négativement sur le moral des joueurs et le rendement habituel de l'équipe.
Le monde footbalistique a découvert en Tunisie des stars marocaines ayant fait montre de générosité, de virtuosité et de savoir-faire au sein d'une équipe marocaine disposant d'une défense solide animée par l'inoxydable Noureddine Naybet, d'un milieu de terrain créatif et d'une attaque percutante.
Le coach Badou Zaki, Ballon d'Or africain en 1986, assisté de son adjoint Naciri, a mis au point une équipe performante et entreprenante constituée d'un amalgame de jeunes talentueux et de vétérans chevronnés. Après leur qualification, les «Lions de l'Atlas», le pied à l'étrier, étaient conscients de la tâche qui les attendait.
Gardant leur vigilance en éveil et en rangs serrés, le onze marocain, évoluant comme un rouleau compresseur, a battu l'Algérie par trois buts à un en quarts de finale et le Mali 4-0 en demi-finales, en faisant preuve d'intelligence, de maîtrise, de bonne contenance, de vaillance, de combativité et d'endurance.
Le spectacle était inédit et les qualités des joueurs étaient inégalables.
Mission accomplie
Avant la finale, le jour «J» ou le derby maghrébin, l'actif du onze marocain prenait largement le dessus sur le passif. L'équipe a marqué treize buts et n'en a encaissé que deux contre l'Algérie et l'Afrique du Sud.
En Tunisie, les joueurs marocains ont mouillé vaillamment le maillot et tapé dans l'œil des observateurs. L'équipe a fait oublier les performances en dents de scie du onze marocain lors de la CAN 2002 au Mali. Elle est devenue l'équipe à battre. Son fond de jeu individuel et collectif était attachant et plaisant. Ses joueurs étaient suivis par leurs adversaires sur le terrain comme leur ombre. C'est une parfaite illustration du retour en force du football marocain sur la scène africaine.
Les médias nationaux et internationaux ainsi que le public marocain ont loué les prestations des joueurs de l'équipe nationale, chaleureusement félicités par S.M. le Roi Mohammed VI et décorés des Ouissams Royaux après leur retour au pays.
L'inoubliable performance des «Lions de l'Atlas» démontre que le Maroc est une nation de football, que son réservoir est inépuisable et surtout que ce sport populaire ne meurt jamais d'inanition ou de carence en jeunes prodiges.
On se souvient toujours de cette image des joueurs marocains, visages baignés de sueur, qui chantaient et gambadaient de joie dans une ambiance bon enfant.
On n'oublie pas également l'accueil chaleureux réservé à l'équipe nationale par le peuple marocain qui a suivi avec fierté le parcours de ses préférés.
Toute l'équipe s'est acquittée convenablement de sa mission en Tunisie. Des jeunes ont réussi leur baptême de feu (Chammakh, Zaïri, Hajji, Mokhtari, Kaissi...) et les vétérans n'ont pas déçu (Naybet, Ouaddou, Safri, Karkouri, Régragui...) Toutefois, pour bien des observateurs, il s'avère nécessaire de tirer les enseignements qui s'imposent et tirer profit des expériences pour éviter les faux-pas et remédier à l'irrégularité des résultats et à l'inconstance du rendement des équipes nationales de football qui passent par des hauts et des bas depuis des décennies.
On assiste, malheureusement, à ce cycle apogée-décadence du football marocain qui s'apparente à des civilisations qui naissent, prennent leur essor pour, par la suite, s'éclipser. Les grandes équipes marocaines apparaissent et disparaissent et passent alternativement par des crises ou des passages à vide qui durent plusieurs années. C'était le phénix qui renaît de ses cendres.
Les observateurs constatent qu'on a semé la bonne graine en Tunisie. Et pour inscrire le rendement de l'équipe dans la continuité, il ne faut pas dormir sur les lauriers. La découverte de nouveaux jeunes talents, à l'intérieur et à l'extérieur du pays, ne manque pas de donner à l'équipe une assise solide au diapason de l'évolution et des mutations que connaît le football à l'échelle mondiale.
Après l'épopée de la Tunisie et lors des éliminatoires des Coupes du monde et d'Afrique des nations 2006, la prestation des «Lions de l'Atlas» contre «Les Aigles de Carthage» à Rabat, en septembre dernier, était en deçà des espérances et du potentiel dont ils disposent. Les héros marocains étaient un peu fatigués. Ils ont arraché le nul et raté plusieurs occasions de scorer.
La parfaite connaissance du football marocain par des techniciens tunisiens et surtout du coach français Roger Lemerre et de son adjoint Nabil Maâloul ainsi que la baisse de forme de plusieurs joueurs marocains, ont tourné à l'avantage des Tunisiens qui étaient parvenus à tenir en échec les Lions de l'Atlas à domicile (1-1) et remonter, ainsi, la pente après leur défaite à Conakry face à la Guinée ( 2-1).
Lors du match aller Maroc-Tunisie, le staff technique tunisien était très prudent en optant pour une tactique ultra-défensive, le marquage, la fermeture des espaces et les contres en comptant sur le métier et la vélocité du Brésilien Dos Santos qui ne rate que rarement les occasions. Le dernier derby maroco-tunisien a mis la puce à l'oreille du sélectionneur national, Badou Zaki, qui a fait appel à de nouveaux talents pour enrichir l'effectif et parer à toute éventualité.
Contre le Burkina Faso en match amical, en novembre dernier, Zaki a testé plusieurs joueurs professionnels et locaux qui ont démontré que le vivier marocain est intarissable. Signe de bon augure. Les jeunes n'ont besoin que de l'espace (terrains vagues ou aires de jeu) et du temps (adoption d'un horaire continu dans les établissements d'enseignement par exemple) pour donner la mesure de leur talent.
La voie est balisée et l'année 2005 s'annonce sous de meilleurs auspices.
La qualification pour les phases finales de la CAN et du Mondial 2006 est dans les cordes des nôtres.